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27.12.2024 Mon résumé de l'utilité des laques et du mode opératoire. Que faire avec des bains épuisés? Des laques. On ne perd rien, on recycle! On peut bien sûr aussi produire des laques à partir d'un bain bien riche. On les utilisera pour des mediums de peinture, des pâtes d'impression, etc.
9.1.2025 A ce jour, cette très longue et lourde page récapitulative inclut tous les brouillons depuis 2014, mais il manque des liens, des photos, des bouts de phrase. Bientôt, elle sera finalisée et structurée en un pdf interactif, le fascicule nr 15 de Slow-dye: teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
Rappel aux nouveaux arrivants: ceci n'est pas un tuto, inscrivez-vous à des ateliers pour cela. Je partage mes notes de stage ou de lecture. Rien ne garantit que je ne loupe pas une étape au sein de mes notes...
Pour le fun, une enluminure de 1375 montrant un enlumineur (rare!), avec ses préparats de laques :
On fera des pigments laqués, ou laques, pour pouvoir peindre sur papier ou sur tissu (via les pâtes d'impression, après redissolution), par exemple. Pour comprendre les concepts, on a vu des bases en images fixes dans le chapitre "Encres", au début du fascicule 15. Ici une intro rituelle en images qui bougent, chez Maiwa, avec Charlotte Kwon: Teintures, extraits, laques et pigments
Produire ses propres pigments laqués à partir de bains de teintures naturelles n'est pas compliqué, mais demande de l'attention au détail et de la méthode. Michel Garcia en donne la technique dans un de ses DVD. Suivez-le aussi sur sa page fb.
Faire ses propres pigments est particulièrement utile aujourd'hui qu'en techniques artistiques on pense naïvement revenir au naturel en broyant nos pigments, achetés dans le commerce sans se douter qu'ils ne sont plus que synthétiques pour la plupart. Je suis tombée dans le piège quand j'ai formulé mes propres huiles et encaustiques il y a quelques années: j'étais si concentrée sur la composition des huiles et cires que j'en ai oublié de m'interroger sur l'origine des pigments que, toute fière, j'achetais à la merveilleuse droguerie du Lion à Bruxelles. A part la terre verte, la terre de sienne et une terre rouge marocaine, je crois que mon stock se compose au principal de concoctions synthétiques. A ma décharge, en anglais, ces dérivés de pétrole sont appelés "organic", synonyme de bio dans cette langue.
J'ai toujours autant de joie à broyer mes pigments , à les mélanger et à faire mes mish-popotes maison, mais je sais désormais ce que j'ai en mains. En faisant mes propres huiles et encaustiques, je suis certes écolo, mais avec ces pigments, je reçois une teinte "écolo fluo" (le terme utilisé en cuisine bio pour qualifier ceux qui s'autorisent le congélo et le matériel électrique).
Si vous ne voulez pas produire vos propres pigments végétaux, vous les trouverez en vente par correspondance chez Michel Garcia (FR), chez Lutea (BE), chez Couleur Garance (FR). Le grand luxe: chez Garcia, vous pouvez passer commande d'un produit spécifique. Qui sait s'il ne produira pas bientôt de l'encre de gravure?
Comme j'addddore la transparence en peinture, et que les laques végétales que l'on produit chez soi ont cette subtile qualité, j'aimerais produire des laques pour cet effet. Ceux qui n'ont pas la patience de produire leurs propres pigments naturels (c'est un boulot de patience!) peuvent acheter les pigments naturels basiques chez http://www.michelgarcia.fr/produits.php . Poudres pour artistes: +- 9€/10ml; pâtes pigmentaires pour artisanat: 20€/250ml.
J'ai un intérêt particulier pour la laque de garance , car je voudrais peindre des chaines de tissage ou imprimer des tissus avec cette couleur rouge que j'aime tant. Or, selon Michel Garcia, la garance ne donne bien en pâte d'impression que si elle est d'abord laquée. Les autres sources que garance: on en fait un extrait dense, comme pour une encre, qu'on gélifie.
Une autre raison de produire des laques: récupérer les fonds de bains. Les novices, dont je fus, veulent garder les bains de teinture en bac, même épuisés, dans l'espoir de teindre en pastel d'autres fibres. Résultat souvent aléatoire. On veut parfois même les garder quelques semaines... , pour au cas où... Or, garder nos bains tels quels ne conduit qu'à des fermentations, des pourritures et des possibles dégradations du colorant. Ce n'est pas automatique, mais c'est une potentialité. Outre que la famille n'adore pas les jus odorants et fermentants à la buanderie, on perd temps et énergie à vouloir garder un bain semi épuisé en version liquide. Solution: gardons-le au sec! Faisons-en un extrait ou une laque, qu'on appelle pigment entre hobbyistes. J'utiliserai donc indifféremment pigment et laque dans le texte qui suit.
Si le bain est totalement transparent après teinture, on n'en fera rien, bien sûr.
NB technique terminologie. Le colorant du bain de teinture est soluble; le pigment en peinture est insoluble. En produisant une laque, on vise à rapprocher la structure du colorant du pigment, en la rendant insoluble - ce qui n'est que temporaire, puisqu'on peut la redissoudre ensuite; ce qui n'est pas possible avec un pigment. Pensez à de l'ocre, par exemple, qui restera pigment quoique l'on fasse.
On peut aussi acheter des pigments laqués chez Michel Garcia, ou chez Kremerpigmente - dans ce dernier cas, je ne pige pas bien leurs écarts de prix.
On a vu comment produire des encres facilement: ce sont des jus de teinture dense additionnés de mordants minéraux. Si l'on veut conserver en sec le colorant, le rendre insoluble, il faut le précipiter, ce qu'on fait en jouant sur les réactions acide/base.
Soit on extrait le pigment à partir d'un bain de départ, dans ce but spécifique, soit on profite d'un bain semi-épuisé pour en extraire le colorant: on ajoute à un bain épuisé et filtré une part d'alun et la moitié de base, genre potasse. Le floculat obtenu est décanté: c'est la laque (ou le pigment laqué). Si on le laisse humide, c'est une base pour pâte d'impression. Il suffira ensuite de le redissoudre soit à l'acide comme vinaigre, soit version forte chlorhydrique, au goutte à goutte.
