27.12.24 Mon résumé d'amateur: sources de roses et de rouges en teintures de laines et cotons
17.1.2025 A ce jour, cette très longue et lourde page récapitulative inclut tous les brouillons depuis 2014, mais il manque des liens, des photos, des bouts de phrase. Bientôt, elle sera finalisée et structurée en un pdf interactif, fascicule nr 9 de Slow-dye: teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
Rappel aux nouveaux arrivants: ceci n'est pas un tuto, inscrivez-vous à des ateliers pour cela. Je partage mes notes de stage ou de lecture. Rien ne garantit que je ne loupe pas une étape au sein de mes notes...
anciennement on obtenait du rouge franc avec kermès (insecte) – bonne résistance lumière sur coton, soie et laine - épuisé
Sauvages: on récolte des plantes cultivées au jardin en fin de saison, on glane lors de promenades ou on récupère d'une cuisine ou d'un magasin (périmés chez l'herboriste, fin de marché chez le maraîcher, déchets restaurant libanais pour les avocats...). La tenue lumière et lavage n'a pas été testée, en général.
non testés ou sans succès:
J’ai colligé dans des chapitres différents les rouges de garancexx et de cochenillexx/lac. J’aborde ces rouges-ci par le procédé fascinant de teinture sélective à partir de ligules de carthame, que l’on doit quasi toujours acheter en magasin spécialisé.
J’écris aussi pour les glaneuses et les exploratrices, qui ne se satisfont pas de ces premiers produits pour diverses raisons ; l’une d’elles étant qu’on ne peut pas les glaner près de chez ; un autre étant que c'est loin d'être écolo de faire voyager ses petites copines les cochenilles de si longs kilométrages (Mexique, Cap vert, etc.).
Mes camarades ne souhaitent plus non plus utiliser de bois exotiques pour les mêmes raisons ou pour des raisons de préservation du patrimoine (variétés protégées - voir http://www.wood-database.com/wood-articles/restricted-and-endangered-wood-species/). Bois exotiques qui, en outre, ne sont souvent pas des teintures stables.
Elles peuvent en revanche récolter des écorces, des racines, des branches qui sont réputées donner du rouge sous certaines conditions : les racines de rumex ou les écorces de bouleau. Je détaillerai ce procédé ci-dessous: ces sources tinctoriales ne révèlent les rouges qu’à l’air, après teinture ; et après avoir été teintes dans un bain alcalin.
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Certaines racines, comme la bourdaine, ne donnent les rose/rouges qu’en alcalin. Or, la laine n’aime pas ça du tout. Solution : teindre la laine en rouge sauvage à base d’une extraction alcaline du colorant, comme on le voit ci-après.
J'inclurai un rouge de cuisine (noyau d'avocat). Les sources de rouges/roses sauvages peuvent donner un joli camaïeu, voir une photo chez ma copine Eléonore:
"Sur soie et feutre de mérinos, écorce de bourdaine (orange et jaune) bois de bourdaine (rose) et racines de rumex (bleu et mauve). Sans mordant ." Macérations alcalines à froid.
Quand vous testez la teinture des rouges sauvages que je cite ci-dessous, ne jugez pas la couleur au sortir du bain. Rincez soigneusement et laissez le colorant s'oxyder à l'air, sur la fibre. Comme pour le noyau d'avocat, la couleur de la racine de bourdaine par exemple changera à l'air. Dixit Michel Garcia: "en milieu basique, sur la durée, les tanins catéchiques se polymérisent en phlobaphène; c'est d'ailleurs comme cela qu'on produit l'extrait de quebracho utilisé dans le tannage des cuirs».
Comme j'aime tout vérifier, j'ai trouvé ceci dans un document de recherche:
Les phlobaphènes sont des substances colorantes dérivées de tanins, extraites par les acides ou des enzymes. Aussi appelés "tanins rouges" ou phlobotanins. Etymologie: phloios = écorce; baphe = teinture selon wikipedia. On en trouve dans le houblon.
