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27.12.2024 Récapitulatif des degrés de lavage jusqu'au décati
30.1.2025 A ce jour, cette très longue et lourde page récapitulative inclut tous les brouillons depuis 2014, mais il manque des liens, des photos, des bouts de phrase. Bientôt, elle sera finalisée et structurée en un pdf interactif, le fascicule nr 15 de Slow-dye: teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
On prépare les fibres, qui ne sont pas brutes mais chargées de produits de filature ou d'améliorants de texture: soit on les lave, soit on les décatit. Scouring en anglais = "décapage" en réalité, plus que lavage. Il s'agit de débarrasser les fibres de leurs cires, pectines naturels et amidons ajoutés (laine: du suint ou des huiles naturelles ou ajoutées au filage). Ce procédé est indispensable avant alunage et teinture, sauf si l'on a acheté du "prêt à teindre".
Un peu de lecture chez Marie Marquet, dont le livre Guide des teintures naturelles devrait se trouver chez chaque teinturier amateur:
Comme toute opération en teinture, le contexte prime: quel coton? quelle laine? En toison, en fil, en tissu?
La laine et la soie doivent être simplement lavées, sauf cas spécifique d'une soie brutte, non dégommée, ou d'une laine suintée. Vous aurez certainement lu ou appris comment faire lors d'un stage ou d'une lecture: pour les tissus ou les fils, de laine/soie ou de coton/lin. Je ne répète pas les bases ici.
Je me contente d'insister sur le décatissage des cotons. Plutôt que de simplement laver les tissus et fils de coton, la plupart des teinturiers avertis proposent de décaper (« scouring » en anglais, plus radical que le simple lavage machine) . Sinon, la teinture ne prend pas uniformément comme c'est illustré ci dessous sur la photo de Maiwa Prints (le même coton en cuve d'indigo, qu'il soit décati ou pas, c'est à dire s'il est débarrassé ou non des cires et pectines). Le lin n'est pas chargé en cires comme le coton et ne demande pas ce traitement radical.
Le bringeage après teinture est-il toujours dû à un mauvais décatissage? Cela ne me semble pas une hypothèse tout à fait valide, puisque j'ai déjà eu des tons unis sur des mêmes tissus, mais dans d'autres bains que le campêche (le plus capricieux, chez moi). Je devrais avoir la patience de teindre le même tissu décapé ou non, mais alors il faudrait que je commence une thèse pour être motivée... Les techniques de batik doivent être nées de ces bringeages, ils cachent la merde au chat, dit élégamment. Il n'est pas exclu que, si un tissu est mal uni au sortir d'une teinture, je le passe ensuite en shibori, par exemple.
En indigo, par exemple, le désuni peut survenir parce qu'on a laissé des bulles frôler le tissu, mal engagé dans la cuve. D'où l'intérêt d'avoir fait un stage concret et d'avoir vu les gestes justes.
Hormis ceux que j'achète en bio chez Venne (peu chargés en additifs), tous les fils, les rubans et les tissus de coton sont décatis sérieusement. Lin, soie et laines sont simplement lavés. Je suis surprise que tant de mes camarades fibreuses teignent les fils sans même laver, ne parlons pas de décatir. Quel dommage ! Les huiles de filature vont se charger de colorant en surface, puis partir au prochain lavage ou lors de frottements.
Comment je procède pour le coton? Bain d'eau bouillante pendant 1 heure: 5 litres d'eau pour 200g de coton, 1.5 cuill. c. de cristaux de soude et 1 cuill. c. rase de lessive. Rinçage à l'eau de même température ou laisser refroidir avant de rincer.
Si vous aimez les dosages, on recommande le minimum absolu de 2% de savon PDF (ou 20ml pour 1kg de laines) + 8% PDF de cristaux de soude (80gms).
Je décatis aussi par séries de 400g d'écheveaux dans une grande casserole de 10 litres d'eau bouillante: 2 cuill. c. de savon de Marseille liquide et 2 cuill. c. rases de de cristaux de soude. Une à deux heures.
NB. Eau: je n'aurais pu procéder ainsi les autres années, car notre eau de distribution était encore très calcaire. Cas où le savon de Marseille laisse des résidus, une forme de sel/écume difficile à éliminer (effet chimique calcaire et savon de marseille). Désormais, l'eau est assez douce chez nous, je peux me le permettre. Voir le paragraphe complet.
