Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures

Deflected double weave, premier test 2022

10.3.2022 Après mon billet sur Bateman (faut oser! s"intéresser à du postdoctorat en tissage quand on est encore de niveau intermédiaire...), dans mon horizon d'apprentissage : il me manque entre autres le "deflected double weave", que je voudrais explorer, ne fut-ce qu'à cause des louanges qu'en fait Betty Briand.




Il n'y a pas de terme consacré en français, c'est un modèle récent né aux States. "Deflected" car les fils se détournent du droit chemin après lavage. "Double weave" car on tisse deux couples de chaine/trame, chacun dans un modèle particulier: une toile douce pour l'un, de longs flottés chaîne et trame pour l'autre. C'est souvent plus gracieux quand on utilise de la laine qui feutre un peu, car lors du lavage elle va accrocher les flottés.
Madelyn lui a donné ce libellé, personne ne l'a encore traduit. Ce sera donc DDW dans mes textes à venir.

Le terme "deflected double weave" pourrait faire penser à du double tissage. Ce n'est pas exactement cela.

Bibliographie

Je revois des bases, que j'ai accumulées depuis le début de l'an:

  • Mon seul essai jusqu'ici, peu structuré, car je n'avais pas pris la peine de vraiment comprendre les principes: Deflected double weave: échantillon.
  • J'ai suivi hier un cours en vidéo de Madelyn van der Hoogt, chez Longthreadmedia / Handwoven. La vidéo donne accès à un manuel de ddw, par elle-même. Surtout des brefs.
  • J'ai acheté des modèles chez Nataliewoven , dont j'aimais beaucoup les modèles. Considérons que j'ai fait un don, car le contenu ne m'apprend pas grand chose; je n'étais pas intéressée par des brefs mais bien par de la théorie.
  • J'ai relu le magaine Heddlecraft ad hoc de Robyn Spady, mars 2020
    -> https://heddlecraft.com/single-issues.html# et chercher sur le terme
  • Je fais un tri dans les magazines Handwoven et je relis tous les articles (je suis abonnée aux archives cette année 2022, je vais tout dépiauter en douze mois!)
  • Je fais un tour chez Handweaving.net (aussi abonnée). J'ai repéré 4 brefs dont un de Petzold en 4 cadres, +- 1900. Curieuse de découvrir comment ils l'appellaient alors...
  • J'ai trouvé des tutos aussi chez Weber-treff en Allemagne, chez Denise Kovnat, etc. mes blogs habituels
  • Bien sûr, un petit tour dans le livre de Betty pour revoir les bases.



Explication très claire en vidéo par R4knapp, dont voici une copie d'écran:

 

NB. Au milieu de la vidéo, il explique en profil, en l'appelant "blocks". Corrigez mentalement, ce sera plus clair.

Image du billet fin 2017 chez Webertreff, très didactique - post-its en couleur pour les blocs de chaine et de trame, et leur effet selon les blocs que l'on marche. On pourrait presque prévoir le tissu au tableau, en post-its de couleur selon le motif qu'on veut, PUIS en déduire la chaine, la trame et les blocs à marcher. Génial et si simple. J'ai d'ailleurs fait l'exercice sur papier aussi. Edifiant.





 

Avec tout ça, me voilà parée pour l'expérimentation d'un nouveau format. Je retiens, pour la forme qu'en attachage les blocs noirs seront des flottés de chaine, les blocs vides seront des flottés de trame (puisque les flottés sont sur l'envers), le reste est de la toile - voir par exemple la photo nr 4

série d'essais en Fiberworks à partir des idées chez Webtreff en Allemagne, où j'évalue si je peux marcher des rythmes différents


gros-plan face


dos


Un autre projet parmi les dizaines que j'ai testés en FW, une création pour voir





Essais de recherche d'aplats toile en Fiberworks, je bricole encore... Lorsqu'on peint ou dessine, on prévoit des zones calmes, moins encombrées - ce que j'appelle les aplats. A droite et à gauche ici.


J'essaie aussi un bref en 4 cadres, dont on voit chez Marcy Petrini le bref ET le résultat: genre grain d'orge élargi. Gauche: tombé du métier, droite: lavé (laine et tencel). Je pourrai utiliser mes autres cadres pour de la toile, mes fameux aplats de respiration?


