4.2.25 Premiers tests à partir du tout frais arrivage de chez Michelgarcia.fr: de l'indigo sulfoné, alias carmin d'indigo (aussi appelé bleu de Saxe). Ce produit convient aux protéiques, donc tests ad hoc sur de petits écheveaux. Et repérage de mes erreurs, dès le début. Utile pour tous, j'espère.
Je viens d'acheter du carmin d'indigo chez Michelgarcia.fr (20€ les 100 grammes). Ce bleu sulfoné (synonyme, comme "bleu de Saxe") est une version de l'indigo soluble dans l'eau, invention du XVIIIè siècle . Il se comporte comme une teinture acide, ce qui la rend utile pour les protéiques, pas les cellulosiques. Ces dernières prendraient peu de couleur et cette dernière serait peu durable.
D'après mes lectures, le bleu de Saxe réussit particulièrement bien aux laines. D'où mon choix de test qui suit. Pédagogie de la réussite!
On quitte le monde du pur naturel à la Robinson puisque la fabrication inclut de l'acide sulfurique, réservé aux chimistes. Cela ne me dérange pas, le résultat, lui, n'est pas toxique. C'est même un additif alimentaire: le E132 (la fabrication de Michel n'y est pas adaptée, bien sûr). Ce produit n'a en tout cas rien à voir avec la toxicité potentielle des colorants azo, par exemple.
On peut faire son indigo sulfoné chez soi si on est un petit chimiste averti (acides dangereux), mais j'ai calculé que l'acheter me coûte le prix d'un indigo de qualité. Autant faire confiance aux pros.
L'avantage par rapport à la cuve d'indigo est qu'on peut le mélanger avec d'autres tons, soit en bouillon classique, soit en monobain acide; et qu'on peut doser finement. Je lui vois surtout un intérêt pour les pâtes d'impression. Le bleu de Saxe donne aussi un ton très lumineux, plus vert que le ton donné par ma cuve apparemment. Selon Liles, je pourrai obtenir des beaux turquoises avec du bois jaune ou de la gaude en surteinture.
Je teste aussi ce produit, en pensant aux filles qui veulent teindre en bleu sans devoir apprendre la subtilité de la gestion d'une cuve d'indigo.
Et enfin, quatrième raison: je voudrais une solution de rafistolage de mes ratages. Une zone d'écheveau de laine mal teinte en bleu, en cuve, pourrait être rattrapée par un gel d'impression à base de carmin d'indigo, que j'appliquerais sur la zone plus claire; je fixerais à la vapeur. Ne vaudra que pour laine et soie, bien sûr.
La teinture se réalise comme une teinture à l'extrait colorant: on dilue, on teint et voilà. Seule différence, il faut ajouter de l'acide dans le bain "pour l'équilibrer et faciliter la montée sur la fibre" (dixit MG); et on ne doit pas mordancer.
Je n'ai pas besoin de tester le bleu de Saxe seul, j'ai trouvé des photos chez Helen Melvin (sur sa page facebook) et chez les suivants.
En haut, chez Stonehorse, laine en carmin; en bas sur fond de teinture paille
Une progression de tons chez Spinoff magazine
Je cherche comment produire du bleu foncé type indigo, pour mes rafistolages sus-mentionnés - j'ai partagé cet essai il y a 3 jours.
On a appris chez Michel Garcia à fabriquer des gels d'impression avec le carmin d'indigo. Mais je me sens plus à l'aise avec des écheveaux pour ces tests, aussi absurde que ça paraisse (car je pourrais tremper les écheveaux en cuve d'indigo, tout simplement).
Liles utilise +- de 15 à 30 g de bleu de Saxe (sec) par kilo de fibres, ce qui fait du 1.5 à 3%, non? La version que j'ai reçue est en pâte, je changerai les proportions pour commencer, je les doublerai. Helen Melvin, sur le groupe Natural Dye Education, dose plus haut mais elle fait elle-même son carmin d'indigo, je ne peux préjuger. Botanical colors vend une version liquide "aquarelle", dont 50g teint 570g de fibres en ton dense, mais c'est trop différent de ma version.