Révision du discours... Nouvelle hypothèse au stage 2014 avec Michel Garcia. J'y apprends qu'à bouillir en bain alcalin, les tissus étant souvent nappés d'amidon avant la commercialisation, ceux-ci se fixeraient encore plus dans la fibre! Mauvais plan, donc. Enfin, si ça s'avère... Notre ami peut parfois se tromper, qui sait?
En attendant le résultat de ses recherches actuelles pour un décatisseur universel (enzymatique), il suggère un bain de son de blé, tiède vers chaud mais non cuit (pour préserver les enzymes qui décomposeront les cires, les pectines, les amidons).
EN 2022, en cours vidéo, il répète qu'à part quelques cotons très bruts, souvent en direct du producteur (dont il peut évaluer par un petit test qu’ils sont hydrophobes tant que le décatissage n’est pas passé par là. ), il ne faut que laver les tissus de coton.
Or, tous les auteurs sérieux mentionnent le décatissage soigneux. Comment faire quand on doute? Essayer par soi-même, ce que je fis peu après le stage.J'ai suivi ces derniers conseils de Michel, enchantée car cette longue cuisson désolait mon coeur d'écolo. Résultat: bof, tout en ayant bien suivi les règles, je vois un moins bel unisson.
Depuis lors, je suis revenue au décatissage, sauf pour les cotons bio de chez Venne (fils) que j'achète pour le tissage: ils ne semblent pas surchargés de brol et de chti, ce que j'ai pu observer lors d'un décatissage classique. Tant mieux, cela me permet de les laver...en machine, quelle facilité! Voir le paragraphe ad hoc.
La laine en fil : bain de liquide vaisselle pour les fils du commerce ou pour mes filés main. Depuis peu (fin 2024), je les lave en machine aussi, au programme laine exclusivement (voir paragraphe). Le savon de marseille, même glycériné, serait trop alcalin j'imagine. Bain 60°C, 1 heure, à couvert.
La laine en toisons : un traitement plus hardi, vu le suint qui reste. Je trie d'abord du mieux que je peux, les bouts crottés sont irrécupérables, des parties trop jarrées sont virées aussi. On peut laver en fermentation certaines toisons. Le procédé est détaillé sur le forum Tricofolk. Hors cette technique, je lave deux fois, la première avec savon de marseille et ajout de très peu de cristaux de soude, mais à température de max 50°C, la seconde avec liquide vaisselle (rinçage intermédiaire, en gardant la température de l'eau identique). J'ajoute du vinaigre dans l'eau de dernier rinçage, pour calmer l'irritation mécanique de l'alcalin sur les écailles. Selon la teneur en lanoline des laines, il faut sortir la laine du bain avant qu'il ne refroidisse sinon la lanoline se redépose, pour de bon (vers 50°C, je dois revoir le livre d'Ulrike Bogdan).
Si tous les auteurs insistent pour qu'on décatisse les cotons, sérieusement, il y a peu (2024), dans une vidéo, Michel Garcia a souligné qu'il suffit de laver les cotons vendus dans le commerce courant. Il ne conserve le décati que pour les cotons bruts, achetés quasi chez le producteur,
Auparavant, je décatissais en casserole, pendant 2 heures, à frémissement. C'est en effet la technique que l'on trouve dans chaque livre de teinture. Est-ce une réminiscence non pensée de vieilles techniques? Je trouvais le fil un peu mat.
J'ai testé le lavage simple d'un écheveau de coton 8/2 de chez Venne (bio), acheté en écru, versus le décati: le léger brillant du fil part de toute façon au lavage simple et je ne vois pas de différence en prise de couleur. Pour ces fils-là, plus de décati, je lave simplement en machine.
Dans la catégorie "laver", on pense souvent à laver les écheveaux avant, mais pas APRES la teinture. Ma pratique, pour m'assurer d'une durabilité: après teinture, je laisse l'écheveau s'oxyder un jour ou plus sur corde à linge. Je vérifie si le ton est bien uni, sinon je le remets dans un bain. Si le ton est bien uni, je peux laver les écheveaux au savon de Marseille glycériné, 1/2 heure à 60°C en casserole ou en machine (p (programme laine pour laines et soies; 40°C coton pour le reste).
Cette étape est particulièrement importante pour les fibres passées en cuve d'indigo.