Si on le sèche et si on le broye finement, on pourra en faire des supports de peinture. Avec gomme arabique, ces laques deviennent aquarelles; avec idem et craie: de la gouache, etc. J'ai tant joué en 2000 avec la production maison de médiums de peintures, en me basant sur la "bible" de Wehlte, que je pourrai aussi en faire des huiles, des émulsions-colles, des vinyliques, des tempera, de la caséine.
Ces laques servent aussi à conserver les teintures en format sec, car, conservés ainsi, ces extraits maison peuvent être redissous pour teindre. C'est ce qu'on appelle en anglais "split-dye" - peu documenté sur le net encore, sauf dans la vidéo citée ci-dessus ou dans le livre d'Elllis et Bouthrup (hélas hors de prix).
En teintures végétales efficaces, le boulot principal est de comprendre les matériaux, histoire de ne pas suivre des recettes à l'aveugle quand on essaie une nouvelle technique: entre autres la différence entre un pigment, insoluble, et un colorant, soluble.
Explication en images qui bougent, par Clarisse Chavanne, Doctorante au laboratoire d'archéologie moléculaire et structurale. Elle y "aborde la différence entre les pigments - utilisés en peinture - et les colorants - utilisés en teinture. Elle explique ensuite comment obtenir des laques pour créer des peintures avec une couleur d'un colorant".
Démonstration en illu fixe, chez Astuces d'Artiste:
En gros, on verse le jus épuisé de garance dans un vieux bain de mordant d'alun, en vérifiant que peu de solide reste dans le jus de garance - soit par décantation soit par filtrage. On ajoute 20g d'alun pour 3 à 4 litres de ce bain. On réchauffe à peine (pour diluer l'alun?). On filtre. On jette le filtrat solide. Dans le liquide aluné, on ajoute une base (de la lessive de cendres ou des cristaux de soude) à hauteur d'environ 50% de l'alun. Cela mégamousse, on prévoit un haut récipient. On laisse reposer une nuit que la mousse se tasse; ou on fouette vigoureusement. On filtre dans un linge hyperfin, de préférence polyester, plus facile à laver. La filtration prend du temps, pendant lequel on rince quelques fois le solide dans le filtre, ne fut-ce que pour éliminer l'excès d'alun (qui cristalliserait au séchage). On rince en projetant un peu d'eau sur le filtrat. On jette le liquide. On garde le filtrat bien rincé, on le sèche calmement - ou rapidement au micro-ondes, par étapes, en surveillant le moment où l'on ne voit plus de vapeur. Ne pas brûler, bien sûr. On stocke à sec.
Voir en pratique la suite des gestes, avec Michel Garcia, sur la chaîne d'Emilie Fayet (2016)
La même procédure avec de la camomille matricaire pour le jaune:
Doses d'alun dépendent de pigment. A nous de faire les tests pour évaluer les doses d'alun pour chaque bain, Michel Garcia donne des pistes dans ses livres et son DVD.
Selon Ellis et Boutrup (voir ci-dessous), pour chaque litre de bain épuisé, on ajoute 10g d'alun et la moitié de base. Mais dans un litre de fin de bain de garance ou de cochenille, je n'ai pas du tout les mêmes dosages? Le premier est souvent à 70-100%, le dernier à 15% max' chez moi.
Lors de mes tous premiers essais, j'ai testé ce jour les bains en cours de test, soit: tanaisie, gaude, nerprun, curcuma, garance, cochenille. J'ai ajouté en premier test 50% d'alun à chaque (rapport au poids de matière de départ: 50g de gaude -> 25g alun-> la moitié de carbsod). Je dois encore raffiner.
Quantités de vidéos annoncent "comment faire les laques". Quand on veut savoir qui suivre, si on est méthodique et rationnel, il est facile de repérer les touristes en teintures. Dès qu'ils commencent à teindre avec du chou rouge, des haricots noirs, des framboises: zouip, je quitte. Ce sont des teintures fugitives, c'est rien de le dire. On n'est pas teinturier alors, on joue avec des sources proches, ce n'est pas le même schéma mental. Dès qu'ils annoncent "sans alun, car il est toxique", zouip, je quitte. Voir le billet. Dès qu'ils prétendent faire une encre avec un simple jus de teinture, zouip je quitte. Etc.
Dans aucun de mes nombreux livres de teinture je n'ai d'infos sur la production de laques (sauf le premier de Michel Garcia, mais c'est un passage très court). Les laques sont expliquées dans le livre de Catharine Ellis et Joy Boutrup The Art and Science of Natural Dyes. J'adore le travail d'Ellis (je ne connais pas Boutrup), je lis souvent son blog. J'aime sa rigueur, sa méthode. Mais je ne peux me permettre de dépenser un budget pareil pour un livre dont je n'extrairai que les infos sur les laques: 82€!!! Même si je débutais en teinture, pour moi c'est trop cher. Alors que la vie devient impayable en Europe, on quadruple les prix des livres? Je ne vois pas comment justifier cela, étant moi-même du métier puisqu'éditeur. Le monde des teintures naturelles de Dominique Cardon coûte 59€ mais que c'est une vraie bible, richissime, quasi une encyclopédie, près de 800 pages écrites en tout petit, par une grande professionnelle de l'Histoire... En tissage aussi, quelques tisserandes très douées, mais peu pédagogues, produisent des livres qu'elles vendent à des prix non justifiables. Cela doit tenir à une faille/taille de l'ego, que je respecte, mais le client n'a pas à payer pour cela, non? Bref. Fin de ma petite crise éthique.
Je vous conseillerais de suivre les procédés que Michel Garcia nous montre dans son DVD: comment produire des laques à partir des bains épuisés ou de bains neufs.
Sur ce sujet, je vous invite aussi à regarder une partie de la conférence de Natalie Stopka chez Botanical Colors, 10 mars 2022. Minutes 17 et suivantes: https://youtu.be/vqU9i-Y1l0o?t=1054. Elle explique aussi à minute 15 https://youtu.be/vqU9i-Y1l0o?t=899 le principe ancien de stocker les teintures dans des tissus non mordancés (clothlit en anglais, aussi clothlet - traduction cloth et let = le tissu libère, c'est clair!).
