Depuis que j'ai découvert les teintures végétales en 2012, mon coeur d'écolo cherche les moyens d'épargner la surconsommation d'eau et de chauffe. Un de mes premiers billets était sur le sujet. Mais le confort étant sous mes doigts, et l'impatience étant mon fort, j'ai plus utilisé les casseroles sur plaques chauffantes que la teinture à quasi froid.
Aujourd'hui, je suis confrontée à l'obligation de trouver une technique car... mon atelier au grenier a flambé il y a quinze jours! Tout est fondu... Y compris les deux plaques de cuisson achetées en brocante. La base est intacte, car c'était un court-circuit dans le plafond, mais le cablage est nase.
Je prends ça comme un signe: allez, vas-y à fond maintenant, teste réellement tes désirs de non-chauffe.
Je suis réfugiée à la buanderie, où je n'ai que l'eau courante, froide et chaude (très chaude, plus de 60°C; je ne peux plus tester puisque le thermomètre électronique aussi a fondu... snif.... ).
Je vais tester quelques techniques tièdes, ce qui, outre que c'est peu énergivore, sera aussi utile pour les camarades non équipées - je pense aux instits et aux animatrices d'ateliers de hobby qui m'ont mentionné cette particularité: soit à partir d'extraits colorants, soit à partir de plantes brutes (ce qui impliquera qu'on va aussi extraire la couleur en semifroid).
Le principe: partir d'un bain de teinture très chaud, presque bouillant; poser un couvercle et envelopper d'une couverture pour garder la chaleur (principe de la marmite norvégienne). Dépoter après 24h. Si vous chauffez la maison au bois, vous pourriez placer ce bain de teinture (en bocal) sur le poêle à bois, la teinture prendrait en quelques heures.
laine/soie en fil - ça ne fonctionnerait pas bien avec des pans de tissus, qui doivent être remuées quasi en permanence pour éviter le bringeage
Pour mes essais, je n'emploie que de petites quantités. J'utilise une balance de précision mécanique (ça existe encore!) qui calcule au dixième de gramme. Si vous n'en avez pas, une cuiller à café contient environ 4-5 grammes. Evaluez au pif...
Ce n'est pas une technique rapide et pourtant elle convient aux personnes débordées. D'autres que moi doivent être actives sur plusieurs plans boulot/ménage/amis/famille/sport. Cette petite activité s'insère bien dans un quotidien débordé, car on ne bloque pas de longues heures d'attente et de touillage dans la casserole. Pas de peur du feu, non plus. ça prend 5 minutes à amorcer. On laisse puis on ouvre le pot quand on a le temps.
Depuis quelques mois je teste une méthode dérivée de la mouvance fermentation en teintures végétales, que j'ai testée en son temps: j'avais observé que la plupart des plantes donnaient plus de couleur en macération alcaline qu'acide.
J'ai pris le pli de faire tremper les fibres brutes, non broyées, dans de l'eau du robinet alcalinisée par de la lessive de cendres ou des cristaux de soude. En général jusqu'à un pH de 9. Si j'avais de l'eau de pluie à dispo, je prendrais plutôt celle-là. Mais voilà....
La plupart des plantes acceptent bien ce traitement, sauf quelques unes comme la gaude ou le solidago. Si ça se trouve, on découvrira que cela vaudra pour toutes les flavonoïdes, ça m'évitera de devoir trop tester. Pour celles-là, je m'interroge: pourquoi ne pourrait-on pas utiliser la même recette que pour produire des teintures mères en botanique? On pourrait faire macérer 15 jours en bocal 100g de plantes broyées dans 1/2 litre d'éthanol (ou moins). On obtiendrait l'équivalent d'un extrait colorant, à dissoudre dans notre bain de teinture.
Entretemps, j'ai acheté le livre de Jenny Dean "A Heritage of Colour"; où elle expose les mêmes inspirations.
Prochain billet: résumé détaillé de cette extraction à froid.