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19.1.2025 En complément du billet récapitulatif sur le sujet, je me rends compte que je n'ai pas consigné comment je fais du bleu d'indigo pour fabriquer une belle couleur pour aquarelle.
Le bleu d'indigo est très particulier: c'est notre seul source colorante en teintures naturelles courantes qui n'est PAS soluble dans l'eau tel quel, car c'est un pigment. Il faut donc lui faire subir un traitement particulier pour le "faire monter" sur une fibre - secret d'une cuve d'indigo bien montée.
On peut aussi l'encapsuler dans de l'argile, pour le rendre stable en peinture et en savonnerie: il devient le bleu des Mayas, récemment découvert. Je pourrai l'intégrer aussi dans mes papiers faits main à la cuve. On apprend comment les historiens ont redécouvert le secret de cet étonnant mélange d'organique et de minéral dans l'atelier en ligne de Michel Garcia chez Studio Galli, en 2011: en fin de vidéo, il plâtre un mur en partie en bleu en mélangeant cette matière et du bleu des Mayas qu'il vient de confectionner devant nous, détaillant tous les points essentiels de réussite.
Lire l'historique de la découverte (en anglais)
La recette est assez simple. On peut la retrouver chez Suzanne Dekel, qui en fait des pastels gras là où j'en fais de l'aquarelle.
L'argile n'est pas n'importe laquelle: l'analyse révèle que les Mayas utilisaient de la craie et de la palygorskite, un mélange particulier de silicates d'aluminium et de magnésium. Quasi synonyme de palygorskite: sepiolite ou attapulgite (qu'on peut acheter chez Mon-droguiste.com, entre autres); Dekel choisit soit kaolin soit bentonite.
La recette est simple, mais c'est la manoeuvre de sublimation de l'indigo qui, transformé en gaz, doit se loger à la place de l'eau évaporée dans l'argile, qui est délicate. Par ailleurs, il faut mixer soigneusement en fine poudre les deux ingrédients au départ.
Voir chez Slowfiberstudios (qui vendent le mélange), de mélange grisâtre on passe à bleu pervenche pour revenir au "bleu wade" des jardins anglais, une turquoise foncé:
Pour voir la manoeuvre complète en images qui bougent, si vous n'avez pas accès à l'atelier de Michel Garcia, pour une fois ne visitez pas la chaîne du gars d'Alchemical arts, je ne sais d'où il tire sa procédure. Ce n'est pas le bleu Maya. La vidéo d'un J. Pippal est plus détaillée: on y voit comment il faut patiemment cuire ensemble argile et pigment pendant près d'une demi-heure, en tournant en permanence. Mais le résultat en aquarelle peinte par ce charmant monsieur, en fin de vidéo, ne ressemble pas au merveilleux bleu lumineux original.
On peut aussi acheter le bleu des Mayas en France chez Champs des couleurs:
Profitez-en pour vous procurer l'un des pigments laqués qu'elles produisent, ce qui vous épargnera de les produire vous-même (probablement en moins bonne qualité, pardon de vous décevoir: la réalisation demande du métier...):
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