Sous-titres français: manoeuvre habituelle, voir mon billet ad hoc.
La présentation par Stopka est édifiante dans la mesure où, lors des questions/réponses, elle insiste sur l'impossibilité de penser grammage lorsqu'on produit des laques. Beaucoup d'instinct, beaucoup de jus de cerveau, des notes vous permettront de trouver votre protocole perso, pour la plante X. A bas la gramme-attitude, bravo Stopka!
Généreusement, elle partage aussi le procédé pas-à-pas chez Botanical Easy How-To Make A Lake Pigment Je me permets de résumer en français ci-dessous, vous irez lire chez Botanical le détail et regarder les superbes photos. J’ajoute aussi des commentaires perso, dérivés de mon visionnage des DVDs de Michel Garcia sur le suje et de mes diverses lectures sur le net, chez des pros. Ils sont en italique, précédés de "TL".
Traduction automatique par robot: trop de possibilités, j'imagine que vous connaissez la meilleure pour vous. Généralement, on clique droit sur la page pour avoir la traduction immédiate.
Précaution: Stopka est une artiste du marbrage, pas une technicienne pure. Elle prétend que les laques ne tiendront pas sur les tissus (elle utilisait auparavant de l'acrylique). Elle les enduit d'abord longuement et laborieusement de multiples couches de lait de soja, "pour que ça tienne". Je crois que mamzelle est encore dans ses réflexes d'acrylique (soit de la peinture sur tissus). La charmante Stopka ne semble pas au courant qu'il faut redissoudre le pigment laqué avant d'en faire une pâte d'impression; ce sera alors à nouveau une teinture et non un pigment inerte qu'il faudrait enfermer dans des couches protéiques. C'est en tout cas ce que je comprends, à ce stade. Voir ma remarque ici.
J'ai aussi découvert un groupe facebook très structuré et très bien informé Natural Dye Education, où j'ai pu lire tout ce qui avait trait aux laques (un bien pratique bouton "chercher" sur le groupe, que si peu d'internautes utilisent). Laque se dit "lake" en anglais. 2025: le groupe a déménagé sur mewe.com
Je conseille vivement ce groupe, malgré mon frein habituel face à ce réseau, car la créatrice Mel Sweetnam est rigoureuse, méthodique, rationnelle. Cela m'enchante! Elle explique les fondements chimiques et me semble aussi allergique que moi à la réaction "c'est magique", qu'on entend si souvent en teintures végétales. Elle canalise très subtilement les internautes quand ils partent en toupie sur des rumeurs du net.
On peut aussi télécharger de chez KremerPigmente (DE) une recette de laque de garance (une parmi les dizaines existantes):
Kremer Pigmente vend aussi la laque prête. Ils s'inspirent d'une recette du XIXè, similaire à celle qui précède, et montre le processus en photo, ainsi que leurs tests de résistance lumière.
On peut transformer cette laque à nouveau en teinture, soit d'immersion, soit par pâte d'impression: on la dilue dans de l'eau chaude; on ajoute goutte à goutte, de l'acide chlorhydrique (laine/soie) ou de la lessive de soude (?), selon les cas, en remuant. Ce geste est souvent montré dans les vidéos de Michel Garcia. Dès que la laque est dissoute, on teint comme d'habitude le fil ou le tissu. Possible pour coton?
NB: un acide ou une base forte? L'aluminate en question est amphotérique, ce qui signifie qu'il se comporte en acide ou base si j'ai bien compris. J'imagine qu'on utilise la lessive de soude pour teindre ensuite des cellulosiques; l'acide chlohydrique pour les protéiques.
Certains split-dyers dissolvent avec de l'acide citrique ou tartrique, ou du vinaigre. Ce n'est alors plus goutte à goutte. Michel Garcia conseille aussi de l'acide oxalique, à condition qu'il soit pur chimiquement, car les versions ménagères sont souvent adultérées.
Mon prochain test: dissoudre de la laque de garance fabriquée il y a dix ans, l'associer à du carmin d'indigo que je viens d'acheter chez Michel Garcia (2025), garantie de qualité. Imprimer sur soie ou teindre de la soie mordancée alun 15%.
Pour mon cas, je continuerai à suivre la recette de laque selon la technique que Michel Garcia communique avec brio dans son dernier DVD. Proche de celle que j'avais apprise en stage de peinture chez Okhra (Roussillon) avec David Cranswick. J'ai rencontré cette technique la première fois dans Couleurs végétales (teintures, pigments et encres) de Michel Garcia, 2002, p 37. On peut aussi extraire le pigment sans passer par la teinture, en partant de garance et non d'un bain épuisé. Moins écono-logique à première vue, ce serait pourtant utile pour les pâtes d'impression. C'est la recette que transmet Kremer Pigmente sur leur site.
NB 2023. Solution finalement peut-être éconologique pour économiser l'eau de teinture des bains multiples (mordant, teinture, rinçage): je pourrais peindre à la large brosse une pâte colorante sur le tissu, puis le vaporiser pour fixer la couleur, pour un résultat brillant et chatoyant. Peindre à la large brosse est, à mon souvenir, une technique japonaise. Plus d'eau de mordançage, plus d'eau de rinçage intermédiaire, plus d'eau pour la teinture: que d'économies pour nos réserves! C'est en écoutant la formidable Sandrine Rozier chez Art Eco Vert que j'ai capté cette idée.
On se rappelle que j'imagine pouvoir pratiquer la teinture dans notre petit chalet perdu dans la forêt, sans raccordement au réseau d'eau et d'électricité. Je n'y suis pas obligée, mais j'aime la difficulté.
NB 2024. J'ai essayé de peindre au pinceau mousse une pâte d'impression de garance split-dye sur un tissu de coton aluné, c'est bringé, c'est moche, exit cette idée tant que je n'ai pas vu le geste précis chez un autre teinturier.
