En structure fin/épais, toile diversifiée (nr 113). La chaîne est montée, enfilée, empeignée. je suis prête à faire mon premier échantillon. Je ne suis plus au stage chez Betty, je travaille dans la cuisine du pigeonnier où je réside pour deux semaines. On peut certes se passer de préparer des échantillons, mais PAS quand on crée un modèle. Je m'en féliciterai d'ailleurs dans quelques heures...
Au cours du tissage, je peux directement évaluer que mon ajout de lignes noires est malvenu, tant en chaîne qu'en trame. J'ai essayé divers rythmes en trame.
pédalage fils fins: 12 3456
fils épais: xx
Je fais parfois des photos au smartphone de l'envers du tissage. Cela me permet d'évaluer les essais de marchage que je fais. Flottés ou pas?
Je découvre aussi que ces fils de lin turquoise sont vraiment indisciplinés. Ils se donnent, je ne peux pas facilement gérer la tension.
Hors du métier, l'erreur des noirs est encore plus flagrante.
Je vais ôter les fils noirs, ça alourdit trop - je préfère qu'on devine les blocs dans tout ce chamarré
J'aime regarder les projets en situation. Ce sera un essuie de vaisselle (BE) ou torchon (FR).
Je retire quasi tous les fils noirs, j'obtiens ce que je prévoyais.
Il y a clairement un problème de densité, me font remarquer mes camarades du forum tricofolk. Comment expliquer? Malgré un tassage que je trouvais fort/ferme en visant les 3 gros fils par cm, le fil rebondissait, il se relâchait. Petite explication, puisque l'intention de mes billets est de relater la progression mentale face à un projet. Vous avez compris que ce n'est pas un tuto.
Betty conseille par mail de réduire la densité dans ce cas-là, pour continuer le final en plus équilibré - ce que je ne fis pas, trop concentrée sur les blocs de couleur. C'est d'ailleurs trop compliqué pour moi encore de gérer la tension, l'équilibre et les couleurs/blocs simultanément -> donc j'ai abandonné pour le final.
C'est là qu'on voit la difficulté de raisonner quand on n'a pas assez de métier:
A ce stade-ci de mes connaissances en tissage, il faut que je pratique sur le métier (hihi) et pas dans ma tête, voyons! Pour réduire la densité à 2 fils/cm, deux solutions:
Autre hypothèse de ma part expliquant peut-être pourquoi je n'ai pu tasser comme voulu: la chaîne était mégatendue, ce que je ne fais jamais (bons conseils de Betty, de Jane Stafford). Je me contente de la garder à tension égale. Mais ici, il fallait dompter ces fils turquoise infernaux et collants, dont la tension se délitait au cours du tissage.
Lors du montage de la chaîne, Betty m'avait bien suggéré de bricoler une double ensouple avec une baguette métal pendue à l'arrière, comme je l'ai appris chez Stafford. J'ai voulu essayer à ma mode, et ben voilà, tu l'as voulu, tu l'as eu.
J'aime verbaliser pour mes camarades qui ont le tissage "naturel": même quand on n'a pas de la bouillie dans la tête, on peut être désarçonné par le trop plein de variables au début, surtout quand on n'a pas l'oeil naturel pour le tissage.
Les "Leonard de vinci" comme mon mec ont un lien direct et subtil entre l'oeil et le cerveau. Sans être du métier, quand je jouais à la céramiste, il voyait à la seconde qu'une de mes tasses en porcelaine était décentrée d'un millimètre après cuisson à haute température. Ou encore: malgré l'expertise avant achat par mon prof d'équitation et par un véto équin, c'est mon homme qui a vu le boîtement très, très léger d'un pied (problème de hanche, subtil). Simplement en voyant le cheval trotter, alors que le très cher n'avait jamais posé le pied dans un manège.
Je pense que Betty et quelques forumeurs de tricofolk font partie des léonards - et moi pas. Tant mieux, il me reste un beau potentiel de progression ;) J'ai d'autres talents naturels, merci. Mais le tissage: oh, laborieux! J'aime la difficulté, je suis servie.
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