Début 2014, lors de mes premiers pas, j'ai employé des bouts de tissu pour les teintures végétales pour plusieurs raisons, l'une d'entre elles étant que j'étais en périodes de test; l'autre étant qu'il est très difficile d'obtenir des teintures unies, sans bringeage, sur tissus. Avec mes fils de laine: fastoche, ça prenait comme rien. Idem les fils de coton et de lin. Avec les tissus, ça craignait un peu.
La solution des autres teinturières du net, si j'en crois mes échanges par courriel ou en stage et les blogs: elles ont décidé que "faire des taches est très joli". Cela vient de la mouvance de l'ecodyeing à la India Flint qui, au passage, n'a rien d'écologique puisqu'on y gaspille de beaux tissus. (NB 2016. J'ai entretemps finalisé l'article sur le sujet)
J'ai d'ailleurs abandonné cette piste pour privilégier les pelotes de laine, car je n'obtenais pas de réponse à mes malheurs. Je n'ai eu aucune réponse à mes multiples questions auprès des deux profs avec qui j'ai suivi des stages (pour l'un d'eux: neuf jours, tout de même!). Ou alors j'ai reçu des réponses pour débutants, comme "tes casseroles de cuisson sont-elles propres et en bon état" (non mais dis!).
Pour éviter des zones bringées, depuis 2015:
J'apprends en outre chez des hobbyistes américaines, que, pour éviter le bringeage des tissus de coton, on peut ajouter 1g de gros sel par litre, à défaut d’avoir sous la main des sels de Glauber, alias du sulfate de sodium. Le sel est du chlorure de sodium; quelle est l'équation chimique pour en faire du sulfate?
Comment ça marche? On va dire du sel de Glauber « qu’il pousse le colorant dans le tissu uniformément ».
Référence plus sérieuse via http://cduv.net/upload/2009ajc.pdf : Effect of salt concentration: Addition of electrolytes results in enhanced rate of exhaustion and decrease in diffusion. The efficiency of increase in order of exhaustion of dye bath is of order KCl < Na2SO4 < NaCl25. During the dyeing process sodium sulphate was used as exhausting agent and hence added at later stage of dyeing from point of view of even dyeing and maximum exhaustion of the dyebath. Inorganic salts have two main functions one is improvement of dyestuff affinity and second is the acceleration of the dyestuff associates and lowering solubility.The sodium ion being present in Glauber's salt interacts with negative charge side of cotton fabric and neutralizes it. The fabric loses its proton of hydroxyl group and become negatively charged. As a result water becomes slightly more acidic. This negative charged layer is produced on fabric and then is entered to attach the colourant on cotton fiber form the dye bath. When sodium ion neutralizes the negative charge of fiber, it facilitates the approach of dye molecules to approach the fiber withi nrange of hydrogen bond already formed between the fiber and dye molecule. As a result maximum colour is attached to fiber. But as the salt concentration increased,the dye uptake by fiber was reduced. This was because of interaction of complex formation with fiber. This complex formed aggregate on the fiber and it not only causes unevenness but also dye uptake as shown in Fig. 4. Thus the optimized salt concentration is 1 g/L because too high concentration of salt has given uneven samples and it has given maximum affinity for colourant to attach the fiber tha tresulted in uneven dyeing.
Lu sur un forum des sciences (colorants chimiques) : « ... le sel neutre augmente l'activité du colorant en solution, augmente la concentration en ions dans le bain et diminue la solubilité du colorant". et ainsi favorise son absorption par la fibre.
Selon l'article du Turkeyred Journal déjà cité dans un autre fascicule (de Souza, xx), l'effet dépend de la teinture. Pourquoi? « The effect of the glauber salts was dye dependent. The lac, madder and cutch were more even, but it had a negative effect on brazilwood. In some cases, it also altered the resultant hue and value.” Demander MG??
Résultats de leurs tests d'ajout sels de Glauber : doser finement (max 1g/litre) car au-delà d'un certain seuil, la prise de couleur est réduite
extrait de Leuchs sur le sel de cuisine:
:
Je viens de refaire un stage avec Michel Garcia, chez Zijdelings.eu. Tout en tissus de coton, pas l'ombre d'un bringeage. Je crois avoir compris quelques pistes
Je peux donc abandonner la piste Sels (Glauber ou cuisine), si je suis méticuleuse.