Voici, en résumé, la recette partagée par Stopka: produire un jus, le filtrer, ajouter au liquide de l’alun et des cristaux de soude (ou, bien mieux, du carbonate de sodium) pour faire précipiter le pigment, filtrer, laver le filtrat deux à trois fois, faire sécher, conserver en récipient fermé.
Sur les photos de Botanicalcolors, on voit 30 grammes de garance en poudre.
TL. Lorsque vous le versez, surveillez que vous ne transvasez pas un éventuel dépôt, qui aurait décanté lors du filtrage.
Sur les photos de Botanicalcolors : 18g d’alun
TL J'ai appris sur la page facebook de Michel Garcia qu'il ajoute des tanins au stade ajout d'alun, pour aider au précipité.
Mes conclusions après moult lectures: pour un bain épuisé, commencez par 10 grammes d'alun par litre de bain; pour un bain neuf, par 20 grammes. On peut toujours rectifier par la suite vers le haut.
Sur les photo de Botanicalcolors, 9g de cristaux de soude
Versez progressivement la solution de carbonate de sodium dans le colorant. Il se peut qu'il y ait des bulles ! Il s'agit de la réaction de neutralisation entre l'alun acide et le carbonate de soude basique qui rejette du dioxyde de carbone. Si vous versez un grand volume d'eau (par exemple, pour épuiser un bain de teinture), la réaction sera diffuse, voire imperceptible.
TL . Ça va mousser , raison d'être du très grand récipient…Gardez un spray d’eau près de vous, qui réduira cette mousse. Ou mixez au mixeur-plongeur.
Dans sa vidéo, pour la gaude, Michel Garcia ajoute de l'argile (?sépiolite? ou simple kaolin?) dans le jus filtré pour piéger verts dans la gaude ( 1cs bombée pour 2 litres de jus). Filtrer une fois de plus à cause de cet ajout d'argile
Pour des hobbyistes comme nous, n'importe quelle base convient, y compris de la lessive de cendres de votre foyer. Ce sont les pros qui doivent effectuer des calculs précis selon poids moléculaires.
Il peut s'écouler jusqu'à 24 heures avant que le liquide ne passe à travers le filtre, en fonction de la quantité de matériel végétal dont vous disposez au départ.
TL Je laisse décanter une nuit, j'extrais l'eau délicatement en déversant dans l'évier, le bocal à peine incliné. Il ne reste alors que de la boue très colorée, plus facile à filtrer. Je filtre au travers d’un polyester fin (j’utilise des vieux rideaux en polyester trouvés sur la rue, ce tissu est facile à racler et à laver.Je laisse filtrer calmement, toute la journée, parfois moins.
Le filtrage peut prendre 8 à 24 heures ou plus, si vous n’utilisez pas de filtre à vide d’air comme le fait le gars d’Alchemical, voir photo
TL Je rajoute par 5 grammes d'alun et 2.5 g de carbonate de soude, j'évalue au pif.
TL Michel Garcia rince le filtrat pendant le filtrage: soit dans le filtre comme on le voit dans la vidéo ci-avant. Je préfère les 3 à 4 lavages à la Stopka, car j'ai le choix! youpie!
Eau distillée? Choisir en tout cas une eau non contaminée (le fer ! attention au fer dans certaines eaux de distribution). En général on propose de l’eau distillée, mais en bonne écolo je m'en voudrais d'en acheter en bidon plastique : j’utilise l’eau résiduelle du séchoir ménager qui, si j’ai bien retenu mes cours scolaires, ne peut pas contenir de contaminants métalliques (ils ne s’évaporent pas, n’est-ce pas…). C'est mon eau déminéralisée maison. Autre solution: utiliser de l'eau bouillie.
TL J'emploie de larges chutes de polyesther pour filtrer. Je peux ramasser les coins, et tourner/presser comme pour du jus de pommes. Cela m'évite d'attendre une nuit, si je n'ai le temps de teinturer que ce jour là.
Étendez votre filtre de pigment humide pour qu'il sèche.
TL. C'est là qu'on comprend comme c'est long: trois jours quasi. Pas laborieux pour autant: cinq minutes par jour. Mais long. Chez Michel Garcia on a appris à sécher les pigments au microondes, à ce stade de la procédure.
On peut aussi en faire une pâte d'impression: ne pas sécher, mais garder dense avec un peu d'HE de girofle; redissoudre avec un peu d'acide chlorhydrique ou du vinaigre en haute quantité (genre dix fois plus que le poids du pigment) et un peu chauffer; gommer; imprimer; vaporiser le tissu teint pour stabiliser la teinture.
On peut aussi stocker la pâte et l'utiliser comme un extrait pour une teinture ultérieure (laine/soie; pas le coton ai-je compris?), en le redissolvant comme une split-dye
Rappel. Voir l'original chez chez Botanical Easy How-To Make A Lake Pigment pour les photos et d'autres détails.
21.11.19 Avec son autorisation expresse, je partage ici des photos prises au stage de 2019 chez Michel Garcia: Fabrication de pigments laqués pour artistes en couleurs naturelles. Photos qu'il partage sur sa page fb et que je transmets ici, pour celles qui ne sont pas abonnées à ce réseau. On y voit comment Debbie Leung, stagiaire, utilise les pigments laqués en sérigraphie.
Ce stage s'est déroulé au village du Faouët, dans le Morbihan, le week-end passé. Garcia partage une approche simple, claire et scientifique pour bien comprendre les principes de la fabrication des principaux pigments végétaux pour la Peinture et les Arts appliqués (Indigo et dérivés, laques de garance, carmin de cochenille, laques et stils de grains jaunes, etc.).
A partir de leurs pigments végétaux, les stagiaires ont appris à formuler une encre de gravure (campêche, indigo, cochenille) ou des aquarelles : laques de cosmos sulfureux (pour de l'orange), de sophora du japon (pour du jaune) et de millepertuis (pour du vert).
Quand on comprend les fondements, tout est possible à qui a du talent comme on le voit en photos ci-dessous. C'est ce qu'on aime dans les stages avec Michel Garcia: avec son don pour la chimie verte, il aide à construire un projet de manière pensée, rationnelle, sans mantra. Il facilite les teintures modernes ***et efficaces*** en modernisant les connaissances de nos Anciens.
