27.12.24 Bonnes résolutions de l'année: vous voulez mener les teintures végétales comme un pro, en comprenant le sujet au point que vous pourrez créer avec tout ce que vous glanez dans votre environnement.
Vous n'avez pas l'occasion d'assister aux stages avec Michel Garcia, en Bretagne?
Une seule autre adresse: ses ateliers de teintures naturelles en ligne, chez Studio Galli
Un must pour un apprenti teinturier curieux: les 4 DVDs (ou alors un seulement, allez...) de Michel Garcia (2012 à 2019) chez StudioGalli, avec Yoshiko Wada.
Un bijou: on suit un stage, toujours dense et passionnant avec ce seigneur de la teinture. Le plus? Comme c'est digital, on peut resuivre le stage autant de fois qu'on veut (très utile quand c'est "dense"), on voit et revoit clairement les gestes techniques. Idéal pour une autodidacte comme moi.
Ils s'achetaient en Europe chez Michel Garcia (FR) ou via d'autres distributeurs. Mais comme plus personne ne lit les DVDs, Slowfiber offre aussi les ateliers en vidéo en streaming, à 12€ la location d'une vidéo (NB 2025: plus de streaming possible, apparemment), à 48€ l'achat d'une vidéo. Ce n'est rien pour la quantité et la qualité d'infos, la qualité de finition du film. D'autres ateliers filmés sont chez eux à 185€ la location (de 48 heures?), zouip on est repartis dans les prix dingues ! Profitons du prix modique de ces bijoux par Michel Garcia.
Vu que sur mon nouveau PC je n'ai plus de lecteur de DVD, quand je veux revoir une partie des 4 DVDs que j'ai achetés , j'emprunte à un ami un lecteur externe, connecté par USB.
Je suis chaque fois aussi excitée en attendant le dvd et je suis aussi accro à l'écran pendant la vision que mon fils l'est avec le dernier Tarantino.
++ petites incises sur l'historique des teintures, sur écodurabilité des teintures,
+++ récapitule souvent
+++ double lecture : soit pour apprendre des principes généraux ; soit pour suivre une méthode à la lettre ; les deux profils d'apprentissage s'y retrouveront
+++ dans le dvd 2, il simule en "work in progress" la façon de procéder pour évaluer nouvelle plante (la fameuse "lengua de vaca" puisqu'il tourne l'atelier en Am. Sud)
+++ Sous-titres français vérifiés, c'est du vrai français, youpie!
+++ pour certains ateliers, Slowfiber offre en bonus des notes d'atelier, des recettes, les sous-titres français ou anglais au format texte. Génial pour ceux qui croient comme moi qu'on ne retient bien qu'en lisant, parole de pédagogue de métier.
Grâce aux sous-titres minutés, on peut faire une recherche sur un sujet et retrouver le moment exact dans la vidéo. Les notes pour chaque atelier sont prises par des participants, elles sont très précises et structurées.
-- L'animateur utilise un animateur de labo (il y jette souvent un aimant): débutants, ne soyez pas impressionnés, on fait chez nous la même chose en fouettant, tout simplement.
-- Idem: lorsqu'il utilise de la chaux vive, qu'il éteint petit à petit en direct, nous pouvons la remplacer par de la chaux aérienne que l'on achète en poudre en jardinerie ou en droguerie
Si on me demande mon avis d'ex-prof', c'est par le deuxième qu'un tout novice pourrait commencer: la laine sous toutes ses coutures. Teinte au travers de 5 procédés différents de mordançage et/ou teinture, très bien exposés et répétés tout au long. Des superpositions de couleurs pour un bel arc-en-ciel. Chaque plante mexicaine est doublée de son équivalent européen, ne pas se focaliser sur les plantes utilisées sur place.
Voir l'intro de la vidéo nr 1 "Natural Dye Workshop • Colors of Provence Using Sustainable Methods" - les bases et les jeux polychromatiques à base de mordants pour les cotons et cellulosiques (gaude, cochenille, gale, feuilles de vigne rouge, feuilles d'artichaut, woad, cosmos). Utilisation d'un extrait de campêche. Impression par tampon ou pinceau, décoloration. Atelier indigo: extraction, réduction, réserves. 3 heures.
