12.4.2023 J'étudie depuis peu le domaine du travail du cuir (et donc les soins), car je compte teindre quelques pièces en cuve d'indigo pendant ma semaine de teintures végétales. En outre, je prévois dès que possible une quinzaine du cuir, où j'apprendrai à réparer mes propres sacs (et chaussures?). Résumé des recettes de savon et baume cuir.
J'ai retrouvé au grenier un stock de cuir que j'avais achetés du temps où j'étudiais la reliure. J'aimerais expérimenter les teintures, en particulier l'indigo, sur les morceaux plus clairs. J'en ferai soit une couverture de livre, soit un petit objet d'art. Plus tard, je suivrai quelques blogs et vidéos pour apprendre les bases du travail du cuir, dont j'ai besoin pour les réparations et pour la reliure en cuir (mon blog "Pénélopages" a disparu, je le relancerai quand je reprendrai la reliure).
NB 2024: ce qui fut fait, lors de cette quinzaine du cuir en juin.
Avant de m'y lancer, j'investigue un peu sur le sujet: achat, soin, couture, etc. Je ne connais par exemple des bases de soin que celles que j'ai apprises en équitation, pour traiter les selles, les rènes, etc. Voir la procédure de base
J'ai zoné sur le net et me suis décidée pour le forum leatherworker, où des pros semblent intervenir. J'ai choisi parmi les youtubeurs deux intervenants à suivre, dont l'un est français: Eric Deneken - raison pour laquelle je le relaye au principal (l'autre est Corter Leather, EN).
NB. Je me fie pour ces pratiques à l'expérience de pros du cuir sur de longues années. Si l'on grattouille un peu la littérature, on trouvera des conseils de conservation en musée assez différents: https://www.canada.ca/fr/institut-conservation/services/publications-conservation-preservation/notes-institut-canadien-conservation/soin-cuirs-tannage-vegetal-mineral.html. Je garde ça pour les musées...
J'ai démonté des jambières en daim pour en faire des sacs avec poches appliquées, le projet est le suivant: il faudra nettoyer, sans teindre. Je ne souhaite pas faire disparaître le souvenir de cavalier, ça me facilitera le travail. Je vais tenter la couture machine domestique, avec une bonne aiguille en cuir, une pression "tissu épais" et un rythme lent, pour pouvoir contrôler.
dos:
Je le dirai mille fois, j'aime garder les cicatrices d'une vie, j'aime les traces et les failles. Du moment que l'objet n'en est pas fragilisé pour l'usage...
Je commence par me faire deux produits: le savon cuir et la crème cuir. J'en ai encore un peu dans mon bac à cirage, datant de mes années "Cheval toi-même" (titre d'un livre que je comptais tirer de mes pérégrinations avec mon petit Ulysse).
On lave typiquement les cuirs sales avec un "savon glycériné", acheté en sellerie (+- 24€ le kilo).
Pour laver du cuir sale, il faudrait utiliser trop d'eau savonnée, qui abîmerait le cuir. On ajoute donc au savon "de selle" des corps gras qui renourrissent au passage. Un savon ordinaire niquerait toutes les graisses du cuir, le rendrait sec et cassant. Il faut qu'il vive encore, même après sa mort ;)
Il faut retenir: éliminer les saletés (donc laver soit eau soit savon) et nourrir, mais sans gaver. A force de cirer, on va attirer les saletés!
Je pourrais laver les cuirs très salis, ou un peu cartonnés, avec du savon de Marseille à l'ancienne, celui que j'utilise en buanderie, car il contient naturellement de la glycérine. Cette dernière est formée par le procédé de fabrication, résidu des graisses utilisées, à mon souvenir. Son défaut? Un peu alcalin. Mais à ce que j'apprends, les cuirs s'acidifient avec le temps... Cela ne peut faire de mal. Par ailleurs, on ne laisse pas tremper le cuir, on le frotte au savon puis on essuie. Je ferai ce test sur de vieux bouts de cuir de récup'.
Nettoyage léger au savon de marseille réel: j'achète celui de la droguerie Le Lion (en attendant de faire le mien en été). Quand le cuir de chaussures est très taché, je dissous dans de l'eau chaude un peu de savon de marseille, un peu de cristaux de soude (très peu). Je trempe un linge dans ce mélange. J'essore le plus fort possible. Je nettoye les chaussures avec ce linge, en le rinçant et le retrempant/essorant souvent.