Voir aussi https://en.wikipedia.org/wiki/Phlobaphene: "Phlobaphenes (or phlobaphens, CAS No.:71663-19-9) are reddish, alcohol soluble and water insoluble phenolic substances. They can be extracted from plants, or be the result from treatment of tannin extracts with mineral acids (tanner's red). "
Non-explorateurs: il ne faut pas nécessairement pratiquer l'extraction alcaline, que je décris par ailleurs. On peut faire macérer 48 heures dans de l'eau, teindre dans le bain d'extraction à chaud (60°C), classique. Quand le ton voulu est atteint (dans les jaunes), arrêter le feu. Sortir la laine quand le bain a refroidi. La tremper dans un bain alcalin à pH 9 ou 10. Rincer et laisser un peu oxyder à l'air pour que le rouge apparaisse. Cela restera un rouge fragile, car un splash de jus de citron à table ou en cuisine risque de le modifier radicalement:
Résumé: Certaines écorces et racines riches en quinones, ou les noyaux d'avocat, sont riches en phlobotanins qui se révèlent rougeâtres en conditions alcalines puis par exposition à la lumière.
Au début, j’ai joué avec quelques infos notées au fil de mes surfs sur le net et mes lectures de documents historiques, entre autre la bible de Dominique Cardon. Assez vite, je me suis procuré le merveilleux livre de Jenny Dean "A Heritage of Colour" ou elle s’essaie à la reconstitution de teintures historiques. Elle y détaille son procédé d'extractions alcalines à froid.J’en ai fait un fascicule à part xx. Cette méthode est désormais pratiquée par de nombreuses teinturières.
Ce livre historique de Jenny Dean ne cite certes pas les noyaux d'avocats, c'est logique. Avant de le connaître, j'avais procédé à des macérations alcalines selon l'inspiration que je détaille ci-dessous. Les tests à base de noyaux d'avocats, que j'écrase au marteau grossièrement quand ils sont encore frais, sont ci-dessous. Secs ou pas, le résultat était le même en bain alcalin. Je n'ai pas de photos de mes essais aux peaux d'avocats, car elles produisent du vieux rose rabattu, un peu grisé. C’est un ton très tendre pour beaucoup d'amateurs, mais il est trop fade pour mon goût. Je préfère les tons forts des noyaux.
Je citerai ci-dessous des rouges de récolte: bourdaine, rumex, rhubarbe; le noyau d'avocat est à ma connaissance le seul rouge "de cuisine".
La procédure de macération alcaline est décrite dans le fascicule sur les extractions alcalines à la Jenny Dean .
Ma procédure. Je martèle 400g de noyaux d’avocats frais, dans un sac, pour les briser. On peut le faire quand ils sont secs, mais ça devient sportif. Je les verse dans un seau avec eau chaude et cristaux de soude. Je joins le fil à teindre. Je vérifie tous les jours le pH. Dans 3 jours, je sortirai la fibre et je la rincerai soigneusement. Elle rougira à la lumière.
Je ne me préoccupe pas trop de la résistance lumière, pour ces récoltes sauvages, mais j'ai des soies teintes en macération alcaline qui n'ont pas bougé depuis dix ans (en lumière belge...).
mars 2019. Je viens de retrouver un bout de ruban de soie, teint en macération alcaline en été 2018.
J'avais oublié des noyaux dans un seau alcalinisé, au jardin. Après 2 ans, sans surveillance, couvert, le bain était encore à pH 9. J'ai trempé le ruban de soie , lavée et alunée, pendant 12 heures dans ce bain filtré. Puis lavé et rincé le ruban à l'eau vinaigrée. Séché puis cardé à la machine, prêtée par mon amie Féedautomne. Je l'ai photographié à côté de mes filages multiséquences (retors navajo), où je l'ai intégré avec d'autres couleurs, quasi toutes en macérations alcalines sauf l'indigo: campêche/bouleau, indigo/gaude, avocat. Seul le vert jaunâtre provient d'un semi bouillon classique de roseau des marais, en septembre.