Ce colorant ne demande pas de mordançage, mais la couleur n'est pas aussi stable à la lumière que celle obtenue en cuve; or,un mordançage à l'alun aiderait. Dixit certaines sources. J'ai essayé et je m'en suis mordu les doigts ;)
Voici voilà:
Ci-dessous les réponses de Michel Garcia à mes interrogations sur ces résultats. Le test suivant, réalisé le soir-même respectant ses recommandations, a donné ce que j'attendais:
En gros, je dois changer l'ordre de succession des bains. Le bain acide a dépouillé des parties du mordant d'alun, agissant comme une décharge de mordant. J'aurais pu y penser, puisqu'en impression sur textile, on décharge le mordant à l'acide citrique. J'aurais dû pratiquer comme pour la cuve d'indigo: d'abord l'indigo non mordancé, puis mordançage, puis surteinture.
TL:
J'espère que tout va bien et qu'il fait lumineux en Bretagne. Dans mon pays froid et brumeux, j'ai commencé les tests laine vierge en carmin d'indigo que j'ai acheté chez toi. Je commence en écheveaux, puis je continuerai en pâtes d'impression.
J'ai un résultat assez peu uni (voir photo en PJ), je ne comprends pas. J'ai deux écheveaux fins de +- 40g de laine mérinos de chez Venne, alunés à 20%, car je compte surteindre en jaune de sophora, de deux tons différents. L'alunage est fait à chaud à 60°C environ pendant une heure, en remuant de temps en temps, puis repos la nuit à couvert, sous un poids. Ils sont alunés depuis une semaine. J'ai deux bains: l'un à 4g, donc 10% PDF; l'autre à 10%, soit 25% PDF.
J'ai bien dilué la pâte dans un bol d'eau chaude avant de l'ajouter. Bains acidifiés, comme indiqué dans le mode d'emploi (vinaigre). Les bains commencent à 50°C, eau de distribution la plus chaude, puis je les pousse à 80°C. Je tourne de temps en temps, la fibre est protégée du fond de casserole par un vieille assiette, puis je pose un poids sur la fibre, je couvre puis je laisse refroidir la nuit.Cela ne pose pas problème pour ce cas-ci, car en tissage ça me servira d'avoir des écheveaux multicouleurs. Mais je ne voudrais pas continuer si j'ai loupé quelque chose. Qu'ai je bien pu faire de travers pour ces résultats?
MG:
Je n'alunerai pas avant, mais plutôt après : Donc bleu à l'acide citrique, rinçage, alunage et teinture, ou bien bleu + alun et tartre dans le même bain ( sans acide citrique, puis rinçage et teinture en jaune, ou encore; Bleu + rhubarbe, tanin et acide citrique, tout en un seul bain pour de beaux verts. Mais ce qu'il faut éviter c'est faire un bain contenant de l'acide citrique après un mordançage, car dans ce cas, l'acide citrique joue un rôle d'enlevage et démonte le mordançage
Je comprends donc ce qui s'est passé avec le tout premier essai: un mélange, dans le même bain, sur laine/soie alunée, de garance et de carmin, avec ajout d'acide (parce que mode d'emploi). Le résultat est chamarré, des zones sont mauves et des zones sont pur bleu gris:
En fait je comprends que le mordant a été enlevé partiellement, que des zones sont bleues sans ombre de rouge (de garance).
La suite: je préparerai des gels pour un graphisme sur soie, selon le cours que j'ai suivi de Michel Garcia Big Silk, chez Woolmasters.com.
Michel Garcia y fait un gel à base de 15g d'indigo sulfoné en pâte par 100ml et produit un camaïeu de tons. On voit aux coins du sophora, du tanin/fer, du Saxe et de la cochenille, au centre du campêche, les mélanges entre les extrêmes - inscrivez-vous à ces cours en ligne ou en présenciel pour apprendre:
Je parsèmerai le tissu aléatoirement de cercles en gel de cochenille, de carmin, de sophora, de tanins au fer (acétate, gallique), de campêche et de garance, sur une longue bande (et pas partout, comme sur mon inspiration ci-dessous). Ce dernier sera préparé à base de laque plutôt que d'un extrait dense, ce que seront les autres. Inspirations d'une Sabine Kilb sur fb
Pour du vert wade/jardin anglais, Botanical colors suggère 1-2% de Saxe et 3-5% de leur cachou liquide. Pour du mauve lilas, 5% de leur extrait garance liquide et 1% de Saxe. Dans un Feedback Friday, elles citent du vert avec 10% bois jaune/fustic et 10% saxon (leurs versions liquides). Rhubarbe et Saxe: vert olive.
A adapter hors leur version liquide.
Je vais tester en bains, sur écheveaux de 100 grammes:
je vais tester en pâtes d'impression, sur un tissu de soie mordancé AL20
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