"Pâtes d'impression pour réserves colorées sur soie, avec Debbie Leung. La pâte de sophora ( jaune), et la pâte de galle de Chine sont appliquées successivement, à travers un pochoir de feuilles de fougères, puis on vaporise, on teint en indigo et on lave!"
source billet pour les facebookiens
Curieux du déroulé de ce que Debbie Leung nous montre? Un tour sur le site de Michel Garcia ou sur sa page fb pour découvrir les prochains stages. Ou invitez le maestro pour un stage près de chez vous!
On peut travailler en peinture avec un pigment bleu d'indigo, mais la procédure est assez différente de celle qui est exposée ici. Une série de vidéos, en français, par Michel Garcia, expose la technique, chez Emilie Fayet. Le concept d'extraction de ce pigment est exposé dans le chapitre ad hoc "l'indigo: mon résumé d'amateur".
Je sors aussi ce pigment de cette page, car à l'inverse des laques, transparentes et aériennes, le pigment d'indigo peut être très foncé. On peut le mélanger à une charge comme la craie pour un ton plus doux.
Ceci ouvre un vaste sujet d'exploration:
Technique annexe, en garance, si riche en colorants divers. Dans sa vidéo nr 3, Michel Garcia utilise de la garance du teinturier en poudre, pour en extraire le pigment carmin et en faire un monobain acide. On peut retrouver cette technique exposée en photos sur son compte facebook. Je ne reprends pas les photos (même non membre de ce réseau, vous pouvez voir au moins un billet à la fois). Je me permets de transmettre ici, pour les plus avertis parmi les teinturiers, le descriptif de sa procédure.
Monobain acide
NB Si on utilisait de la cordifolia, on pourrait ajouter de l'eau bouillante
Laque
mes tests à l'arraché: ajouté à la laque en poudre 1/3 pva versus 2/3 pâte pigmentaire - ne poudre pas, reste bien vif même après 15 jours au soleil
photo de droite: idem avec caséine maison
Il est super clair à suivre, c'est un plaisir. Mais attention, il ne suit pas les mêmes sources que nous, les proportions et le procédé sont un peu différents.
Demain, je ferai de la laque de santal, vu qu'on vient de m'offrir des sacs de plantes provenant de l'héritage de la chère feu Nana, grande teinturière. J'extrairai le colorant à l'alcool, comme le fait Sandra Rude - je produirai donc la laque dans une semaine, le temps que le colorant se donne à l'alcool.
Pour sa version de garance, Alchemical Arts suit la recette de Joseph Bersch, qui bout la garance dans de l'eau et ... de l'acide sulfurique. Amis hobbyistes, on oublie!
Pour ses expériences sur les laques, le gars d'Alchemical Arts (qui ne donne pas son nom, désolée, je dois donc l'appeler ainsi - j'ai déduit de son accent qu'il est néozélandais ou proche, je n'en sais pas plus) s'inspire du livre de Joseph Hersch: The Manufacture of Mineral and Lake Pigments, Containing Directions for the Manufacture of All Artificial Artists and Painters Colours, Enamel Colours, Soot and Metallic Pigments. Publié en allemand au début du XXè siècle, traduit en anglais vers 1923, apparemment.
Je ne me prends pas pour Dominique Cardon ou Michel Garcia, je n'ai pas leur background technique. Mais mon équivalent de bac' en Belgique était le binome "histoire et chimie". A 68 ans, j'ai toujours la même passion pour les siècles qui nous ont fait. J'ai aussi beaucoup lu les Leuchs et Dambourney qu'on peut lire sur le net désormais, sans les prendre à la lettre. C'est une visite temporelle plutôt que spatiale dans ce nouveau domaine que j'explore depuis 2014 environ.
On peut télécharger The Manufacture of Mineral and Lake Pigments chez Ebookreads, en plusieurs formats. Ce que je fis à l'instant. La partie sur les laques commence page 343. On peut aussi l'acheter en ligne, format papier, pour près de 40€. Que je n'ai pas. Je me fais donc des copies d'écran de ce qui m'intéresse, je les consigne dans un "livre dont je suis le héros".
J'ai bien évidemment commencé par lire les passages sur la chère garance, dont l'auteur extrait l'alizarine en bouillon à l'acide sulfurique. Pourquoi la garance? Parce qu'elle est compliquée. J'aime ça ;) Je ne testerai pas les recettes de Bersch comme le fait Alchemical Arts, je n'ai pas assez d'heures dans la journée. J'utiliserai les techniques "laque" détaillées plus haut (Stopka et Garcia), mais je comprendrai peut-être mieux le pourquoi du comment dans ce livre-ci.
Chez Gutenberg, on peut aussi lire son THE MANUFACTURE OF EARTH COLOURS, 1918, traduction anglaise 1923 - avec illustrations
A la BNF-Gallica française, seuls ses ouvrages en allemand et sans rapport à notre sujet "teintures naturelles":
Sur le sujet des extraits et laques, il existe un livre en français de 2018, par David Damour, peintre, qu'on peut lire en kindle - version tronquée, hélas: chaque page est coupée. Peu importe, parce que c'est de toute façon du grand n'importe quoi. Lorsque j'explorais la fabrication de peintures et encres maison en 2008, j'ai beaucoup lu le merveilleux site de dotapea.com (hélas disparu), créé par un chimiste de la peinture pointu. Il n'avait pas de mots trop durs face à Damour, qui tenait un blog sur les peintures maison; avis confirmé lorsque j'ai pu feuilleter le livre " Colorants encres & pigments des végétaux" : des erreurs techniques à foison, des amalgames, mille et une recettes d'encres à base de fleurs, comme du rouge d'hibiscus (dont on sait le devenir), des affirmations péremptoires non sourcées... Et dire que je peux en juger ainsi alors que je suis de niveau franchement hobbyiste.
En gros: un touriste, qui vient de faire ce que je redoute (se prendre pour Michel Garcia, sans en avoir les bases techniques). On peut donc le lire, mais il faudrait alors TOUT vérifier.