La teinture d'avocat est parfois associée à des "touristes" de la teinture, qui proposent aussi d'autres teintures de cuisine, comme le chou rouge ou les haricots noirs, ces suggestions hautement fantaisistes (couleurs fugitives). Le résultat à l'avocat est pourtant solide! Dans le doute: ne garder que l'avocat de pages comme celle-ci, extrait publié d'un livre par une dame Booth (et ajouter les rouges venant de l'alcalin):
L’écorce de bourdaine ("frangula alnus" ou "Rhamnus frangula"). peut être traitée en bouillon classique ; ou extraite en monobain acide selon la technique de Michel Garcia, exposée dans le billet ad hocxx. Elle donnera alors des jaunes, parfois d'or (sur mohair, par exemple). Ce n’est qu’en macération alcaline qu’on obtiendra des roses, rouges plus ou moins bruns. Plus exactement : la fibre sort rousse, mais elle rougit fort à l'air.
Si l’on veut nuancer les tons, en bouillon classique, on obtient avec cuivre: du beige verdâtre ; avec fer: des bronzes ou des bruns, selon dosage. Selon Jenny Dean ; quand la laine est mordancée aux tanins de ronces (à 100% PDF - rubus fruticosus ) , elle produit du jaune orangé plus dense que la variante au bouillon. Si vous voulez voir la photo, achetez le livre de Jenny Dean !xx
En 2013 ou 2014, j’ai commencé les tests après avoir lu un passage chez Leena de Riiihivilla (https://riihivilla.blogspot.com/2008/02/buckthorn-bark-experiments.html :).
Comme je sortais d’une période d’essais en fermentations à la Rieger, où l'on ne chauffe pas les bains, je n’ai pas cuit la laine comme Leena le faisait , je l’ai laissé macérer en bain alcalin à froid.
Chez Leena, selon la chercheuse Krista Vajanto, docteur en archéologie, un beau rouge peut être tiré de son écorce en fermentation alcaline. Vajantoa trouvé de beaux rouges stables sur des vêtements d’une époque où il était impossible que les Nordiques aient trouvé de la garance. Elle est partie de l’hypothèse qu’ils tiraient le rouge de l’écorce d’arbres, par fermentation (ne s’agit-il pas plutôt de macérations). Le test de Leena a parfois donné des oranges avec "Faulbaumrinde" (= bourdaine en allemand). Lire son récapitulatif 2012 (le texte anglais est en seconde partie du billet).
Lors d'une discussion sur le forum de tricofolk, je vois la laine d'une des participantes, teinte à la bourdaine en milieu basique: franchement rouge, même lumineux! Je vérifie chez Jenny Dean : le buckthorn qu'elle a testé (p 111) donne aussi du rouge, aussi lumineux. C'est du "rhamnus cathartica". Sur laine de pays non mordancée, en extraction alcaline, elle obtient des tons depuis rouge rosé à orangé en passant par corail selon force des bains.
Selon Léo, sur le forum tricofolk, "l'écorce donne des tons plus rouge et le bois plus framboise".
Premier essai de Sandrine sur http://forum.tricofolk.info/forum/viewtopic.php?id=11799: mohair en jaune classique, laine en extraction alcaline à froid dont elle soupçonne que l'oeil d'orange vient de ce qu'elle a laissé le bain revenir à un pH de 6 à un moment, par distraction.
Leena, citée plus haut, laisse macérer plusieurs semaines. J'ai aussi expérimenté ces longues durées; or j'obtiens plus des orangés. Il se pourrait que des colorants plus jaunes se libèrent avec le temps. J'ai pris le pli de ne laisser macérer les plantes que 3 jours max'.
J'ai testé au soleil belge, en test lumière classique (une partie cachée): le rouge tient bien. Mais quid de longues années, sur un pull? L'acidification sera progressive, le rouge jaunira-t-il?
En 2007, Helen a réalisé une expérience de fermentation d'écorce de bourdaine, selon la recette de Leuchs reprise dans le D. Cardon:
La laine et la soie sortent jaunes, dit-elle, puis deviennent rouges orangé à l'air. Sa procédure de modifiant: tous les échantillons sont, à ce que j’ai capté, mordancés à 8% alun 7% CT. Puis elle divise le jus en 8 pots de 50ml, elle ajoute les modifiants dans chaque pot, puis la fibre, avant de laisser macérer.
