18.7.2014 Faire le bouillon de teinture n’est pas très compliqué, en gros, c’est une soupe de végétaux. C’est la préparation du tissu qui fait le teinturier: le mordançage, qui est sophistiqué, en particulier pour les fibres coton-lin.
Je ne propose pas ici un "cours" sur les mordants ou les autres bases de la teinture, car il y a d'excellents livres sur le sujet et de parfaits sites. Je partage mes notes personnelles. Pour une explication claire en français, rendez-vous sur le forum de tricofolk: les résumés de Sandrine, d'Alyse créations sur les couleurs, le mordançage, une cuve d'indigo, etc.
Voir mes abréviations perso.
Le mordant est un fixatif pour couleur, en résumé.
Certaines teintures se fixeront sans mordançage, car elles sont "mordantes" en soi : carthame (fixée au jus de citron) ; rocou ; curcuma ; café ; thé ; grenade ; brou de noix ; eucalyptus ; les écorces en général.
Quand on indique «sans mordant» dans les listes, prendre en compte tout de même que la couleur est souvent plus solide si le textile est mordancé ou suivi d’un bain de fer ou cuivre.
Classiquement pour avoir des couleurs vives, il fallait de longues manipulations. Aujourd'hui plus, grâce à des chercheurs comme Michel Garcia et la technique d'acétate-alunage (ma terminologie, plus courte que "mordancer à l'acétate d'alumine).
"Mordants" semble être un mot-valise en DyeLand: tout fait mordant. Il doit y avoir des catégories plus précises, mais en gros, on cite: alun, tanins, fer, cuivre, eau de cendres, savons, vinaigre, urine...
On n'utilise plus l'étain, le chrome, etc. comme au XIXè et jusqu'en 80 (hobby en tout cas).
L'alun semble le moins toxique pour l'environnement.
Le coton et le lin se mordancent en outre aux tanins (tanins de galle, de sumac, etc.).
JD mordance à froid pendant 12h - même résultat qu'à chaud (tout comme Sandrine d'Alysse créations)
KD mordance les soies à 90°C (comme la laine); sans l’abîmer , dit-elle; pour des couleurs bien plus lumineuses qu’à 70°C, la température généralement recommandée.
Je mordance les cellulosiques et la soie à froid, pendant 5 minutes, dans la solution partagée par Michel Garcia. Laines, alpaga, etc: je mordance tiède, càd > 40°C, en marmite norvégienne, pendant une nuit.
NB 2023: Voir le billet 20.11.2023 Mordancer, teindre à chaud ou à froid?
prévoir 2l d'eau min. pour 130g de laine (rapport = 1 à 15 classique, max = 1 à 20).
le coton (tissu et fil): acétatalunage simple - mieux: prémordançage aux tannins
le lin: passage aux tanins puis acétalunage (voir ci après)
soie: acétatalunage simple
laine: mordançage classique 1h à 80°C ou une nuit à 40°C avec alun 10-20% (selon bain de teinture), en marmite norvégienne - classiquement aussi avec 3 à 6 % de crème de tarte, que je n'emploie plus;
mes notes d'un DVD de MG: " crème de tartre ou CT: "agit en tampon et couvre tout excès d'acidité ou basicité d'eau".
On peut mordancer par zones pour que la couleur ne se fixe que sur certains dessins. Voir l'article polychromatisme de mordants.
Penser à garder
Traditionnellement, pour imprimer des teintures végétales sur des fibres coton ou dures comme le lin, la technique était plus longue, càd +- dix opérations: 1/ tremper dans les tannins, 2/ sécher 3/ rincer 4/ tremper dans l’alun 5/sécher 6/ rincer 7/recommencer 1-2-3, soit 7-8-9, puis 10 teindre.
Si je devais donner cours à des débutants, je commencerais par un bain aux tanins, avant d'entamer la très pratique technique de MG d'acétaluner. En effet, cette dernière solution est invisible. Si des taches de mauvaise répartition sont laissées, elles se révèleront dans la teinture ultérieure. Mais au moins avec les tanins de galle, un fond beige se laisse voir. Avant de sécher, on voit tout de suite les traînées lorsqu'on a mal mélangé le tissu.