Et si je réduisais les flottés a minima? Voir essai:


J'aime faire des inventaires en Fiberworks, des possibilités graphiques que je peux marier dans un même tissu. Ici, départ avec une progression type sergé suivi, je rajouterai en attachage les diverses possibilités pour les comparer. Je vois large! J'ai un bref vierge, standard, à 32 pédales. Je peux y répartir 8 attachages, je copie chaque fois le marchage sous l'attachage ad hoc. Attachage dans mes abréviations: TU1 TU2 etc, pour "Tie Up".


Détail: en ddw, on ne peut plus se fier à fiberworks pour indiquer les flottés. Logique. C'est à l'oeil qu'on regarde. Pour m'aider, je fais une photo de mon écran et de mes élucubrations. Puis je dessine en tons différents pour imaginer les tensions du fil selon les points d'ancrage en toile. Je sais, ça n'a encore rien à voir avec le tissu, puisque le logiciel ne montre pas les deux couches... C'est un début. Je n'ai pas le talent qu'ont d'autres, comme Betty ou Danielle, de voir la structure à l'oeil. Comme des architectes voient l'espace sans même le dessiner. J'ai reçu des talents des fées, mais pas celui-là.

Je n'ai pas encore compris quand on part d'un sergé 15 26 37 48 et quand on choisit celui de la photo 4.

Je ne suis pas folle des designs américains en deflected double weave à ce stade de mes recherches, mais j'aime beaucoup la structure, qui est facile à décoder. Je retiens facilement l'attachage car les blocs sont clairs, le marchage aussi (voir images ci-dessus). Je peux ainsi facilement improviser sur mon métier de table, à manettes - ce qui est mon but dans le tissage.


Mon objectif: réaliser un projet où les effets un peu baroques seront tempérés par de larges aplats en toile.

Test court en mohair: c'est idiot...

Pour l'instant, je pars en roue libre. Au lieu de commencer par un modèle défini, j'expérimente hors des sentiers. Sans boussole. Résultat: sans mots, inutile de me le dire.
J'ai l'habitude de réunir plein de docs, puis de me lancer tête baissé, sans réfléchir. On verra le résultat ci-après: une cata.

Il a suffi que je lise dans mon livre de Margo Selby qu'elle propose un DDW en mohair pour avoir envie de l'essayer. En dépit de tout ce que disent les pros, qui déconseillent fortement d'utiliser le mohair en DDW. Et on les comprend: on empeigne à une densité de 2.5 à 3 fois plus élevée que la norme.... C'était non seulement ardu techniquement, mais esthétiquement, c'est comment dire euh euh....

En outre, j'ai joué des densités "pour voir". Euh euh....

dos de l'échantillon à la bonne densité

face de l'échantillon bonne densité

dos du premier échantillon, densité floue "pour voir", tu parles!

Face: pas mieux.


En réalité, je garde ces horreurs, car dès lors que j'aurai compris l'essence du ddw, profondément, je pourrai faire des créations plus artistiques, hors textile à porter. Les laiderons peuvent devenir de jolies princesses ;)




Mes notes fiberworks non depiautees pour ce test

fichier delfectedmohairBFL.dtx

source modèle?
multiples 16f en chaine -> 6 repeats pour 96 fils = 32 cm large
AB AC chacun sur 4 fils
A =1234 B = 5656 C =7878
A = couleur toile intérieure
B et C = couleur cloison

ourdir 48 BFL 48 mohair ou 4 par 4

BFL 6.5t/cm noir -> 4 f/cm au lieu de 3, pour cloisonner serré (quid 5 f/cm?)
mohair clair en toile -> 2 f/cm au lieu de 3 pour contraster avec cloisonné

trame multiples de 8
I à IV en noir: blocs 78 et 56 + V à VIII mohair pour la toile: blocs 12 et 34
-> I II III IV (V VI)*2 - I II III IV (VII IX)*2

I 12 78
II 34 78
III 13 56
IV 24 56
V 1257
VI 1268
VII 3457
VIII 3468
toile 1357 2468

viser 4f/cm pour noir et 2 f/cm pour mohair

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