En streaming: 12€ location, 48€ achat
NB 2025: plus de streaming possible, apparemment
Sur ce lien, on trouvera la table des matières hiérarchisée (en image, en anglais)
Traduction par robot du sommaire:
Voir extraits de la vidéo nr 2 "Colors of Latin America : on wool fibers using sustainable methods"
Comprendre ce qu'on fait quand on teint les laines et quand on cherche une couleur, une technique. Mordançage classique laine + au bioaccumulateur + au jus de citron. Cochenilles, fruits, bleu des Mayas. Les fameux monobains acides. Toutes les variantes de ton + faire du noir sans fer.
En streaming: 12€ location, 48€ achat
NB 2025: plus de streaming possible, apparemment
Sur ce lien, on trouvera la table des matières hiérarchisée (en anglais)
soit:
Voir intro et extraits de la vidéo nr 3 "Organic lakes to pigments"
Faire des encres avec colorant végétal et sels métalliques; sur papier ou soie; produire les pigments par précipitation; créer une laque; une peinture caséine, aquarelle, tempera. Teindre le plâtre (indigo des Incas). 4 heures.
En streaming: 12€ location, 48€ achat
Sur ce lien, on trouvera la table des matières précise (en anglais)
Traduction par robot du sommaire:
Voir intro et extraits de la vidéo nr 4 "Natural Dye Workshop IV: Beyond Mordants ". Voir ma recension ci-dessous
La même bande-annonce sur YT, avec possibilité de sous-titres fr: Natural Dye Workshop IV: Colors of the Sea in Brittany 2018, 4 heures de vidéo.
En streaming: 12€ location, 48€ achat
Sur ce lien, on trouvera la table des matières précise (en anglais)
Traduction par robot du sommaire:
Où Michel Garcia revient aux anciennes traditions du monde entier et repère les techniques qui, modernisées et affinées, permettent de libérer le potentiel des couleurs naturelles sans mordants minéraux. Il montre par exemple comment révéler les couleurs réputées insolubles de l'alcanet et du rocou, pour des violets et des oranges vibrants.
On découvre la cuve d'indigo à partir de feuilles séchées, de pâte fraîche, de sukumo (compost) pour teindre la laine, la soie et les fibres végétales.On apprend à produire des extraits maison, des laques et comment imprimer sur laine.
Image chez https://naturaldyeworkshop.com/
Un régal! Pour teinturiers de niveau intermédiaire, car il faut avoir au moins regardé et compris l'un des trois premiers ateliers pour profiter à plein de celui-ci. Au prix où ils sont, en location ou même en achat, ne vous privez pas de les regarder tous.
Dans ce 4ème atelier, Michel Garcia revient - c'est son habitude - aux traditions anciennes et du monde entier. Il repère les techniques qui, modernisées et affinées, permettront de libérer le potentiel des couleurs naturelles sans mordants minéraux.
Il montre par exemple comment révéler les couleurs réputées insolubles de l'alcanet et du rocou, pour des violets et des oranges vibrants.
On découvre aussi la cuve d'indigo à partir de feuilles séchées, de sukumo (compost) pour teindre la laine, la soie et les fibres végétales. Tout le disque 1 est une présentation complète, pour un novice des cuves organiques. On y apprend les principes, l'historique, mais aussi la pratique (comment procéder pour obtenir des tons précis), comment entretenir la cuve, et des trucs et astuces (que faire et que ne pas faire). On peut même extraire une pâte pigmentaire d'indigofera séché (fonctionne pas avec la persicaria que j'ai en feuilles).
On apprend à produire des laques ou des extraits maison, pour teindre en casserole, pour imprimer ou sérigraphier avec ces colorants - ou encore pour produire des pigments.
Un chapitre très utile sur l'impression sur laine, que ce soit avec des colorants de la famille des flavonoides (famille "gaude", on va dire) ou des quinones (famille "garance"); et sur la technique de vaporisation (la laine doit subir un traitement de chauffe pour "avaler" le colorant). Toujours avec un outillage que l'on peut improviser en atelier "budget".
J'adore quand Michel revient aux traditions ancestrales, qui ont été dévoyées ou mal comprises depuis 2 siècles. C'est très humain, chacun voit midi à sa porte - comme les éthologues masculins qui voyaient des hiérarchies de pouvoir chez les singes en liberté, alors que leurs collègues femmes, dès qu'elles ont pu faire le même travail, observaient tout autre chose. Ecouter Vinciane Desprets sur le sujet, cette philosophe est passionnante.
Bref, un ethnologue repérant des techniques anciennes de teintures sans alun ne les comprenait pas,, puisque pour nous, à cette époque, l'alun était cardinal dans la stabilité des teintures. Or, Michel nous montre un rouge des Vikings, un rouge asiatique ancien, un rouge des Amériques , en se basant sur des sources historiques relues avec un oeil de l'électron libre qu'il est. Chouette pour nous.
