Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures
  

Les semis en bouteilles, la serre du fauché

J'amorce un petit jardin tinctorial conjoint à un potager. En biodynamie, ascendant permaculture. Dossier Petit à petit l'oiseau fait son nid, pages 13a

Ou plus précisément "les semis en bouteilles de récup' expliqués à ma fille". Julia habite près de Montauban et souhaite cultiver des aromates dans une part de potager qu'elle reçoit à prêter. Une grande première pour elle.

Les semis en bouteille ressemblent à ceci:


image blog providentliving
 

Je profite de mon projet de jardin tinctorial/potager pour résumer cette nouvelle pratique. Je n'envisage pas d'utiliser une serre ou un tunnel pour des raisons de précocité de récolte, mais j'ai besoin d'un système pour que les oiseaux et les limaces ne prélèvent pas toute ma récolte avant qu'elle ne pousse. Sans parler du fait qu'on peut perdre de jeunes et tendres plantules en terre si la grêle ou un pluie très drue surviennent.

D'autre part, le potager partagé se trouve à quelques kilomètres, je n'y vais pas tous les jours. Or, en début de germination des plantes, il faut être attentif et présent. Pour intervenir et gérer ce qui doit l'être.

Et, recommençant un potager après tant d'années, j'ai quasi tout oublié. Je suis un peu submergée par les infos: dates de semis, de repiquage, de plantation, comportement des plantes, etc. Et ce, malgré mes tableaux synthétiques. Je gère mieux ici, proche de moi. Je ne sais même pas encore comment je vais organiser le plan, les rotations, etc.

Tant de raisons pour pratiquer les semis en avant-saison et pour ne planter que mi-mai des plantes déjà évoluées.

Je pourrai développer mes salades jusqu'au stade où les feuilles ne sont plus attirantes pour les escargots. Je les planterai malgré tout en les encerclant de coquilles d'oeufs écrasées pour certaines, de terre de diatomée pour d'autres. En test. Je ne sais même pas s'il y a beaucoup de gastéropodes dans ce terrain. Ou je retournerai des bouteilles de plastique découpées pour faire office de cloche.

Je ne devrai plus éclaircir les semis, le travail est fait via le semis en bouteilles.

Les oiseaux ne se régaleront pas des graines, pardon les pioupious.

Je ne devrai pas arroser les semis, le système que je vais exposer est quasi auto-irriguant.

Je n'aurai pas besoin de la chaleur d'une serre, même dite "froide", car les bouteilles en feront office.

Je recopie en moins télégraphié mon courriel à ma filiote, à qui je conseille ce programme car c'est le top pour un novice. Les jardiniers avertis savent semer en godets ou barquette, les surveiller (tous les jours!), gérer l'humidité, la chaleur, l'ensoleillement, etc. Les débutants amorceraient leur approche potagère par ces semis en bouteilles, si faciles!

 

Le courriel à ma fille Julia

Je te propose de semer hors sol pour les raisons que j'ai exposées oralement et que je repère ci-dessus. En particulier, je t'invite à tester le semis en bouteille pour diverses raisons.

Atouts par rapport aux semis classiques en petits pots :

Inconvénients: prend bien plus de place que les semis classiques.

Le semis en bouteille est expliqué en long et en large en vidéo par Blec G, via sa chaîne YT. Procédure reprise par pas mal de blogueurs et même par le magazine Rustica. Voir les références.

Je te résume la procédure à ma mode. Cela me semble d'autant plus bienvenu que, souvent, les pratiquants du semis en bouteille sont déjà des jardiniers avertis. Ils oublient de préciser des infos basiques pour les débutants comme toi.

Matériel

Les semaines avant le semis, récolte autour de toi des bouteilles transparentes en plastique, avant que les amis ne les envoient à la déchetterie. D'un litre et demi ou de 5 litres si tu prévois beaucoup de semis. Elles doivent avoir un bouchon.

