9.4.2022 Suite de mes essais de diverses techniques de tapis, comment produire des effets courbes en tapis, sans grande complication (4 cadres).
Chantal, du forum tricofolk, a rappelé qu'on pouvait appliquer la technique Moorman aux tapis.
J'ai déjà testé le corduroy, le tapis en taqueté (ou enfilage été/hiver, pour deux blocs) - voir série 2, aussi - , l'enfilage et marchage krokbragd sur 3 cadres, le boundweave. J'ai même fait un petit échantillon en tapis tissé en deux temps, qui n'est pas repris dans la bible de Peter Collingwood (celle qu'on emmènerait sur une île déserte, car on pourrait passer une vie de tisserand explorateur avec ce livre).
J'avais aussi testé divers marchages pour un simple enfilage en sergé, selon le cours de Jane Stafford d'avril 2019.
Tout cela est bel et bon, mais je voudrais produire un tapis à courbes plus douces que les classiques blocs. Je n'ai toujours pas compris le principe de l'inversion des cadres (shaft switching) de Peter Collingwood, qui permettrait cet effet, tout simplement parce que je ne comprends qu'en faisant et que le temps m'a manqué. Mon frein: je ne vois pas comment le pratiquer sur un métier de table (le Jane de Louet). La technique est décrite chez lui pour d'autres types de métiers.
And here comes Theo Moorman! Formidable, comment ne pas y avoir pensé.
J'ai résumé la technique dans Incrustations à la Theo Moorman , lors de mon premier essai pour une écharpe.
En gros, on peut se représenter qu'une chaîne supplémentaire est ajoutée en partie ou en totalité de chaîne, comme pour un travail de design (voir "Echantillon chaîne supplémentaire" ) - la différence est qu'ici le fil supplémentaire est finissime. Le marchage est quasi identique.
Cela peut ressembler à la technique des incrustations - brocades (voir "Les incrustations, les transparences" ), mais ici le fil de motif est quasi "déposé" sur la chaîne de base, ce qui permet de bien le mettre en valeur. La seule subtilité: choisir un fil qui sera assez discret, ce qui est compliqué dans mon travail polychrome. J'ai opté pour un beige neutre.
Je pourrais combiner cette technique au format tapis, pour produire ceci, ou un jeu sur alpha et omega en lettres grecques, mes jeux en calligraphie libre:
mon projet de janvier 2020, jamais réalisé, c'est le moment.
Trames jointes pour les barres horizontales, enfilage Moorman dans la zone dense, colonne mauve.
Ou enfilage Moorman sur toute la largeur, ce qui me permettrait des bandes horizontales aux arrondis plus doux.
Ce que j'appelle mes jeux de calligraphie. C'est un des mes tableaux en monotype à l'encaustique, de 2014. Je simplifierai bien sûr pour le tapis.
On peut enfiler tout simplement, en deux cadres "plus", càd cadres 1 2 pour la toile et 3 et 4 pour les fils de liaison.
Image d'un enfilage simple, à la Nadine Sanders source image
Je choisirai plutôt l'enfilage selon l'article pointé par Chantal (Handwoven de novembre 1993, sous le titre "Double warp overlay" = incrustation par chaîne doublée), qui combine l'enfilage "blocs 3-fils" de Peter Collingwood avec 3 fils de liaison finissimes (ce qui n'est rien d'autre que du Moorman).
Le titre plus parlant de ce procédé serait "tapis en blocs 3-fils et technique Moorman".
Enfilage 2 5 3 6 1 4, avec du cotonlin en cadres 123 et du lin très fin en 456 (le 6 n'étant utilisé que pour les courbes très fines).
C'est inspiré de la technique résumée par Barbara Hand, dans Weavers Journal nr 28 (pages 35 et suivantes de wj28.pdf - tous les numéros sont à télécharger depuis cs.arizona.edu). Dont voici un extrait:
Cotonlin triplé sur les lisières. Je ferai un essai avec les lisières en toile simple sur quelques centimètres. Quitte à les accepter en densité de duites un peu souple.
Marchage 2356 fil toile, 25 fil toile, 5 fil épais; puis 1346 fil toile, 14 fil toile, 4 fil épais - on ne tasse qu'après les 3 duites. Pour une pseudotoile, idem sans les fils épais. Si on commence le rythme par le fil épais PUIS les toiles, le fil épais est réputé s'incruster à l'arrière. Dixit Hand. Je n'ai pas vu cet effet, j'ai dû foirer.
Je n'ai pas le métier idéal pour faire des tapis, j'ai beau tasser à fond, je n'ai pas la densité en duites voulues (PPI). Tant pis. Je n'ai toujours pas terminé d'aménager le métier de sol Artisat que j'ai récupéré, qui conviendrait mieux.
Me reste à choisir: quel fond de toile? En laine chaîne et trame? En coton chaîne et trame? En chaîne de coton et trame de laine?
C'est un tapis, finalement, on le veut moelleux, la laine s'impose en chaîne et en trame. Mais voilà, je n'ai pas un stock formidable de laines "à cacher", j'ai surtout des filés main qu'il me peine de cacher en fond de toile. Je ne vais tout de même pas acheter de la laine, pour un objectif qui est précisément d'apprendre le format tapis, certes, mais surtout de vider mes fonds de laine!
Ce sera donc du coton et voilà et dieu dit que c'était bon. J'ai encore le grand stock de récup' de coton que Peggy du forum tricofolk m'a donné.
Je calcule la densité classique en toile, puisque la laine épaisse (3 à 4 tours/cm) qui sera le tapis lui-même vient au-dessus de la toile. C'est quasi la seule technique de tapis à effet de trame où l'on ne doit pas prévoir une densité très aérée pour la chaîne.
J'ourdirai de quoi produire un tapis de 40cm de large, puisque c'est mon format depuis quelques jours.
En trame, je choisirai des restes de laine en format de 3 tours/cm, quitte à doubler certains filés main plus fins qui me restent.
Hélas pour mes goûts forts, je n'ai plus que des tons pastel en stock: bleus clairs, roses, jaunes pâles, etc. Et des bruns. L'effet risque de faire un peu suranné, tant pis.
L'avantage de la technique Moorman: si je n'aime pas, je n'ai qu'à couper les fils de liaison du tapis final, en gros de le déshabiller, il me reste une toile que je pourrai teindre ou peindre et utiliser dans d'autres projets.
Retour aux archives