NB 2025: on peut produire du sulfate de sodium, alias sels de Glauber, avec les mélanges à la Garcia: sulfate d'alun et acétate de soude, qui vont donner par échange chimique sulfate de soude et acétate d'alun.
Au début, on ne se trompe pas en prenant un savon neutre, qui peut même être du liquide vaisselle.
Chez les fibreux, on conseille souvent du Synthrapol pour décatir (et pour nettoyer les taches après teinture) ; qu’a-t-il de spécial ? Selon Paula Burch, il contient "eau, isopropyl alcool, détergent (mélange d’alcool éthoxylés et aliphatiques sulfonés)". Il est de pH neutre donc doux pour soie/laine, sans agents optiques. Sa teneur en alcool le rend surfactant pour la pénétration des teintures dans la laine, par exemple. J'utilise comme surfactant un peu d'alcool dénaturé ou quelques gouttes de liquide vaisselle. Le synthrapol coûte 7€ pour une petite bouteille. Mes copines "Procyon" en utilisent 1/2 bouchon par machine à laver, ce qui est vraiment peu. Très efficace selon elles.
Raisons invoquées par les blogueuses pour utiliser le synthrapol
Je n'investis donc pas dans du Synthrapol, qu'on avait d'ailleurs testé avec Michel Garcia lors d'un stage en NL en 2014: il ne le trouvait pas plus fameux qu'un autre détergent. Ah! la pub et la force du groupe...
Que choisir comme savon? J'apprends en même temps que vous. Je résume un article de professionnel 'Allo Laverie", en anglais: http://www.french-handlaundry.com/orvus_vs_soap.htm
Ils explicitent leur procédure et leurs choix lorsqu'ils lavent du linge délicat.
Lorsqu’on lave dans une eau calcaire, le savon de Marseille laisse des résidus, une forme de sel, une écume difficile à éliminer. J'avais déjà appris cela dans la page très claire "Savon et calcaire" sur le blog de la formidable Raffa, où j'ai appris à formuler mes propres produits de nettoyage vers 1998 ou 2000: elle utilise des cristaux de soude pour neutraliser ce défaut du savon de marseille; et rince avec de l'eau vinaigrée.
Solution des lessiviers : employer les détergents neutres, à base de chimie du pétrole : anionique, nonionique, cationique (pour adoucisseurs) et amphotérique (pour savons corporels). On a désormais des produits écolo à foison.
Anionique : puissants détergents comme le savon, non touchés par le calcaire mais peuvent être inhibés par une eau acide. On les mélange donc avec du bicarbonate de soude.
Le savon Orvus recommandé sur tous les sites de quilts et de teintures naturelles est un simple détergent anionique à pH neutre (quasi pur sodium lauryl sulfate). Il ne contient ni blanchissant, ni enzymes, ni sulfates ni tout autre élément qui pourrait endommager la fibre.
Son défaut : si on ajoute du vinaigre dans l’eau de rinçage (ce qu'on fait souvent pour ramener la laine à son point de confort) , les restes d’Orvus se lient à la fibre. Il est peu sain pour la peau et peut rendre les fibres râpeuses tant il est performant pour ôter les graisses naturelles.
Si on utilise un adoucisseur par après (cationique), on risque que le SLS se lie aux surfactants cationiques, laissant une surface grasse cireuse.
Ce professionnel utilise dans 80% des cas du savon naturel, sans additifs, chlore, etc.. (savon de Marseille, Ivory ou Lux). Il lubrifie les fibres par son contenu en huiles. Le savon naturel nettoie et adoucit en une étape. Allo Laverie préfère le savon ou les cationiques pour les laines et les soies car ils leur laissent leur drapé doux.
NB. Vérifier à la buanderie chez moi mais j'ai le souvenir que le savon de marseille est alcalin?
Il conseille de faire tremper avant lessive le coton et le lin dans une eau additionnée d’alcalcins (borax ou cristaux de soude), afin de neutraliser les acides générés par le contact avec la peau, acides qui pourraient interférer avec l'efficacité du savon. Et d’ajouter du calgon dans l’eau de lavage en cas d’eau calcaire. Rincer énormément. Ajouter un peu de vinaigre dans la dernière eau de rinçage pour bien éliminer tout le savon, écrit-il aussi..
