J'ai bien écrit "méthode classique" et non "traditionnelle", car l'emploi de l'hydrosulfite n'est que récent (cent ans environ). Je résumerai dans les jours qui suivent les autres techniques son/garance/sucre/etc plus traditionnelles - et plus écolos! Je résume aussi la cuve au fer.
Pourquoi vouloir une cuve à l'hydrosulfite (ou au thiox) plutôt que la fabuleuse cuve 123 de Michel Garcia, qui me réussit si bien?
Avec les cuves organiques d'indigo que j'ai testées à ce jour, j'ai de superbes résultats, faciles, reproductibles, sur écheveaux et sur toisons. Pour les fils (coton, lin, soie, laine) la cuve 123 est une merveille : j'ai la même depuis plusieurs mois, j'arrête pas d'y teindre, ça prend toujours et assez foncé (je le fais à froid, malgré les injonctions de la faculté, mais ça tient bien au lavage). On dirait qu'elle se regénère seule (je la nourris avec des bananes supermûres – je n'ai pas encore dû rectifier le pH).
MAIS... J'ai trop souvent des bringeages sur les tissus de coton et le lin, que ce soit chez moi ou en stage avec MG, avec mes tissus bien décatis selon la méthode classique ou avec les tissus qu'on avait reçus en stage, décatis par la patronne de stage. Cela ne semblait pas déranger les autres, sauf une créatrice textile qui venait précisément pour régler ce problème et qui est repartie sans solution. Je résouds le problème au bouillon savonneux en fin de séries de teinture, mais ça reste un petit unisson.
En outre, je fais du papier maison ( au Musée de l'imprimerie de la province voisine, qui a tout le matos). Les teintures dans la cuve 123 ne sont pas enchanteresses.
Les deux cuves que j'ai essayées: 123 au henné/fructose et au fer. Même résultat: traînées.
Il me reste une voie: décatir le coton avec des enzymes de bière, la dernière idée de Garcia (enzymes achetés chez Brouwland en Belgique). J'avais aussi essayé en lessive tiède de son de blé, selon un de ses livres: pas mieux.
En désespoir de cause et sans solution, je me limiterai à faire du shibori sur le coton et le lin avec ces cuves organiques, puisque les taches s'y voient moins.
Autre solution: essayer de teindre les tissus dans une cuve à l'hydrosulfite (sans les sédiments de mes autres cuves). En changeant cette variable-là, on verra bien si c'est le décatissage qui pose problème. Lecteurs pressés, voir la conclusion.
J'ai suivi ici la méthode décrite dans mon livre de J. Liles pp. 59 à 69 (partie lisible sur googlebooks) , qui doit être classique puisque Maiwa Handprints la reprend ici . Liles est le plus rigoureux des hobbyistes, à ce stade de mon apprentissage. Il explique toujours le pourquoi du comment du où-l'on-va. Maiwa semble faire une synthèse en Liles et Garcia. Voilà qui me va.
Rappel: faites un tour sur l'excellente page de Sandrine "Indigotier et pastel : teinture à la cuve", avec de belles photos pour apprendre la technique
NB 2023: je rajoute les données pour le réducteur thiox, car il semble moins toxique que l'hydrosulfite (vapeurs)
Selon Liles, les avantages de cette cuve sont: plus rapide, pas de sédiment, quasi pas de perte d'indigo, ne doit pas être très alcalin (parfait pour laine), teint entre 25-35°C; il l'utilise pour de grandes pièces. Les défauts sont la difficulté de monter les tons sauf à utiliser beaucoup d'indigo au départ ou à tremper jusqu'à 20 fois la fibre; la capacité de la cuve à déshabiller la fibre déjà teinte si elle contient trop de réducteur.
J'ai tout divisé par 2 pour l'essai de ce matin, les doses initiales sont les suivantes :
Toujours les mêmes principes: réduiire l'indigo en pâte, préparer une cuve-mère d'un litre et, dès qu'elle est prête, la rajouter dans la grande cuve. L'indigo réduit en effet plus vite et mieux dans une solution concentrée.
En 15 à 60 minutes la cuve d'amorce est prête : de bleu le liquide passe à verdache puis à jaune vert transparent, la pellicule est mauve cuivrée. Parfois, chez moi, il a fallu plusieurs heures (température de cave trop froide?).
Cette cuve-mère peut se garder une semaine. Si on la conserve plus longtemps, il faudra la raviver en la chauffant à 50°C et en rajoutant un réducteur.
Il propose des cuves de 20 litres pour 500g de fibres à la fois, ou 1 mètre de tissu. Je teins dans deux cuves: 8 litres et 50-60 litres.
La cuve ne doit pas chauffer fort, un récipient plastique haut et étroit convient.
Infos MG et pas JL : le pH doit être à 11 pour du coton, 10 pour la soie, 9 pour la laine. Infos JL : c'est la température qui importe (résumé demain), pH idéal : 8.5 pour tout le monde
Je garde la méthode à l'hydrosulfite pour une cuve sans sédiments, qui peut teindre à l'unisson les tissus et les papiers. Pour le reste: cuve organique.
Avec le test ci-dessus, j'ai teint un foulard de coton et un foulard de lin, lavés machine et non mordancés. Résultat : bien régulier. Ce n'est donc pas le décatissage qui craint, mais bien le type de cuve.
Trempage 1 : 3 minutes dans la cuve encore à 40°C (tissus seuls dans la cuve, un à un, en tournicotant, prémouillés, en les déposant comme dans la vidéo du DVD de MG) ;
repos 20 minutes ;
trempage 2 pour la moitié du coton: 10 minutes ;
trempage 3 pour le tiers bas du coton : 1 heure dans la cuve devenue froide entretemps.
J'y ai teint du papier fait main (coton, que je fais à la Maison de l'Imprimerie à thuin - cuve était encore à 40°C), c'est infiniment plus net qu'avec la cuve 123 ou la cuve au fer qui, elles, en revanche donne des effets de coulure et de perles qui peuvent être utilisées à bon escient dans un tableau.
Trempage 1 : 3 minutes ;
repos 20 minutes ;
trempage 2 : 15 minutes
J'ai aussi testé mes guipures de la filature Lamouret. bien pris.
J'ai testé une guipure pur polyesther: haut de la photo. Reste très pâle dans la cuve "chimique" . Je compare un autre morceau (même temps, toujours à froid) dans la cuve 123 à la chaux: +++ (bas sur la photo):
Pour un test, j'ai suivi les instructions de J. Liles pour préparer une cuve au fer, pour y teindre le coton et le lin ainsi que le papier. Je ne reproduirai pas cette cuve, qui pourtant teint à quasi froid, car on y perd jusqu'à 25% d'indigo selon Liles.
On peut procéder à l'eau froide, mais la réaction sera plus longue. Il faut avoir le temps.