On peut peindre en bleu, ou stuccer en bleu, si l'on intègre le pigment bleu Maya, dont Michel Garcia nous a donné la recette dans un de ses premiers DVDs chez SlowFiber. La recette est désormais sur le net, j'intégré de quoi vous donner envie de l'apprendre dans le fascicule sur l'indigo
En peinture murale ou de chevalet, si l'on veut rester dans le strict naturel, on peut intégrer soit des terres naturelles soit des pigments que nous produisons à partir des bains de teintures: des pigments laqués, comme décrits ci-dessus. On en ferait ...
NB. D'abord dissoudre la caséine dans un fond d'eau, laisser agir 1 heure.
Ajouter le reste de l'eau en une fois et la chaux (ou autre base), on voit la caséine se dissoudre et le tout devenir du lait plutôt que de l'eau chargée;
il faut bien remuer pendant la transformation (revenir touiller de temps en temps) sinon ça prend en masse
On pourrait en faire de la gouache, mais on perdrait la qualité de transparence, non? Le principe de la gouache: c'est de l'aquarelle avec un opacifiant
Avis aux novices en usage de pigments. Il FAUT ajouter un liant comme caséine, gomme, ou même pva comme je l'ai fait dans mes tests . Pourquoi? Le pigment mouillé seul va s'accrocher au papier, certes, mais dès que l'eau sera évaporée? le pigment n'attachera plus, on le frottera d'un coup de main. Opération nulle!
Pour voir en vidéo et en français comment on produit de l'aquarelle, un petit tour chez Cindy Kaercher
Aparté: Kaercher me fait sourire en coin, lorsqu'elle conseille de porter un masque pour broyer les pigments. La mode américaine inane est donc déjà prégnante chez nous? En hobby, chez eux, depuis des années, c'est "gants et masques et respirateurs divers"... mais ils acceptent que des villes entières soient saupoudrées d'inscticides par avion, ils acceptent de manger de la m..; en bâton (80% des Ricains mangent 80% de leur ration en ultramanufacturé); ils acceptent des injections expérimentales et autres médicaments non testés, les yeux fermés. Avouez qu'il y a de quoi sourire... Ces protections sont ici la manifestation d'une pensée magique, que je respecte, mais que je me permets d'énoncer.
La peinture à la caséine - qui sera mon choix ici. Parce que.
Vers 2000, j'ai fait un petit travail de recherche quand j'essayais de comprendre les peintures naturelles, tant pour un projet artistique que pour des utilisations domestiques (peindre mes murs). J'avais réuni ces recherches sur un blog intitulé "Certains l'aiment chaux", blog que j'ai désactivé.
Je reprends certaines recettes et infos ci-dessous, à base de ces formidables ingrédients oubliés...
Comme dans tous mes blogs, ce sont mes notes perso. Ne les prenez pas comme des tutos, demandez plutôt confirmation à votre professeur d'atelier.
On pourra produire des pigments à base de nos fins de bains de teinture, selon les procédés ci-dessus, et les intégrer dans de la peinture à la caséine faite maison. On magnifiera ainsi des petits objets en bois, par exemple. Je doute qu'on puisse produire assez de pigments laqués pour des peintures murales, pour lesquelles j'ai d'ailleurs quasi toujours utilisé des pigments de terre, naturels.
NB "Wehlte": en peintures naturelles, j'y ferai souvent allusion, c'est le livre de base que j'utilise pour les recettes -> "Materials and Techniques of Painting", de Kurt Wehlte, 1982 - traduction EN de "Werkstoffe und Techniken der Malerei". Je l'avais acheté à l'époque chez Kremer par correspondance, il semble désormais épuisé, même en allemand. On peut le louer via le réseau des bibliothèques https://www.worldcat.org/fr/title/20544584
Je commence par le liant à la caséine (dérivé du lait), je suivrai avec des émulsions gélatine ou cire d'abeille. Par jeu, je n'intègre que des terres naturelles (les seuls pigments naturels, les autres étant annoncés comme naturels sont des dérivés du pétrole... je me suis fait avoir au début, comme tout le monde) ou des pigments réalisés à l'ancienne, à partir de bains de teinture végétale.
C'est un jeu d'auto-limitation, ce n'est pas une obligation. On peut faire de très belles choses avec du jaune de Naples ou du vert de naphtoquinone, dilués dans une détrempe de caséine ou d'oeuf.
Les plus passionnés de chimie, qui voudraient comprendre les recettes à l'ancienne, liront le site miroir de l'ancien Dotapea, si excellent, en français: par exemple https://cbonvin.fr/sites/www.dotapea.com/chap03caseine.html. Leur présentation de ce produit:
" C'est une sorte de "gouache médiévale", réversible comme la gouache contemporaine pendant quelques heures ou même quelques jours mais guère davantage en principe bien que l'on ait reçu des témoignages évoquant plusieurs semaines. Après quoi elle devient totalement imperméable.
La caséine a peu d'autres points communs avec d'autres liants.
C'est une substance naturelle issue de fromages blancs, de petit lait. Elle contient en premier lieu du calcium et de l'acide phosphorique.
Elle a servi à la préparation et à la réalisation d'icônes. La "milk paint" (désignation anglo-saxonne usuelle qui ne doit pas nous induire en erreur : la matière première n'est pas directement le lait) sert encore comme enduit, comme colle à maroufler (lire passage in Le Marouflage) comme liant à peindre et, paraît-il, comme adjuvant dans la fabrication de certaines encres ainsi que comme colle à bois notamment dans l'industrie et enfin comme ingrédient de pâte au bois dans différents secteurs d'activité.
Ce produit est apprécié car son comportement fiable est bien connu depuis des millénaires. Il faut cependant bien veiller à l'employer à bonne escient, respecter ses spécificités. Ce n'est pas une colle-liant ultramoderne, multi-usages et multi-supports !
(...)