Intermède dû à Raffa: la composition d'une lessive ou que veut dire, sur l'étiquette: "Tensioactif cationique phosphate < 5 % Tensioactif non ionique savon 5 - 15 % Tensioactif anionique 15 - 30 % Enzyme - Azurant optique - Solvant - Agent anti-redéposition - Parfum"? Sa conclusion: "en général 15% de trucs qui nettoient et 85% d'autres choses".
Composants (en %) | Poudre standard | Poudre compacte | ||
avec phosphates | sans phosphate | avec phosphates | sans phosphate | |
Tripolyphosphate | 20 - 25 | 0 | 50 | 0 |
Zéolithe | 0 | 25 | 0 | 20 - 30 |
Polycarboxylates | 0 | 4 | 0 | 5 |
Phosphates organiques | 0 - 0,2 | 0,4 | 0 | 0,2 |
Silicate de sodium | 6 | 4 | 5 | 4 |
Carbonate de sodium | 5 | 15 | 4 | 15 - 20 |
Tensioactifs | 12 | 15 | 14 | 15 |
Perborate de sodium | 14 | 18 | 10 | 13 |
Activateur | 0 - 2 | 2,5 | 3 | 5 |
Sulfate de sodium | 21 - 24 | 9 | 4 | 5 |
Enzymes | 0,3 | 0,5 | 0,8 | 0,8 |
Agents antiredéposition | 1 | 1 | 1 | 1 |
Azurants optiques | 0,2 | 0,2 | 0,3 | 0,3 |
Parfums | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
Eau | 10 | 5 | 8 | 5 |
Fin 2024, une dernière trouvaille bien pratique: je lave les écheveaux de coton en machine sans les chiffonner.
Mes copines des Filandières de Wallonie ou du forum tricofolk vont probablement sourire, car je débarque comme les cavaliers d'Offenbach: je ne suis pas la première à oser laver les écheveaux en machine, mais je n'ai jamais pris le temps d'investiguer quelle était le bon procédé.
Comme moi, l'une ou l'autre aura certes laissé traîner un écheveau pas loin d'un tas de linge (je travaille les teintures dans la buanderie). Résultat: il a fini en machine. Dans le meilleur des cas, on obtient ceci:
Dans le pire, cela (merinos, laine vierge):
J'ai pu récupérer les fils, en les détachant patiemment pendant que je regardais un documentaire. Je n'ai plus que de longs brins d'un mètre max, certes, mais au moins je n'ai pas dû jeter:
Un autre cas - laine Venne 28/2 (merinos?), lavée en programme soie à 30°C, pourtant. Je suppose que l'essorage est trop violent. J'ai récupéré , comme le précédent, mais on ne m'y reprendra plus.
Pour un premier essai ce mois de décembre, mes photos:
Le coton 8/2 de chez Venne, dont je viens de passer une partie de la grosse bobine d'un kilo en écheveau: un écheveau dans un bas nylon, bien contenu est passé au lave-linge avec une lessive hebdomadaire; puis a été séché au séchoir ménager. On voit que le bas nylon a déjà bien servi comme nouet pour les teintures de garance (même non mordancé, le nylon a pris, au fil du temps).
Au sortir du bas nylon, plutôt pas mal:
Sauf que le fil n'est plus très lisse. Pas grave pour le tissage, puisqu'on le met sous grande tension. Je pense aux copines tricoteuses et je teste de lui donner un coup de vapeur sur une partie (entre les deux pinces à linge, mes repères) avant de le faire pendre avec un poids improvisé.
Après l'avoir pendu une nuit, la partie vaporisée (partie entre les deux pinces à linge, mes repères) est plus nette:
Pour ne pas oublier mon poids improvisé, sinon dans six mois, lors de ma prochaine session de teintures, j'aurai oublié. J'emploie un poids utile en couture pour dessiner les patrons, acheté en brocante (fin d'atelier de typographe):
Comptez sur moi pour faire des tests impossibles, comme utiliser un long bas nylon et y bloquer des écheveaux en série. La machine fait un bruit tel qu'on dirait une tribu de gremlins enfermée. C'est une catapulte violente, en effet.