NB Tu peux essayer dans des plus petites bouteilles, mais en ne semant qu'une graine à la fois. Les plantules n'ont pas besoin de tant de terreau que cela, pour débuter, mais tu devras repiquer plus vite en terre que les autres semis, en bouteilles plus grandes.

Achète des billes d'argile ou récupère-les d'anciens pots.

Achète du terreau de semis, bio de préférence. Tu DOIS acheter du terreau de semis, qui est stérile et très fin. Sinon tu risques des soucis (ou de devoir affiner puis cuire ton propre "terreau" pendant 2 heures dans un four à 180°C, quel intérêt?). Quand tu auras du métier, tu feras ton propre terreau de semis avec du compost de feuilles, selon la méthode de Pierre Masson que je t'expliquerai.

Procure-toi les semences de coriandre, basilic, citronnelle, etc. que tu veux cultiver. Ou utilise les semences que je peux te donner, car elles sont non seulement bio mais reproductibles. Les grands semenciers vendent des semences "stériles", dirons-nous. Or, tes plants ne seront solides et peu malades que s'ils sont bien acclimatés à ton terrain -> tu prélèves tes semences d'années en années.

Munis-toi d'un cutter et de papier collant.

Si tu n'as pas d'eau de pluie: la veille, remplis un seau d'eau du robinet, remue-la bien pour que le chlore s'évapore pendant 24 heures. Ce n'est pas essentiel, mais ça aide.

Procédure du semis

Regarde au moins une fois la procédure en images qui bougent, à partir de la minute 1 chez Rustica. En une minute tu as compris cette part-ci du système.

1. Découpe le haut de la bouteille au cutter, tu obtiendras un vase de +- 20cm de haut et son couvercle, séparé. Certains le gardent accroché par un bout du plastique, à toi de voir. Je ne le fais pas car je n'utilise pas le papier collant, je découpe le haut de la bouteille entièrement et je le replace comme bouchon.

Certains pratiquants conseillent de percer le bas de la bouteille pour drainer, mais ce n'est pas utile, puisqu'on peut utiliser les billes d'argile en fond de bouteille - voir le point 2 ci-dessous; voir aussi la remarque 6A: si tu perces la bouteille plutôt qu'utiliser les billes d'argile, fais-le sur les côtés. Si tu perces sur le dessous comme tant de blogueurs le suggèrent, tu devras laisser tes bouteilles sur un plateau pour drainer. J'aime bien l'idée des billes d'argile car on voit bien la réserve d'eau. En outre, s'il vient à manquer d'eau, je peux arroser en versant un filet d'eau par le côté, sans abîmer les plantules. L'eau va s'accumuler dans la réserve.

2. Ajoute une poignée de billes d'argile. Arrose jusqu'au bord avec l'eau déchlorée. Ajoute ensuite deux à trois poignées de terreau, sans tasser. Tape la bouteille sur le plan de travail pour tasser.

3. Dépose les semences: pour de la coriandre, par exemple, 4 à 8 max' par bouteille d'1.5l, par exemple, bien réparties sur la surface. Bleg G. n'en met qu'une à trois. Ne pas semer trop dru dans la bouteille, sinon tu devras ensuite éclaircir, au risque d'abîmer les très fragiles tiges des plantules lorsque tu le fais. Pour comparer avec ce que tu ne connais pas encore, les semis classiques en barquettes sont hyperdrus, comme des Japonais dans un ascenseur bondé.

NB. Ne sème pas de plantes différentes dans un même pot, car si elles germent et poussent à des vitesses différentes, tu ne peux gérer la bouteille/serre correctement. Voir le chapitre "entretien" où je détaille quand on peut sortir et aérer les plantules.

4. Recouvre de terreau émietté, arrose au pommeau fin (ou faute de quoi: à la main trempée dans le seau d'eau non chlorée).



Pour le plaisir pédagogique, des illus par Henk du blog providentliving.org.nz:

Il utilise des demi bouteilles en semis directs en terre aussi:



  lire page 13b: entretien des plantules, et suite