J'ai conservé à l'obscurité et au sec mes objets d'équitation en cuir (chapeau, jambières, bottines, selle, etc.) ainsi que des peaux achetées pour reliure et des vieux sacs de cuir, donnés par des copines. Seuls les vieux sacs passeront au savon glycériné (maison), pour tenter d'ôter de vilaines taches. Les matériels d'équitation sont peu abîmés, peu encrassés, à part quelques exceptions. J'ai aussi acheté chez Emmaüs deux vestes de cuir (beau cuir, relativement bien conservé: j'ai payé des clopinettes).
Après que l'une de ces vestes a été portée 3 ans quasi non-stop, elle mérite un petit coup de neuf. Une partie est grisée, un peu élimée. Une couture se défait. Cirer en noir ne suffit pas, ça s'estompe vite. Je vais dévernir ce qu'il reste, avec de l'alcool (plutôt que le deglazer de la marque, qui coûte cher). Puis je teindrai (teinture à l'alcool), le fil de couture noircira aussi j'espère. Dès que c'est sec, je masserai à la main avec mon regénérateur maison.
La recette de savon pour cuir trouvée sur Leatherworker, telle que partagée par un pro: avec cire d'abeille pour rendre imperméable et fermer les pores du cuir, avec huile de pied de boeuf pour renourrir le cuir de graisse (ou pour simuler la glycérine naturelle du vrai savon de Marseille?):
Tout se fond au bain-marie et refroidit en crème. Dans mon premier test, le résultat était à un pH de 8.5, j'ai rajouté du vinaigre (1 cuill. s.) jusqu'à un pH neutre. Au passage, le vinaigre à émulsionné la sauce, j'avais donc une crème.
J'ai testé sur des lanières de jambières, hypercartonnées, très sales: à gauche l'original, à droite sa soeur traitée avec le savon maison, puis enduite d'huile de pied de boeuf:
Y a plus qu'à la tester chez des amis dont les ânes ont des licols durcis à l'extrême. On s'y met ce week-end. Suspense!
NB fin juin: une merveille! le carton durci est redevenu souple, vieux mais souple.
L'huile des pieds de boeuf (des "jambes", pas des sabots des bovins) reste liquide-visqueuse à température ambiante (pour des raisons de physiologie bovine). La cire d'abeille est solide. Voilà pourquoi il faut les faire fondre et/ou les mélanger à chaud.
En sellerie, on peut se contenter du savon glycériné ou de cette recette car, en nettoyant, elle nourrit aussi le cuir. Pas besoin d'ajouter de crèmes après ce traitement, la plupart du temps. L'huile de pied de boeuf, en particulier, est hypernourrissante, la cire d'abeille protectrice.
Quand il y des taches de gras (ça arrive en cuisine...), on dit d''étaler de la terre de Sommières, de frotter longtemps. Cette technique si efficace sur mes tissus n'a rien donné sur le cuir type daim de mes chaussures.
A la rigueur on peut utiliser de l'acétone (source info: la marque Sofolk - https://www.renovation-du-cuir.fr/informations/faq-degraisser-cuir_35.html: "L'acétone est un dissolvant très efficace. Il permettra de bien dégraisser (tâches de sébum, pollution ménagère), mais également de supprimer certains produits indésirables que vous-mêmes ou une autre personne aurait pu appliquer. "). Défaut: décolore. Pourquoi pas de l'essence de térébenthine, comme je l'emploie pour dégraisser du bois? elle contient encore un fond de résine, qui pourrait nourrir le cuir.. A investiguer.
On peut aussi poncer le cuir, on le sait peu. On perd un peu de la fleur, mais on peut éliminer de très vilaines taches ainsi. Il faut bien sûr teindre ensuite.
Il me reste du cuir qui a trainé au grenier, victime de taches de moisi (?), petites taches blanches rondes. Le savon maison: pas d'effet. Eau vinaigrée: idem. Vinaigre pur: idem. Je peux faire des tests: c'est une vieille jupe en cuir du temps où je jouais les petites chefs d'entreprise, jupe que j'ai démontée plutôt que de la jeter. Si quelqu'un a une idée?
J'utilisais de l'huile PB de la marque Trimadel, achetée en sellerie proche de chez moi (fabrication Franche Comté). Pot quasi terminé. Je viens d'acheter de l'huile PB de la marque Starwax (en GB-bricos en Belgique), fabrication près de Lille, sources bovines françaises. Leur MSDS sheet est assez floue, hélas, on ne sait ce qu'ils rajoutent. Leur HPB est liquide; or elle doit être visqueuse, collante pour être de la véritable HPB. Vu que leurs pubs prennent les gens pour des idiots (surfant sur la mode du "naturel"), je doute encore plus. Par souci d'honnêteté, je vais les appeler pour vérifier. Tant qu'à faire, ne soyons pas plus catholique que la prochaine papesse, je vide les bouteilles Starwax.