Désormais, chaque écheveau dans un petit bas, qu'il ne faut même pas nouer comme je l'ai fait la première fois - ils sortent un peu ronchons, certes:
mais il suffit de les tirer un bon coup entre les deux mains, en étirant les bras:
Autre chose à ne pas faire: je lie en général les écheveaux avec une fibre différente, comme de la laine pour les écheveaux de coton (pour reconnaître certaines teintures). Ne pas faire ici! La laine va feutrer en machine, les noeuds vont devoir être coupés...
Vous êtes à trois clics d'une dame qui utilise encore des bas nylons et les jette dès qu'ils sont filés. En quelques semaines, voici ma récolte:
Essai 1 - 2013. Un Tshirt de tennis bien lavé pourtant, trempé dans un bain de café mais séché n'importe comment sur une échelle àl'atelier, donnait ceci (plus beige en réalité), tout strié:
Le laver au savon n'a pas suffi -> décati à petit bouillon: merveille il est tout blanc. 1 heure 3l eau + 1 cc de cristaux de soude et 1 cc savon de marseille.
Est-ce à dire que je pourrai déteindre mes oeuvres ainsi? Deux pans de soie campêche étaient si mal teints que je les ai décatis de la même manière (bcp moins de cristaux de soude) et début à l'eau froide puis 30min de frémissements. Redevenus beiges chauds, pas blancs. Je les ai réalunés acétate, puis trempé dans un bain froid (fin de bain) de campêche et sans sécher dans la cuve d'indigo 123. Très jolis gris souris lumineux.
Mais l'un des deux pans est tout de même bringé. Je me demande si ça ne tient pas au tissu surtout, car je trie aujourd'hui les pans teints, non plus par couleur mais par tissu. Il me semble (à vérifier) que certains sont vraiment sensibles.
J'ai aussi décati un échantillon de lin indigo - il reste pas mal de bleu; il est à 50% de sa valeur initiale, mais pas blanc ni beige.
Idem pour un morceau de soie apprêt brillant (lamouret), était teinture grenade bouillon puis macération acide de garance 8 jours. Elle a bien gardé apprêt et lustre, mais elle est passé de pêche rosé foncé à beige verdâtre.
Décatir n'est pas une solution qui remplacerait les détachants de couleur (comme l'hydrosulfite): une des nouvelles soies achetés en soldes des coupons du chien vert a déteint au lavage (les lignes rouges). Je la décatis : tout le tissu est rose…
Quelles sont les doses conseillées pour laver/décatir, chez divers auteurs? Mes notes de début 2014:
Chez Dominique Cardon, 20g de savon et 6g de cristaux de soude (cs) par 100g de tissu de coton dans 6 litres d’eau douce, sauf si acheté déjà décapé. Rien sur le tissu de soie ou de laine (uniquement sur fils).
Chez Liles 3 ccafé de savon (12g - 12% PDF ) et 6cc (24g - 24 %PDF ) de cs pour 100g de coton et cuire pendant 2h,
mieux : 4h. Pour tous les cotons, sauf les cotons vendus comme « prêts à
être teints ».
Lin ne contient pas autant d’huile, et ne supporterait
pas un traitement aussi alcalin. Sa recette : pour 100g de lin, 8 l
d’eau douce avec 30g savon 10g de cs - frémir 1h, rincer, recommencer une
deuxième fois.
Soie. Sa recette : 6 litre d’eau douce, 100g de soie,
25g savon. Frémir, puis température ambiante 30 à 60 minutes. Laine :
3l d’eau à 50°C, 1cc savon, ne pas agiter, laisser 2 h ou mieux : la
nuit.
Chez Jenny Dean , pas grand-chose sur les tissus, tout semble concerner les fils.
DeSouza, de http://www.turkeyredjournal.com/archives/V15_I2/DeSouza.html: utiliser 1% PDF de savon et 6% PDF de cristaux de soude.
NB. Maiwa conseille, pour laine et soie : 1h à 60°C avec 1 cuill. c. de pâte orvus (voir compo) pour 500g de fibres
Selon Beech, décatir avec 2% PDF de soude caustique (yiiiks!); frémir ½ heure, rincer, teindre. Il sature le tissu d'huile d'olive ou de "acide oléique pâle". Il laisse bien s'imprégner puis cuit les tissus dans la soude caustique.
Ce qui précède sont mes notes personnelles, d'amateur. Je vous invite à suivre des stages en direct: voir d'autres adresses sur la page récapitulative Sources fiables pour des teintures fiables
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