La caséine donne une touche bien précise et un film généralement très solide, dur. Elle convient idéalement aux supports eux-mêmes durs, solides, présentant un peu ou beaucoup de porosité tels que le plâtre ou surtout le bois car elle est inattaquable par les vers. Pure ou mélangée à la chaux, elle laisse respirer des supports tels que les vieux murs, qui en ont besoin. Pourtant elle est assez "imperméable" pour résister (bien sèche) au lavage à l'éponge.Grâce à sa solidité, elle peut être poncée. Des enduits et gessos très fins peuvent donc être réalisés."
.Comme nous l'avons dit, la caséine sert à enduire les support, mais aussi à peindre. On parle alors de tempera à la caséine, puisqu'il s'agit pleinement d'une détrempe.
Bien que tombée en désuétude, c'est une peinture à part entière qui a largement fait ses preuves et ne doit pas être négligée. Elle offre de splendides veloutés, mais aussi des transparences remarquables et inattendues.
Les empâtements ne produisent pas de craquelures mais de minuscules cratères et des sortes de paillettes.
Pour qui veut essayer ce procédé de peinture pour la première fois, une caséine soluble en poudre et une simple planche de bois modérément épais suffisent. Un papier épais ou de la toile peuvent même être employés, pour autant que la peinture contienne un assouplissant. Mais on peut aller beaucoup plus loin : travailler sur des murs entiers, mélanger les liants et effleurer des techniques telles que la fresque, exploiter tout au contraire la finesse de la caséine pour fabriquer une encre, etc.
Pour les travaux sur de grandes surfaces, il est conseillé pour des raisons de coût de fabriquer soi-même le produit et d'utiliser, si possible, des mélanges (voir ci-dessus).
On peut peindre à la caséine (connue sous "peinture de lait" ou "milk paint") en peinture murale ou de chevalet. Elle paraît une détrempe (puisque peinture à la colle), mais à la différence des autres détrempes, la colle n'est pas toujours soluble à l'eau après séchage long. En peinture rapide, elle se comporte comme de la gouache.
En artistique, on peint sur bois ou surface dure au principal. La peinture caséine est cassante: on ne l'utilisera pas sur des supports mouvants, comme du papier. C'est bien son seul défaut. Pour le reste, quels atouts: facile à réaliser, peu chère, transparente, accroche facilement. Je l'ai testée sur métal, elle tient sans primer. Idem sur du plastique et du verre!
Trois options:
J'omets l'option 1, on trouve plllllein de marques sur le marché.
Option 2. Voir chez votre fournisseur habituel. J'ai trouvé du liant caséine chez Kremer, par le borax: "Wehlte a recommandé la saponification de la caséine avec du borax. De cette façon, le fongicide est déjà contenu dans le liant de caséine. Non dilué, ce mélange peut être utilisé comme base pour la détrempe à la caséine, comme liant pour la peinture sur bois ou sur toile, il doit être dilué avec 3 parts d´eau. Durée de conservation : 9 mois après la production." 29 € le litre environ -> https://www.kremer-pigmente.com/fr/shop/mediums-liants-colles/liants-hydrosolubles/liants-gommes-naturelles/63210-liant-la-casine.html
Option 2a. Faire sa propre peinture à la caséine: ce sera l'objet de la suite de l'article. On ajoute le liant caséine à une base de: (et/ou) craie - poudre de marbre - kaolin - talc - huile - pigments.
Si on fait le liant soi-même, il faudra la solubiliser à l'aide d'une base. L'alcali choisi sera différent, puisque les propriétés attendues sont différentes. J'ai suivi un atelier de peinture naturelle où on ajoutait des pigments à du fromage, tel quel: c'était annoncé comme peinture. Rigolo! Je n'ose imaginer le délicat parfum des murs dans les mois qui suivent. On ne peint pas au fromage ni même au lait, on a besoin d'extraire l'élément collant qui est la caséine :)
Selon JPP de Caseo.fr via un forum, même date:
"Pour nos applications en peinture il faut impérativement de la caséine ACIDE, de bonne qualité, et très fine (90 mesh). Celle ci vaut 2 fois plus cher qu'une caséine présure standard et 4 fois plus qu'une "technique classe 3", ce qui explique qu'actuellement la plupart des revendeurs qui ne voient que le prix ne proposent que de la caséine présure (qui est la plus facile à trouver) de classe 2 ou 3 (c'est à dire les ratés de fabrication, ou réalisée avec des laits impropres à l'alimentation pour cause de présence importante de métaux lourds !), en mouture grosse. Le taux d'insoluble (% de caséine qui ne se solubilisera pas) peut aller jusqu'à 5% et surtout elle ne collera pas ou très peu les pigments ou charges sur le support !!!"
On peut tester la qualité de la caséine en poudre, ce que j'ai fait en 2015 sur celle que j'avais achetée chez Le Lion. Technique de JPP:
"Laissez tremper une solution à 10% (par exemple 10g de caséine pour 90 ml d'eau) pendant quelques heures en remuant de temps en temps. Votre caséine acide dont le pH est de 4,6 ne se dissout pas et c'est normal. Ajoutez progressivement un peu d'un alcali faible (pour ne pas modifier le pH trop rapidement) à cette solution acide pour faire monter le pH au dessus de 6,8. Si la caséine commence à se dissoudre c'est que vous êtes en présence de caséine acide. Si votre caséine ne se dissout pas … vous pouvez jeter votre sac … désolé".
Au passage, souvenir d'un paragraphe de JPP: ""Pour fabriquer artisanalement notre "peinture à l'ancienne", nous utilisons d'abord de la caséine (beaucoup !), un mélange d'argiles, de terres, de pigments non toxiques, et un peu de chaux avec une pincée de sels alcalins pour dissoudre la caséine. C'est tout !"
2023: je vois qu'on fabriquer de la caséine à partir de sources végétales désormais? Vu chez Galtane, notre producteur local: https://www.galtane.com/fr/accueil/103-caseine-poudre-matiere-premiere-500g.html
Technique de hobby. On peut utiliser comme source de caséine 4kg de fromage blanc à 0% (le moins cher possible est à 1 euro le kilo en 2015, mais vu l'économie globalement réalisée et les doses implémentées, on va pas se casser la tête à faire ses courses chez Aldi juste pour ça, ce serait contreproductif). Ces 4 kgs seraient l'équivalent de 150gr de caséine en poudre diluée dans 1 l d'eau.