Les deux marques: autour de 40€ le kilo (on n'a besoin que d'un quart de litre à tout casser, car on en utilise si peu; mais je compare en général le prix au litre/kg ).
En anglais, cherchez sur: "neatsfoot oil" - "neat" étant un terme ancien pour "bétail" (https://www.britannica.com/topic/neats-foot-oil); et vérifiez les MSDS, car souvent on vend sous ce nom des mélanges d'huiles minérales. Surtout sur les boutiques genre ma zone.>
Pitch. Ma recette de savon de sellerie pour les objets très tachés: 1/4l eau chaude, 1 cuill. c. cristaux de soude, 30ml HPB, 30g cire fondue, 30g savon de Marseille original râpé, 1 cuill. c. de liquide vaisselle, 1 cuill. c. de vinaigre blanc.
Pour les articles de maroquinerie ou de sellerie/bourrellerie, on ne parle pas de cirage, mais de baume ou crème d'entretien. Couleur neutre. L'huile de pied de boeuf seule est utilisée, parcimonieusement, et rarement, pour renourrir à coeur lorsque le cuir a besoin d'une sérieuse rénovation, après nettoyage. Les cas où c'est utile sont rares: il s'agira plutôt de rénovations d'objets qu'on a oubliés dehors ou dans le grenier longtemps.
J'ai retenu de mes lectures récentes qu'il convient d'huiler un vieux cuir qu'on retravaille avant d'agir, sinon il gardera des traces des manipulations.
Le savon glycériné est utilisé pour nettoyer des objets trop sales pour être lavés par un simple coup d'éponge. Plus souvent, on est face au cas où il faut simplement protéger le cuir des intempéries et accidents de la vie. On emploie alors un baume de soin.
Je crème mes sacs en cuir deux fois par an; en sellerie, j'entretenais la selle et les rènes une fois par mois: nettoyage au savon glycériné si sales, au linge essoré sinon; puis *si besoin* crème de soin . Cela s'évaluait au pif.
J'ai encore en stock de la crème de marque Leovet (un véto équinallemand - "Ce produit est composé d'ingrédients naturels comme l'huile de ricin, la lanoline, la cire d'abeille", etc.), qui dure depuis des années chez moi. C'est pour le plaisir de se reconnecter aux traditions que je voudrais refaire du baume ici. En essayant de revenir aux essentiels, tout comme en démaquillage on peut utiliser du ... lait de vache, tout simplement (source des termes : "lait démaquillant", n'est-ce pas?).
Comment faire son propre baume? Il faut :
C'est typique de nos temps modernes compliqués et victimes de mode. Sur le forum Leatherworker, une danoise transcrit une recette trouvée dans un ancien manuel de bourrelier: huile de pied de boeuf et suif, et point.
On trouve de nombreuses recettes sur le forum Leatherworker.net, recettes dont je peux mettre la composition en regard des produits du marché: on y trouve beaucoup d'huile de coco ou soja, de ricin, de cire d'abeille, beurre de karité, parfois d'huiles minérales, de lanoline, etc. Je testerai la recette indiquée ci-dessous, car je ne vois pas l'intérêt de rajouter des huiles végétale ou même minérales à un produit animal, si ce n'est par croyance en la puissance du végé. J'ai un vague soupçon que l'huile de ricin a sa place ici, pour diverses propriétés spécifiques (pénétration, etc.)
L'auteur de la recette en question y est arrivé après de longs tests avec ces produits suscités: il revient au boeuf, c'est logique. Mon coeur écolo saigne de devoir faire voyager tous ces produits exotiques alors que j'ai l'équivalent en local sous la main, qui en outre fait vivre des exploitants agricoles proches. L'huile de coco tient le pompon de la mode, comme en nutrition (mon métier): elle est survantée, mais chère et voyage beaucoup. Et enfin, pour l'huile de soja en particulier, je m'en voudrais de soutenir par mes achats une filière agricole qui est une des toutes grandes impostures de notre temps.