Je dois encore relire pour faire le tri: pourquoi de telles différences entre photo ci-dessus et les suivantes?
Ses commentaires dans le billet accompagnant la photo, traduits par robot. Elle ne dit rien de la stabilité aux acides, à la lumière, au lavage, etc.
Aujourd'hui, j'ai sorti les fibres de laine mérinos et la soie (mousseline de satin) du bain d'écorce de nerprun en fermentation. Les fibres étaient pour la plupart d'un or profond sauf aux endroits où elles avaient été exposées à l'air où elles apparaissaient brunes. Je m'attendais donc à un changement dans l'air mais j'ai été étonnée de constater que les fibres étaient devenues d'un rouge orangé profond. La soie est devenue d'un or/orange plus brûlé. La laine est un peu rugueuse après avoir été dans un environnement alcalin pendant une semaine mais ce n'est pas trop grave et je vais en feutrer un peu la semaine prochaine pour voir comment cela se passe et aussi pour garder un échantillon et voir s'il se désintègre.
J'ai ensuite effectué des tests de modification de la couleur. De gauche à droite : alun, alun et ammoniaque, cuivre, cuivre et ammoniaque, étain, étain et ammoniaque, fer, fer et ammoniaque et maintenant je regarde une rangée de rouges profonds. Je suis tellement excitée que les couleurs sont tout simplement magnifiques et après avoir passé tant de temps à me battre avec le rouge garance que je trouve difficile à obtenir, je suis particulièrement ravie d'obtenir un bon rouge.
Chez Growingcolours, elle obtient aussi des oranges en alcalin, mais de superbe marrons en cuivre et un grenat cuivré profond, avec indigo:
Sa photo de la bourdaine en bouillon :
Mes notes télégraphiques
buckthorn bark différent de alder buckthorn ("notre" Frangula Alnus). 200g de matière pour 2.2 litres de lessive de cendres, chauffée à 50°C puis maintenue chaude entre 35et 40°C permanents pendant 8 jours - pH 8 à 9 qui s’acidifie.
Comparer ce qui s'est passé entre 28 novembre (photo ci-dessous) et 6 décembre (photo ci-dessus avec les rouges)
photo blog Growing Colours
Novembre: cuisson classique; décembre: après fermentation à chaud 8 jours - laine et soie dans la fermentation à 35°C (lessive de cendres)
essais!
Elle a aussi laissé de la laine indigotée traîner un long temps dans un seau alcalin de teinture de bourdaine :
https://growingcolour.blogspot.com/2007/11/online-shop-and-buckthorn-bark.html
Si ces aventures alcalines vous tentent, voir aussi d’autres billets chez Helen de Growing Colours: https://growingcolour.blogspot.com/search?q=buckthorn
Pour mes tests en 2014, j'ai pu me procurer en magasin spécialisé de l'écorce de bourdaine séchée, concassée. Pour des essais ultérieurs, je récolterai près de chez moi. Il faut une terre calcaire, paraît-il.
Bourdaine: voir photos
Acheter ou récolter. Pour reconnaître, voir les photos: http://www.faune-flore.be/fleurs_belgique/reconnaitre_les_plantes_frangula.htm
C’est la racine qui donnera des roses et des rouges, parfois orangés, selon le même procédé de macération alcaline longue exposé ci-dessus. Les feuilles servent de mordant. La racine en bouillon ou en monobain acide donnera du jaune:
Le Jardin des Plantes à couleur, à Namur, partage un guide de visite, rédigé par Valentine Donck et Michel Garcia. Un extrait sur la rhubarbe:
Lors de mes expérimentations en bains alcalins : avec la racine de rhubarbe achetée par correspondance ("rheum palmatum"), aussi séchée et concassée, j'ai obtenu des tons grenats, plus profonds qu’avec la racine de bourdaine. Serait-ce dû à la présence d’acide oxalique ? Un pH plus haut ? La culture ?