Ne pas oublier de soigneusement décatir les tissus et les fibres
Avantages techniques de l'AA selon mes notes de stage MG
Un bain de 8% d'acétate PTS ou comment produire soi même de l'acétate d'alumine avec la recette de Garcia à deux francs six sous - pour 1.2kg de fibres :
Version 2. idem sans les dix litres d'eau. Besoin d'un simple seau, moins grand. Il faut plus y foulonner les tissus.
Avantage majeur de cette technique: il ne faut pas peser les tissus ou les fibres, car le mordançage fonctionne comme une éponge. La fibre prendra ce qu'il faut d'acétate, on vide le bain jusqu'à plus d'eau, en gros. Cette solution très instable ne conserve pas -> on mordance en série dans le même seau puis on balance le reste!
Avec les doses ci-dessus, j'ai mordancé plus de 12 mètres de soies (en 150cm de large) sans l'épuiser. Il en restait un cinquième.
NB août 2014. Au stage avec MG, on vient d'évaluer qu'un pan de coton d'1m sur 120cm a pris 400ml
Défaut majeur de cette technique: il ne faut pas oublier de 1/ superbien sécher les fibres avant de 2/ fixer le mordant dans un bain de craie ou de son de blé . En débutant, pressé, on oublie souvent l'un ou l'autre...
On peut aluner des zones du tissu seulement, pour que la couleur ne prenne que par endroits (voir polychromatisme de mordants. )
Avant de teindre et après acétatalunage, tremper le tissu dans un bain de fixatif pour fixer l’alun. Il faut neutraliser l'excès d'acide acétique qui serait resté malgré le séchage. Ou attendre de longs mois de séchage pour que la situation soit normalisée. Le pH du bain de fixation est capital pour ne pas dissoudre le mordant : doit être 9.
20g de craie par litre d'eau - prévoir un seau de 10 litres; remuer dix minutes textile; essorer, rincer (bien rincer ! voir expériences des filles de Turkeyred - la craie avait terni les couleurs), teindre "sans attendre" (pourquoi?).
Comparer au fixateur de Liles. Ici : 20 grammes de craie par litre, chez Liles : 8 grammes (les pH d'eaux sont différents à la base?).
Dans sa vidéo récente, MG trempe la fibre à fixer dans de l'eau avec du son de blé, pas de la craie. Les phosphates naturels du son de blé "ôtent l'excès d'alun et de fer et comportent un enzyme qui ôte la gomme guar".
Me sert pdt un ou deux jours de bain de fixation. Après : jeter, car devient vite malodorant et s'acidifie.
NB 2023: MG utilise désormais du percarbonate de soude, qu'on trouve partout en droguerie) - 1g/litre. On peut aussi, en dépannage, utiliser 1g/litre de silicate de soude.
Pour le lin, la méthode MG à l’acétate de raccourcir les dix opérations précitées: un bain de tannin gallique, un séchage, un bain d’acétate et point barre -- ce qui fait bien court par rapport aux passages cités ci dessus. Ici: TA, soit tanin puis alun. Dosage selon Liles page 19.
Je me demandais si je ne pourrais pas AA le lin (sécher, fixer) puis le cuire dans un bain de tanin 1/2 heure, étape après laquelle je rince puis je teins.
A few moments later: j'ai la réponse via MG; ce serait contre productif puisqu'on commence précisément par les tanins, qui ont une affinité pour la fibre et qui s'installent dans la fibre comme une forme d'aimant, qui attrapera l'alun de l'étape suivante.
Selon Liles, équivalents de 28g d'acide tannique pour 500g de fibres = 120g sumac séché (24%) , 240g frais (48%), 60g cachou ou poudre de tara (12%) , 280g de galles (56%)
On peut aussi préparer un bain de fer, un bain de cuivre en mordançage plutôt qu'en post-bain (ma pratique).
Voir aussi la technique d'une pâte d'impression de mordant, alias "polychromatisme en monobain à la Michel Garcia".
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