Je ne connais rien au comportement de l'huile de ricin, souvent prônée dans ces recettes - sauf ce que j'en lis ici: "castor oil has this specifiticy of a remarkable uniformity, with about 90% of the fatty acid chains of the triglyceride composed of ricinoleic acid, a natural fatty acid behaving a hydroxyle group, which is a unique feature in vegetal oils". En gros: avantage d'être émollient, lubrifiant, mouillant. Sa composition ne me dit rien, puisque je ne connais pas les capacités de l'acide ricinoléique. Tant que je n'ai pas compris avec l'aide d'un pro, j'éviterai. Rayon ricin, j'utilise avec bonheur au potager le tourteau de ricin comme engrais et comme répulsif de rongeurs (je peux enfin manger toute ma récolte de pommes de terre et ne plus en partager la moitié avec eux!). C'est la seule chose que j'en connais.
Je n'utiliserai pas de paraffine, que je vois dans certaines recettes (et que l'on repère dans la crème de soin de sellerie qu'on vend chez Décathlon), car on risque des traînées blanchâtres sur le cuir après. Et puis, une écolo cherche des solutions hors dérivés du pétrole; et locales si possible.
Les produits Fiebing's et autres contiennent des huiles minérales pour des raisons budgétaires ( moins chères mais dont je n'ai que faire dans un produit fait maison; elles sont aussi issues de l'industrie pétrolière, à ma connaissance).
Je n'utilise pas d'huile d'olive sur le cuir, celle qu'emploient tant de hobbyistes, car sa composition fait qu'elle laissera un effet poisseux en surface (et donc attirant les taches et les poussières). Dire qu'en traitement du bois, certains influenceurs osent proposer aussi de l'huile d'olive!
A la limite, de l'huile de lin? Quoiqu'elle risque de devenir cassante après maturation, vu sa nature à devenir un "vernis".
Pour une idée des proportions, Eric Deneken vend entre autres un baume de sa fabrication: Cire d’abeille, Huile de ricin , Beurre de karité , Huile de coco, Lanoline; ainsi que les produits Fiebing's. Il partageait sur sa chaine YT une recette (soin de la tranche/ soin du cuir, en pourcentage) - Proche à quelques virgules près de ce qu'on trouve chez d'autres pros du cuir.:
Si je veux m'en inspirer, je n'inclurais pas de l'huile de coco, si exotique pour une écolo. En outre Scottwolf, si pointu dans ses expérimentations sur leatherworker, indique que la coco noircit les cuirs avec le temps. Je ne prends pas de risques. Beurre de karité: pourquoi pas de l'huile de pied de boeuf? Lanoline: je voudrais comprendre ce qu'elle apporte de plus. On peut en acheter, mais on peut aussi la récupérer lorsqu'on nettoye des toisons, avant que la température ne tombe en-dessous de 40°C (la lanoline se redépose alors sur la fibre, et ne s'en séparera plus, je ne comprends pas pourquoi).
Je vais relire le formidable livre (quasi encyclopédique) d'Ulrike Bogdan que j'avais acheté il y a 20 ans en pdf: von Fasern, Farben und Faeden . Hélas en allemand, donc réservé aux snobs de mon acabit ;) Payer 20€ pour une telle masse d'informations fiables, voilà qui devient rare et respectable (à l'heure où des touristes, excellents artisans par ailleurs, mais ni écrivains ni pédagogues ni chercheurs, vendent leurs livres à près de 50€!).
Télécharger la table des matières chez https://nemo-ignorat.typepad.com, le blog de Bogdan.
Elle anime aussi un groupe fb en allemand: Naturfarben auf Baumwolle und Leinen
Sur lanoline:
Lanoline: si je n'avais que cela, sous la main... Mais j'ai du suif, du saindoux, de l'huile de pied de boeuf, qui me semblent plus adéquats dans le contexte de peaux de bovins; tout comme me semble cohérent le suif que j'ai produit moi-même avec le gras de boeuf que m'a donné le fermier. Du gras de boeuf en biodynamie: le grand luxe! J'ajouterai de la cire d'abeille pour rester dans le même règne, et pour son effet antioxydant (antirancissement, semble-t-il - je publierai les sources des études plus tard).
Je ferai fondre à feu doux pour amalgamer, je ferai solidifier dans des petits bacs en carton de récup'. Ceci devrait ressembler à un bloc, à frotter sur le cuir.
NB Le lendemain: j'ai testé, c'est en effet bien dur. Finalement, je préfère garder séparés l'HPB et la cire, ce qui me permet de jouer de l'une ou de l'autre selon les circonstances. HPB quand je dois vraiment assouplir un cuir trop sec. Crème HPB et suif tous les trimestres, après lavage au savon glycériné quand très sale. Cire simple pour imperméabiliser (intempéries). S'il y a de l'HPB partout, ça risque de sursaturer tous les cuirs, non?