Mes essais en 2014 en bains alcalins à froid, ramenés par vinaigre à pH de 7, puis cuisson 20 à 40 minutes selon source
Laine tout à droite: rameaux de bourdaine (pas écorce) ; à sa gauche: grenat de racine de rhubarbe
(à gauche: fins de bains de garance en même méthode)
Je n'ai pas été assez attentive dans mes notes. En juillet, rhubarbe alcalin: j'avais obtenu ensuite un rose soutenu. En septembre, j'ai rééessayé (même rhubarbe, du même fournisseur) mais dans un bain d'eau du robinet , qui est chez nous calcaire et chlorée et de lessive de soude plutôt que ma lessive de cendres habituelle. Malgré un pH 10: du rouille cuivré, ravissant, mais pas rose dense ou même grenat comme la dernière fois...
Sur Tricofolk, Sandrine n'obtient que des orangés avec cette méthode.
Une fiche-tuto pour teindre à base de rouges sauvages en extraction alcaline est incluse dans le chapitre ad hoc.
Essai récent fin 2024: après avoir utilisé de la rhubarbe en poudre (source Michelgarcia.fr) pour un monobain acide d'écheveau, j'ai récupéré le bain faible, alcalinisé et rajouté un bon peu de ruban de mohair, à filer. Carton de notes après 4 jours, la prise de couleurs s'arrête environ là. Cuivré plus que rouge:
Dans son livre "Heritage of colours"., page 114, Jenny Dean montre les photos des ses teintures à base de racine de rhubarbe, en mode alcalin : si elle les sèche à l'ombre: rose jusqu’à rouge; si elle les sèche au soleil: bleuâtre.
C’est un phénomène de photo-oxydation qui se reproduit à chaque fois qu'on trempe et séche les fibres, dès lors qu’elles ont été teintes avec des sources tinctoriales riches en phlobaphènes (voir intro). Voir le billet de de Jenny Dean ou voir les résultats, dans son livre précité.
Effet conservé après séchage. On voit à peu près le même effet: laines en rhubarbe donnant du rose et du gris bleuté selon l'endroit où elles sèchent , par Jenny Dean More Rhubarb Samples
Ce phénomène de bleuissement au soleil est ce qu'Eleonore Moine obtient aussi avec des racines de rumex. Voir images ci-dessous, au chapitre Rumex. Le bleu plus franc qu’obtient Léo est dû au fait que, primo, elle rince soigneusement les laines au sortir du bain et, secundo, elle maintient les fibres mouillées pendant deux jours d’exposition au soleil.
Voir la vidéo que j’ai tournée pour la chaîne des Filandières de Wallonie, où Léo fait la démonstration en direct :
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Source de racine de rhubarbe
Lors de la division en automne ou au printemps, je prélèverai au potager une partie des racines. Je taillerai à la broyeuse de jardin tant qu’elle est encore assez fraîche. Selon Jenny Dean , s'il faut attendre, les laisser tremper un peu.
Les feuilles de rhubarbe sont un mordant classique au Tibet (et chez nos aïeux ?), grâce à leur haute teneur en acide oxalique. On les utilise à 100% PDF. Lorsque je récolte les tiges pour une gelée de rhubarbe, en saison, je garde les feuilles pour en faire des infusions thérapeutiques pour les plantes, à la mode biodynamique. Les feuilles en effet sont non-comestibles. Je pourrais en garder une partie pour mordancer, aussi (très riches en acide oxalique).
Selon Jenny Dean , les feuilles doivent être utilisées avec précaution car elles seraient toxiques. Correction : elles ne sont pas comestibles, ce qui n’implique pas qu’elles pourraient brûler la peau.
Le rumex est cette plante méga-envahissante de nos champs, que les fermiers seront enchantés de vous voir déterrer:
La racine contient des anthraquinones (famille garance on va dire) et des tanins galliques selon Dominique Cardon. Selon le même auteur, les Indiens l'utilisaient pour des rousseâtres, en les cuisant dans de la lessive de cendres.
