Voir aussi billet "filière courte"
Ces quelques pistes fantaisie me permettront de développer un travail un peu plus artistique que les sacs et écharpes, dans le contexte de l'expo que je prépare - titre temporaire: "1 kilomètre"...
Local? Bon, c'est une façon de parler car il y a de la triche dans l'air, comme les avocats dont j'utilise les noyaux pour les teintures rosées. Ils proviennent bien des poubelles du restaurant libanais voisin, mais ils ne sont pas cultivés ici. Avion au passage, je l'accorde. La garance pour les rouges n'est pas encore mûre (trois ans), j'achète donc de la garance cultivée dans le Var. L'indigo et la gaude: idem, en attendant que mes cultures s'installent.
Les tissus: j'ai acheté aux "Tissus du chien vert" les fonds de soies qui restaient après la fermeture de la filature Lamouret à Rouen. Distance: 300 km. C'est déjà mieux que la Chine, certes, mais c'est pas la porte à côté. Dans mes rêves éveillés, la soie aurait dû être produite sur place. Juste pour jouer au local à outrance.
Les autres tissus sont du lin et du coton que j'achète lors des soldes aux coupons du chien vert, ce qui revient à trois fois rien pour de la qualité. D'autres semigrossistes en tissu sur Bruxelles, je sais bien,, mais je ne m'y connais pas assez en tissus pour faire le tri dans leur panoplie.
Les fils: sur la route Lille/côte, j'ai acheté dans un magasin de lin (on va dire que ça s'appelait "la route du lin") de grosses bobines de lin cultivé, filé et blanchi localement. Enfin, "qu'elle disait la dame", car je n'ai pas vérifié. Le coton et le chanvre: Sandrine, d'Alysse créations, n'a pu me garantir la provenance, donc: hors concours.
Les laines: celles des Coccinelles proviennent certes d'éleveurs ardennais, mais la filature est près de Limoges. On fait ce qu'on peut, hein!
Le plus proche que j'aie trouvé est à 120km: les laines que Pascaline (Hour) a filées pour moi à partir de laines d'angora, de mohair, etc de ses voisines éleveuses. C'est du superlocal dans la mesure où elle les a filées sur commande, selon mes besoins.
Autre source proche: la filature du Hibou (Namur), chez qui j'ai acheté des laines de provenance de moins de 100km de chez moi, aussi.
voir une vidéo sur la filature
Et enfin, les laines de Herbalana (Monique Vierendeel - Bruxelles) qui file et vend des laines provenant d'un élevage flamand.
Le papier: je le fais moi-même à la Maison de l'imprimerie (atelier professionnel) ou chez moi (bricolages maison). Parfois avec des plantes récoltées ici, mais souvent avec du linter de coton ou de lin... dont personne ne peut me dire la provenance exacte.
On s'approche du local. On est en tout cas loin du monde de l'artisanat de hobby, qui ne semble pas se préoccuper des sources... ni du budget: je tombe de ma chaise quand je vois les fournitures qu'il faut se procurer pour toute activité! Et des papiers spéciaux et des machines à ne plus savoir qu'en faire et des pots de liquides en tout genre... Quel business, les amis! Mais quelle fortune aussi pour s'installer.
J'utilise le terme artisanat de hobby pour le différencier d'artisanat d'art. Dans les expos "découvrez votre artisan local", on voit de plus en plus des filles comme moi. Je ne suis qu'artisan de hobby, voyons... Il y a de la marge avant que je sois une professionnelle.
Mon petit jeu consiste à reproduire leurs techniques de hobby en bricolages maison, sans achats excessifs. J'y arrive pas toujours, mais quand je trouve, miam! je me régale.
Résumons: non seulement j'aime tout faire moi-même, mais quand ce n'est pas possible, je veux que ce soit produit par un artisan local. Je suis une Amish de Nivelles, en quelque sorte.
NB avril 2015. J'ai visité le petit magasin du Mouton qui tricote à Namur. En laines locales 100km, j'y ai trouvé la laine des coccinelles. Pour le reste de ses très belles laines naturelles, j'ai acheté des sources européennes (Italie, Hongrie):