NB souvenir que le rouge des Vikings associe du cormier (rowanberries, fruits acides et tanniques) avec une racine rouge; celui des Asiatiques du lac avec du tamarin séché (acide, astringent, sucres); le rouge des Indiens de l'heuchera alias "la racine d'alun" avec de la racine de gaillet. Uniquement sur laine, ces sociétés n'avaient pas le coton.
Rayon mordants, vous savez peut-être que nos techniques dites "classiques" ne le sont que par la grâce de l'industrie de la teinturerie du XIXè siècle. La quasi totalité des livres dispo actuellement (voir ceux que j'ai lus ici) reprennent ces techniques. Et si on pouvait retrouver des techniques préindustrielles, moins gourmandes en chimie? Le "classique" aurait une autre tête...
Partant de ces recherches ethno-botano-teinturières de Garcia, vous apprécierez le nombre de colorants que l'on peut fixer sur la laine en n'utilisant que des tanins et un bain acidifié: ce que je repère sur ce blog sous le libellé "monobain acide à la Garcia".
Les tests de résistance lumière de Garcia (dans le dvd nr 2) indiquent d'ailleurs que sortent premières du lot les laines en monobains acides, suivies par les mordancées en bioaccumulateur. Le dernier du lot: les laines alunées, même à 20%. Quand on pense que quasi tous les profs de teinture de hobby commencent par l'alun, réputé "le standard", on voit qu'on est endoctriné par nos grands pères adorateurs de la molécule ;) Je le fus aussi, c'est un parcours quasi obligé.
En tant que pédagogue, j'aime en particulier que ces DVDs soient présentés sous forme d'ateliers, où l'on découvre des principes par la pratique et non par un cours ex cathedra. Libre ensuite à chacun d'intégrer les procédés à sa façon: intellectuellement ou manuellement. En testant selon ses propres conditions, ses propres matériaux.
Je me sens aussi proche du discours de Garcia quand il insiste pour qu'on se détache de la "gramme-attitude" (mon néologisme), ce qui se rencontre souvent en cuisine, mon domaine d'expertise.
L'attachement à une recette précise est utile dans les tout premiers pas en teinture ou en cuisine, certes/ Mais dès que le premier semestre a passé, le novice peut commencer à étudier le matériau et le procédé au point qu'il peut affiner à l'oeil et au nez. Les ateliers de Garcia, du premier double DVD au dernier, fourmillent d'exemples pour que chacun puisse se faire confiance et se distancie de la "recette-à-la-lettre".
Quand il propose par exemple d'associer de la campêche et du symplocos pour imprimer sur laine, il ne signifie pas que c'est une combinaison fermée à reproduire à l'aveugle. Il l'utilise comme tremplin de réflexion, afin qu'un teinturier comprenne qu'il n'existe pas une seule recette, mais bien des procédés à adapter selon les matériaux et l'objectif souhaité.
NB 2024. Désormais on n'utilise plus le symplocos, par solidarité avec les paysans indonésiens, qui sortent floués de cette opération qui partait d'une bonne intention
Depuis peu, on voit avec joie une foule de teinturiers amateurs explorer leur environnement proche pour élargir leur palette de sources: on glane des écorces de pommier, des fanes de carottes sauvages, etc. Gageons que, bientôt, sous l'impulsion de Garcia, les mêmes teinturiers exploreront avec autant de passion les divers procédés possibles. Nous avons tout à réinventer...
Le DVD donne accès à des documents, des notes, sur le site du producteur. Bien pratique! Les notes par les autres participants sont un beau complément à nos propres notes.
J'ai à nouveau appris de nouvelles techniques, de nouveaux procédés - cela me promet de belles longues journées d'expérimentation!
Après la série chez Studio Galli détaillée ci-dessous, Michel Garcia a amorcé une autre série de cours chez Woolmasters.com. Ils sont filmés dans une autre ambiance que les cours chez Studio Galli: son amie Olga le filme pendant qu'il lui donne cours. C'est toujours aussi riche d'informations, mais c'est plus décousu que chez Yoshiko, les syllabi sont de qualité aléatoire, parfois abscons. Ces cours sont clairement destinés à des teinturiers avertis, les débutants s'y perdraient. Il faut en effet combler les trous (des morceaux de vidéo manquent, des discours sont coupés), les sous-entendus sont fréquents (MG est très précis, mais des infos sont perdues dans le montage, si fantasque). Donc: ces cours-ci sont clairement pour les plus curieux d'entre nous, mais pour pour des débutants ou même intermédiaires.