Préparat de caséine selon fiche Okhra: "Recette à base de fromage blanc : 50g de fromage blanc. Ajouter 10g de chaux aérienne éteinte . Le fromage se transforme instantanément en colle ; on y ajoute 2 à 3 vol. d'eau. La colle obtenue est très forte et insoluble à l'eau. C'était une des principales colles employées dans l'Antiquité."
On peut partir de lait, en le faisant cailler: tiédir le lait, obigatoirement écrémé, avec quelques cuillerées de vinaigre. Laisser refroidir et cailler, puis filtrer dans une étamine. Traiter ensuite comme le fromage blanc.
Je préfère la caséine en poudre, les recettes qui suivent l'intégreront.
J’utilise beaucoup le livre de Wehlte. Voir photos.
La caséine doit être trempée une nuit dans l'eau; ce n'est qu'ensuite qu'on la solubilise (la digère) avec une base pour produire du caséinate, soluble.
La caséine telle quelle, dans le fromage , n'est pas soluble. Il faut d'abord choisir, selon l'utilisation et selon les stocks en atelier, l'alcali de solubilisation: chaux, ammonium, borax, etc.. J'ai suivi un stage lors duquel le "prof" nous a fait peindre avec du fromage blanc coloré. Ce n'était pas de la peinture!
Borax: la colle est réversible, dommage pour une peinture murale, super pour une colle de relieur. Ammonium: privilégiée théoriquement en peinture de chevalet, puisque l'ammoniaque disparaît. Wehlte trouve que cette base met beaucoup de temps à disparaître, au contraire. Or, on est très attentif au pH des mediums, qui peuvent abîmer les supports.
Selon Jean-Pierre Pellegry de caseo.fr (société hélas disparue), extrait d'un de ses msgs sur un forum, vers 2003 (?):
" 1 - Base divalente type chaux laisse un film de caséinate non réversible (mais la durée d'utilisation est courte car la chaux transforme rapidement la caséine);
2 - Base monovalente type ammoniaque, sel de sodium ou borax laissent des films de caséinate réversibles (c'est à dire qui redeviennent liquides en contact avec l'eau;
L'intérêt du borax est double : il est un antibactéricide léger et accroit la durée de vie du caséinate et surtout n'est pas soumis à l'étiquettage Xi comme la chaux (important pour les fabricants !).
Contrepartie, un simple coup d'éponge humide et la peinture s'en va "!
NB. Hommage à JPP, qui intervenait sous le pseudo de scombrax, nous a appris carrément le métier via les forums où il intervenait. Sa société commercialisait des produits de première qualité. Il n'était pas avare de conseils et, surtout, expliquait les tenants et aboutissants d'une pratique.
Apparemment on peut utiliser le liant au borax en reliure papier et en peinture. Caseo/JPP vendait une colle à bois à base de caséine, . 5.90€ pour 150g (+ 300ml eau = presque un demi litre de colle) . "Préparation : mélangez une part (en poids) de poudre dans deux parts d'eau. Laissez reposer 15 mn et remuez à nouveau avant application. Mise en oeuvre : Appliquez une fine couche sur une des surfaces à coller, ou sur les deux faces pour les bois très tendres. Serrez les pièces avec un serre-joint pendant 4 à 5 heures minimum (le chauffage de la partie collée avec un sèche cheveux accélère le temps de prise)."
NB J'en déduis que Caséo vendait de la caséine déjà solubilisée?
On intègre le liant caséine dans d'autres recettes: dilué à 9 volumes d'eau, ce sera un fixatif à la caséine; dilué à 4 volumes d'eau, on produit des lavis colorés; augmenté d'un volume de charges, on obtient un badigeon mural. Selon Wehlte, un litre de solution caséine peut accueillir un kilo de craie ou une autre charge, comme les pigments.
Je compte encore tester le mélange de liant de caséine au lait de cire ou à la cire fondue que j'utilise en peinture.
David Clemons (voir ci-dessous) remplace par exemple la colle de peau de lapin par du liant caséine, sur les supports bois.
On peut ajouter du liant caséine à une peinture acrylique pour augmenter son pouvoir d'adhérence sur des surfaces lisses. On peut aussi ajouter ce liant pour augmenter la viscosité d'une peinture acrylique.
On peut aussi utiliser la caséine comme fixatif soit sur un fond mal adapté, soit sur un fond à protéger (ce que j'ai dû faire sur un mur que j'avais peint à la Calamity Jane, avec beaucoup trop de pigments, qui poudraient). Le fixatif est utilisé en spray sur des pastels, aussi.
Recette selon (feu) Danielle Duruisseau, chez qui j'ai suivi un long stage sur la fabrication des stucs muraux:
Pour opacifier : ajouter de la craie. Garder au frigo sinon sent très fort. Ajouter 3 gouttes d'essence de clou de girofle pour la conservation
Ou comment préparer une solution de caséine par la chaux selon Wehlte. J'ai arrondi aux mêmes proportions que la recette précédente, mais en général on ne prépare que de moindres doses, pour des questions de conservation - et bien moins pour un premier essai.
Selon Kremerpigmente, cette dose permet de peindre une surface lisse non absorbante d'environ 20 mètres carrés (?).
Wehlte insiste pour qu'en peinture artistique (et non décorative), on solubilise la caséine par du borax qui est un plus faible alcali qu'ammonium ou potassium - puisque, selon lui, à l'inverse de la caséine pour peinture murale, on n'a pas besoin de résister à l'usure du frottement ou des pluies. Si on veut protéger cette couche (qui serait resoluble à l'eau), on peut peindre une fine couche de gomme-laque.
Selon DBclemons, on peut ajouter du sirop ou du miel pour retarder le séchage (ou une pointe de glycérine, ingrédient moderne qui remplace l'ancien sucre). Clemons est un artiste généreux, qui partage ses recherches. Voir par exemple https://dbclemons.weebly.com/apps/search?q=casein.
Rappel : Je partage mes notes de stage ou de lecture, ceci est un carnet de voyage. Pour de vrais tutos, inscrivez-vous à un atelier chez un prof' averti.
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