1= crème de soin nr 1 30g d'huile de pied de boeuf - abrégé HPB - et 30g de suif ou saindoux (fait maison,source Ardennes), dilué dans un peu d'essence de térébenthine si trop dur
crème de soin nr 2, que je préfère finalement pour le résultat au toucher (recette issue du blog de James Berry https://lefrenchcrafter.com/blog) : 2 vol huile PB, 1 vol de cire d'abeille
2 = cirage chaussures = 1 vol cire d'abeille fondue, 1 volume d'essence de térébenthine, 1 volume d'huile de lin, c'est la même recette que pour mes meubles. Quand le mélange durcit, malgré la conservation en pot fermé, je refais fondre et j'ajoute de la térébenthine.
3 =savon de sellerie pour les objets très tachés: 1/4l eau chaude, 1 cuill. c. cristaux de soude, 30ml HPB, 30g cire fondue, 30g savon de Marseille original râpé, 1 cuill. c. de liquide vaisselle, 1 cuill. c. de vinaigre blanc.
Mon cirage maison nr 2 est incolore. Je n'ai quasi jamais ciré mes très vieilles chaussures Arche cuir lisse avec du cirage coloré, elles sont encore pas mal, cirées avec l'incolore . Ce qui justifie le prix d'achat (en 2023 plus de 200€ la paire). Le cuir ET la teinture sont de qualité. J'ai des chaussures Arche qui datent de 2000 et qui sont encore très portables (pas pour une soirée, bien sûr...). Or, je suis peu soigneuse, sauf quand j'écris des billets sur le sujet et quand je me rappelle que le cuir vit et que je dois le nourrir.
Pour faire pénétrer de la crème dans le cuir, je masse à main nue, ce qui est une procédure très agréable.Si mon mélange est trop dur, soit je le réchauffe et j'ajoute un peu de térébenthine (ou je le reformule, c'est tout simple), soit je chauffe à distance avec un sèche-cheveux à basse température quelques instants (à 40cm). Attention: cette dernière technique change le ton du cuir, et même sa réactivité.
Voilà exposée ci-dessus ma réponse à tous les passionnés de chaussures et de blousons qui crachottent leur venin sur "les recettes de grand mère". Vous savez ce qu'elle vous dit, la grand-mère? Je sais que le net pousse à la crédulité, mais nous ne sommes pas tous des perdreaux de l'année, voyons!
Lorsque j'ai acheté mon petit cheval en 2010, j'ai appris à soigner le cuir au cours d'un stage à Fontainebleau, dans une écurie de loisir. J'avais demandé de passer une semaine entière chez eux, pour apprendre tous les gestes de soins aux chevaux.
Ce que j'ai retenu et pratiqué: se procurer petite brosse dure, torchon, savon glycériné (achat en sellerie ou voir ma recette maison), huile de pied de boeuf (achat en sellerie, attention aux contrefaçons), crème de soin (s'achète aussi en sellerie, exemple la marque Leovet allemande ou
voir ma recette expérimentale), prévoir le matériel de cirage habituel comme brosses et chiffons.
Pour des cuirs sales: gratter au couteau les boues, éliminer le plus gros; nettoyer au savon glycériné et à l'eau; rincer au torchon mouillé bien essoré, soigneusement - sans jamais imbiber; refaire deux fois si très sale (juger à la couleur du torchon...). Laisser sécher hors soleil, hors chaleur (surtout pas radiateur). Pas besoin d'imbiber d'eau, le savon comme ci-dessus suffit. Si le cuir reste trop sec, voir la suite.
Pour des cuirs séchés, cartonnés: idem ci-dessus, procédure au savon glycériné. Quand c'est sec (après 24 heures), masser de l'huile de pied de boeuf (HPB) véritable dans le cuir - sans saturer. Juste nourrir, délicatement. Le cuir reprendra sa souplesse assez vite.
S'il reste terne, ne pas rajouter de l'HPB, c'est normal, on a juste renourri le cuir si j'ai bien compris. Si on veut lustrer et protéger, utiliser la crème de soin, équivalent du cirage: oindre, masser à la main ou au linge de coton comme on cire des chaussurres. Laisser pénétrer quelques heures, puis brosser à la brosse douce. Puis lustrer au chiffon. Je termine la dernière passe avec de vieux bas nylon, quand je veux que ça brille. Qu'on voie que j'ai bossé, enfin...