C'est plus cher aussi (120€ versus 12 ou 48€ selon qu'on loue ou achète*), mais on a accès à un groupe fb privé, où l'on peut poser des questions au prof'. Ces tarifs élevés sont probablement dus à l'influence américaine, où les cours se vendent cher. Woolmasters suit la mouvance. Dommage pour nous, pauvres petits européens sous-friqués.
On achète pour valoriser un auteur qu'on aime et respecte. Quand on loue pour 48 heures, les producteurs savent bien que l'on dispose tous d'un enregistreur d'écran :)
Je suis membre de certains cours, car Michel a ceci de passionnant qu'il continue ses recherches: à chaque nouveau cours, on apprend de nouvelles pistes. Les cours sont en anglais, sous-titrés en plusieurs langues. Sous-titrés en mode "craption" selon le jeu de mots anglais: caption veut dire sous-titre, crap veut dire cradingue. On comprend l'allusion. Tous les robots traducteurs ne se valent pas ;)
J'aime particulièrement que, fait rare, Michel Garcia cite toujours ses sources de recherches et son processus de test
Le site: https://www.woolmasters.com/
Notre maestro de la teinture naturelle n'est pas seul comme conseiller dans le domaine . Je fais souvent référence à lui pour diverses raisons. Primo, sur son compte fb, il est très généreux en réponses à nos questions de hobbyistes. Secundo, il valorise les teintures comme projet d'avenir et non comme seule poursuite des techniques des anciens, ce qui convient à mon tempérament. Tertio, il enseigne des principes et non des recettes fermées, ce qui plaît aussi à ma sensibilité pédagogique.
Quarto, il adapte les recettes des Anciens à nos outils modernes, comme je le fais pour ma part dans mes recettes culinaires. Quantité de tours de main des Anciens n'ont plus lieu d'être. Exemple: si on peut produire une extraction minute de garance en fouettant dans de l'eau chaude (bouillante pour la cordifolia), c'est parce que chaque ménage ou quasi dispose d'un fouet électrique. Pourquoi s'en priver?
J'achète tous les livres de Dominique Cardon pour leur travail historique. J'en apprécie le contenu, je les lis d'une traite, mais je les trouve peu utiles pour nous quand la grande dame veut nous inviter à tester ces recettes de Paul Gout ou de Janot: à quoi bon faire une forme d'archéologie expérimentale si nous, hobbyistes, ne sommes pas historiens? Ce serait du temps perdu. Ces techniques sont dépassées, certains produits ne passeront jamais le seuil de mon atelier (le cas de l'étain dans tant et tant de recettes de rouges à base d'écarlate). En outre, les prérequis d'un industriel du XVIIIè n'ont strictement rien à voir avec nos pratiques actuelles. Trois des nombreuses raisons pour lesquelles tester ces recettes n'a aucun sens, pour un amateur qui ne fait pas une thèse.
Michel Garcia insiste sur le fait qu'il n'existe aucune recette fermée, que chaque procédé dépend de diverses variables (ce qui enchante l'auteur de livres de cuisine qui ne dit rien d'autre; et qui glose depuis si longtemps sur la gramme-attitude). Exemple encore avec la garance tinctorium versus la cordifolia: la première doit subir une montée en température lente, mais la seconde peut bouillir et donnera ses rouges malgré tout. Si on me donne une recette "de garance", de laquelle parle-t-on?
Et enfin, il reconnaît qu'il apprend toujours et qu'il peaufine ses techniques selon ses découvertes. Il est humble sur ce point-là.
J'ajouterais peut-être au risque de me faire (encore!) des amis que je trouve insupportable l'espèce d'ostracisme dont Michel Garcia est victime de la part des "académiques", qui nous rejouent là la querelle des Anciens face aux Modernes, des lettrés face aux autodidactes. C'est d'un vieux-jeu! On le comprend encore pour Dominique Cardon, assez âgée pour qu'on lui pardonne. Pour d'autres, ce sont des réflexes d'un autre âge. On sait que Michel a son petit caractère, et alors? Il serait le seul?
C'est un phénomène que l'on rencontre dans CHAQUE domaine. J'ai 68 ans, et ça continue à m'exaspérer, car, naïve, je crois encore et toujours que l'humanité s'améliore. Sotte! C'était ainsi du temps de Platon, c'est ainsi aux temps de la postmodernité.
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