12.2.2022 Il me faut encore tester les noirs en teinture, ce que je n’ai jamais fait. Il est temps si je veux disposer d’une belle panoplie !
Entre autres pour la soie : je file en multiséquences, alternant les couleurs de rubans pour un fil multicoloré aléatoire. J’ai besoin d’un noir ou anthracite pour trancher par moments.
Je commence le test par de la laine filée main.
L'occasion s'est présentée en voyant un billet de Michel Garcia sur fb, relatant un stage où ils ont testé le noir par superposition de garance et gaude sur un indigo très foncé.
Je relis au passage un article de Mickly Schoelzke, qui explique le contexte, ce qui m'évite de le faire: Du noir en teinture végétale, partie 1
et Du noir en teinture végétale, partie 2 (mai 2018).
Je teste une recette de noir de campêche (source inconnue : un bout de papier qui traîne dans un de mes tiroirs, pardon à l’auteur) : 50% de campêche, 5% de sulfate de fer, 10% de noix de galles. J’ai omis les 4% de cuivre de la recette originale.
Je laisse frémir 45 minutes, je filtre, je teins un écheveau de BFL non mordancé de 100g. Je n’utilise la campêche qu’avec 50% d’écorces de bouleau pour le rendre stable (sinon fugitif lumière : il devient brun clair) ou avec fer ou cuivre (qui rendent le ton aussi stable).
Le BFL qui oscillait entre beige et gris clair (la toison est multicouleur, un enchantement), non mordancé, est devenu un très beau gris antracite profond.
J’ajoute un petit bout de ruban de soie blanc, mordancée alun 8 et CT 3 et 50g de BFL mordancé, qui après 45minutes à 70°C, est devenu pervenche œil de mauve fort. Mais pas noir. La soie : bleu mauve très foncé. Pas noir. J'avais peut être épuisé le bain au stade précédent?
Ferai plus sur la soie car je viens de la filer : très difficile, elle est devenue cassante. Michel Garcia conseille d’utiliser pour la soie de l’acétate de fer plutôt que du sulfate, acétate qui abîmerait moins la soie (conseil de Vitalis).
Pour faire de l’acétate : 100ml de vinaigre, 10g de sulfate de fer, 5g de chaux aérienne. A ma question, Michel répond qu’il faut absolument la base pour se débarrasser de la partie sulfate. Au passage , mille fois merci à Garcia d’être si généreux dans ses conseils. Sur le net, on ne trouve comme source d'acétate que la soupe de clous: laisser macérer 5 jours 1 verre de vinaigre et des clous rouillés - recette que j'ai retrouvée dans le livre 1 de Garcia (Couleurs végétales).
Etape suivante : un noir d’indigo/garance / gaude. Je ferai un bleu très foncé, puis je teindrai en monobain acide de garance et en bouillon classique de gaude. J’apprends à l’instant sur le compte fb de MG que je dois neutraliser la fibre après le bain d’indigo dans un bain de son de blé, qui va éliminer les quelques molécules mal fixées et va acidifier la fibre.
Autre solution : indigo très foncé, puis extraction alcaline de garance (une cuve qui traîne, j'en ai toujours lors de mes semaines d'atelier de teintures - technique médiatisée par Jenny Dean). Le seul souci : je devrai attendre 2 jours que la couleur monte puisqu’on est à froid.
Dernière solution, que j’utiliserai pour la soie (qui ne réagit pas en monobain acide, je crois) : indigo très foncé, neutralisation, aluner (au pif : entre mes 8% classiques ou les 24% de Janot, peu nous chaut puisque c’est surtout la densité de bleu de l’indigo qui fera le noir, je pense), garance, gaude.
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