Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures
  

Extractions alcalines et solidité

21.12.2015 Les extractions alcalines imaginées par Jenny Dean sont peu étudiées. On navigue un peu à vue. Qu'en est-il de la tenue lumière lavage frottage etc?






Les extractions alcalines imaginées par Jenny Dean sont peu étudiées. On navigue un peu à vue. Je teste aussi pour l'instant l'effet sur le coton/lin.

L'efficacité: semble avérée sur la laine (Jenny Dean, Sandrine de Tricofolk, moi-même et... les autres que je ne connais pas et que je n'ai pas trouvés via le net).

Les défauts. Evacuons le souci annoncé que l'alcalin va ronger la laine, puisqu'on a vu sur le terrain qu'en pratique froide l'alcalin ne l'abîme pas, pas plus qu'il n'altère la soie. Sauf, chez moi, une exception: le macomérinos, que j'ai dû trop remuer.

Qu'en est-il de la durabilité de ces couleurs? Je viens d'écrire à Jenny Dean à ce sujet. Réponse (rapide, merci!): "I haven't so far had problems with fastness as far as alkaline extractions are concerned but when I have time I will try to conduct some tests over longer periods of time. "

Je relis Leuchs: pour le pernambouc (p248 - caesalpinia echinata ) il note que "toutes les nuances obtenues par les alcalis sont très fugaces". Sur la gaude, page 337 il répète "parce que les alcalis altèrent la solidité de la couleur". J'imagine que je vais retrouver cette notion tout au long du livre.

Aussi souvenir d'un stage avec Garcia (eh ben oui lui encore... mais qui d'autre?): le flétrissement des jaunes qui ont passé dans les tapisseries du XIXe est dû au fait que, pour une plus belle couleur, les ouvriers passaient les fibres teintes en gaude dans des bains alcalins. Erreur que, selon lui, les plus anciens ne faisaient pas.

Mais... dans mes très courts tests de résistance lumière cet été, alors que je passe systématiquement la garance dans un bain alcalin (ma recherche des rouges et des grenats), le coton, la laine, la soie ont bien tenu le coup en garance.

Mais ... dans le même ouvrage de Leuchs, on peut lire des techniques de macération en bain alcalin de neuf jours (le rouge par la bourdaine)... La cohérence?

Par ailleurs, Leuchs note souvent dans ses commentaires qu'avec le temps il se forme de précipités colorés dans les bains alcalins. Je viens de vérifier dans mes bains, qui n'ont certes que quinze jours de vie: pas de précipités. La chimie de la vie n'a tout de même pas changé entre 1850 et aujourd'hui... Quelle procédure différente utilisé-je donc?

Est-ce un postulat? une réalité? Postulat dérivé des connaissances en peintures/pigments? En effet, pour extraire le pigment de la solution de teinture, on joue entre l'alcalin et l'acide, on filtre, on lave. Mais cela ne précipite que le pigment, pas la partie soluble. Qui elle, rêve de s'attacher à de la fibre... Ou alors j'ai tout mal pigé


Retour aux archives