Vu sa teneur en quinones (émodine et franguline, comme la rhubarbe et la bourdaine), elle peut être une source de teinture efficace en monobain acide à la Garcia (galles et acide citrique). Le résultat est un beau jaune franc.
Comme la racine de rumex a les mêmes composants que les racines de rhubarbe et de bourdaine, il suivra la même procédure pour produire des roses et rouges (alcalin à froid). Je dois encore déterrer quelques racines au bord des champs près de chez moi, en fin d’été, car l’agriculteur voisin se plaint d’être infesté et serait enchanté de ce coup de main.
Voir les essais de Sandrine sur le forum tricofolk: "Voici mes essais avec le rumex, sans mordant, à froid et en laissant dans le bain avec les racines plusieurs jours".
Comme pour les rouges sauvages ci-dessus, si on sèche les fibres au soleil, en les humidifiant régulièrement, elles bleuissent. Et restent bleues bien sûr, quel que soit le mode de séchage d’un tissu ensuite, quand on le sèche au soleil ? Je n’ai pas testé, je demanderai à Léo. Voir sur le blog d'Eleonore les couleurs rose ou bleue selon la procédure ..
Eleonore Moine extrait de la racine du rumex une couleur "rouge-rose" en bain ammoniaqué et en macération longue sur les laines locales qu’elle défend si ardemment. Elle peut en tirer du bleu, dont les plus beaux sont sur mohair et l mérinos et le mohair. selon elle (avec les laines rustiques il sera plus gris). Sa technique, telle que je l'ai notée lors de notre tournage de vidéo :
En gros, racines de rumex fendues, couvertes d’eau + splash d’ammoniaque (100ml pour seau de 3 litres, je testerai pour évaluer le pH). Macérer un à deux mois, si pas plus, en gardant le pot bien hermétique afin que l'ammoniaque continue à travailler. Ne pas chauffer. En fin de macération, tremper les fibres deux jours. Elle ne filtre pas le bain, mais protège les fibres lors du trempage, en séparant les racines de l’eau par un grillage. Rincer. Le bain ne s’épuise pas vite, elle utilise le même pour certaines plantes depuis 3 ans.
Selon elle, on n'obtient le bleu qu'avec des racines fraîches, pas des sèches. Garder l'écheveau humide pendant qu'il s'expose aux UVs. Le rincer régulièrement pour l'humidifier si on veut qu'il tourne en bleu. Quand il a atteint sa couleur, le laisser sécher. On peut ensuite le retremper pour affiner le ton. Selon Eleonore encore, l'ammoniaque importe plus que tout autre base.
Voir les essais de Sandrine sur le forum tricofolk, alors qu'elle ne connaissait pas encore ces critères, sur rumex séché: "Et le orangé en macération basique pH autour de 10, j'ai teint 2 écheveaux et exposé l'un des deux au soleil plusieurs jours en espérant du bleu-gris, on ne voit pas vraiment de différence entre les deux ! J'ai eu à peu près la même couleur avec la rhubarbe.".
Les agriculteurs vous paieraient pour les en débarrasser! Elles sont très dures à extraire du sol, en certaines saisons. Bel exercice en perspective !
Leena de Riihivilla s'est inspirée pour des rouges de l'expérience de l'écossaise Su Grierson ("Dyeing and Dyestuffs"): les graines de rumex, cette affreuse envahissante des bords de champs, donnent de beaux rouges à condition d'être récoltées en septembre. Leena a cuit les graines pendant 4 heures, mais on pourrait pratiquer l'extraction alcaline à froid, calmement, pendant 2 semaines sans surveillance. Les tons sur laine semblent clairs, mais elle n'a utiisé que peu de graines. A réessayer en plus dense (j'ai capté avec une traduction robot):
Procédé selon Jenny Dean : 100% PDF XT MA 12h, frémir 45min – noF – FM – TT 1h ou à froid une nuit
pâles couleurs sur cellulosiques ; beaux jeux de couleurs avec agents changeants ; rose indien sans M ; mauve foncé BF ; prune M alun ; violet dense foncé AA + BF
Bonheur, une plante que j'adore, qui se sème comme rien chez moi et dont les pétales fanés peuvent donner de la teinture avant d'aller au compost. Une chère amie m'a gardé les pétales de quelques pieds de son jardin.
J'ai loupé l'essai: j'ai mixé le tout, laissé fermenter en acide... et j'ai obtenu une gelée mucilagineuse dont je n'ai rien pu faire. Quoique j'y trempais (même du papier) en sortait baigné de cette gelée... Il faudra donc attendre l'année prochaine.
Chez Eberhard Prinz : http://www.eberhardprinz.de/blog/?p=9886 – ou http://www.schweizerbart.de/resources/downloads/ad/download_49.pdf, on observe les tons suivants : bleu/violet vers gris sur laine avec alun ; gris à noirs avec fer ; soie ne prend violet qu’avec mordant d’étain ?
NB : éliminer tout alun non fixé pour ce bain en particulier
chez SD violets foncés et roses
Comme ce sont des anthocyanes, comment garder le ton ? si ce n’est en macération/fermentation acide ?
Les feuilles donnent du jaune, mais l'écorce donne un rose indien ravissant. Dominique Cardon rappelle que les marins de la Baltique teignaient leurs filets en "rougeâtre" avec l'écorce de bouleau, ce qui signifie que la couleur doit être drôlement résistante. Voir dans le Leuchs:
En 2013 (lors de mon initiation ratée via la fermentation à la Riegerxx), je me suis inspirée de ce passage pour amorcer des bains froids d'écorce de bouleau en lessive de cendres (pH 9-10 chez moi, que je rectifie de temps en temps, car le bain s'acidifie). Pourquoi le bouleau? Car je n'avais que ça sous la main...
Résultats: rose indien et rouges passés selon que je restais à 9 ou que je montais à 11 de pH.
Idéalement avant l'été, au printemps, pour la richesse en principes actifs.
Prélever sur des branches cassées ou élaguées l'écorce intérieure et l'aubier du bouleau.
Tailler à la broyeuse de jardin. Ou acheter les écorces broyées en magasin spécialisé.
On peut aussi utiliser l'écorce de bouleau comme mordant. Leena du blog Riihivilla a testé la résistance lumière de la laine en garance, mordancée alun, versus la même à l'écorce de bouleau (2 semaines, au soleil). Positif: quasi pas de différence. Voir les photos sur sa page
Mes premiers tests indiquent une belle résistance à la lumière des fibres campêchées si je les combine à du bouleau, contrairement à la réputation de fugacité du campêche. Ce ne sont que des tests ménagers, certes. Je me suis basée sur une suggestion d’un ancien auteur.
Selon une recette de Jenny Deanxx. Ici on extrait la couleur et on teint la fibre simultanément.
Source de bouleau. Au printemps, prélever sur des branches cassées ou élaguées l'écorce intérieure et l'aubier du bouleau. Tailler à la broyeuse de jardin. Ou acheter les écorces broyées chez un fournisseur spécialisé.
Timing: de 2 à 10 jours, sans surveillance, sans chauffe.
Pour 100g de fibres, de toute famille (laine ou coton) à condition qu'elles ne soient pas en tissu: toison, ruban/mèche, fil. Les tissus en sortiraient teints irrégulièrement.
Les fibres seront mordancées ou pas. Elles auront été lavéesxx avec soin, quelle que soit leur forme originale (fil, ruban, etc.). .
Matériel: seau à couvercle ou casserole de 5 litres et, indispensable, des languettes pH, écorces de bouleau
Vérifier que le bain reste à un pH de 10 minimum. Sinon ajouter des cristaux de soude dilués au préalable dans de l'eau chaude.
Maintenant qu'on a de multiples sources de rouges, on peut s'amuser à un petit travail de recherche artistico-technique. Sur une suggestion de ma copine Léo sur sa page facebook en 2013: trouver une image qui nous plaît, repérer les tons à reproduire.
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