, les   

Slow-dye

Teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
  

Tests minute & documentation: mon résumé d'amateur

27.12.2024 Récapitulatif de mes tests minute à l'atelier de teintures naturelles: pour novices et intermédiaires.

20.1.2025 A ce jour, cette page récapitulative inclut tous les brouillons depuis 2014, mais il manque des liens, des photos, des bouts de phrase; il reste des codes "xx" et des coquilles; tout doit être réécrit, en outre, et restructuré. Bientôt, elle sera finalisée et structurée en un pdf interactif, le fascicule nr 5 de Slow-dye: teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes



SOMMAIRE TEMPORAIRE.Tester l'eau de distribution ou du puits à l'atelier . Tester les colorants . Tester les colorants et mordants selon les fibres en stock. Tester les poudres mystère. Tissu mystère: quelle fibre? Tester les durées d'extraction dans votre environnement . Archiver ses résultats . Tester la stabilité des couleurs. Tester le pH ( Où trouver les bandelettes de test? Combien de vinaigre ou de cristaux pour acidifier ou alcaliniser? ). Geeks: tester chaque colorant dans divers contextes, une procédure (Un exemple concret, avec mon stock)

 

A ce stade du livre, il est temps de découvrir le prodigieux travail de vulgarisation et de partage par Maiwa, au Canada. Je vous invite à revoir des tests basiques à réaliser, même pour novices: Charlotte, chez Maiwa, une pédagogue hors pair, expose tout cela en un extrait d'un de ses cours en ligne:

 

Les sous-titres en français demandent un peu d'acrobatie mentale, on y est habitués désormais. Pour brancher les sous-titres, voir ici.

Voir d'autres cours gratuits chez eux. A ce jour, selon leur réponse par courriel, ils ne sont pas encore traduisibles en français.

 

Tester l'eau de distribution ou du puits à l'atelier

Vous menez les teintures à la lettre, mais vous n'obtenez aucun des beaux jaunes lumineux que promettent les auteurs. Ou vous obtenez systématiquement des tons orangés avec la cochenille, alors que vous chassez le fuchsia. Les eaux de distribution (ou de puits) ne sont pas standard quant à leur teneur en minéraux ou leur pH. Nul ne peut prédire le ton exact que produira un extrait colorant ou une plante, chez vous. Il vous faudra une fois pour toutes, en début de course, tester au moins deux paramètres: l'acidité et la teneur en calcaire/magnésium (eau dure) et même en fer. Demander des analyses au gestionnaire de réseau ne suffit pas, puisque les tuyauteries de maison ou la citerne peuvent contenir des contaminants.

Lors de mes premiers pas en teintures naurelles, j'ai teint aux résidus, au marc de café. J'ai observé qu'en eau de distribution le ton était beige tirant sur le gris; en eau déminéralisée (récup' du séchoir ménager) le ton était d'un beau beige lumineux. J'en ai déduit que l'eau de distribution devait contenir un peu de fer, chez nous. Le café est riche en tanins, les tanins grisent lorsqu'ils rencontrent du fer. Voilà ce qui se passait dans ma teinture... Désormais, j'utilise l'eau déminéralisée dès que je teins avec une plante qui risque de contenir des tanins.

Faites le test une fois pour toutes. Je propose de mener cette opération en toute simplicité.

Testez l'acidité de l'eau de distribution à l'atelier: évaluez le pH à l'aide de languettes. Vous saurez ainsi comment le ramener au neutre, l'alcaliniser ou l'acidifier selon les couleurs désirées

Testez la charge en fer de l'eau de distribution. Si l'eau du puits est jaunâtre, c'est un signe qu'elle pourrait être riche en fer. Certes, l'eau peut aussi contenir d'autres minéraux - pensons au plomb ou au cuivre - mais ces dernier influent moins sur la couleur des teintures que le fer.

Mon petit test pour la teneur approximative en fer. Sachant que le fer peut griser les tons s'il est dilué en compagnie de tanins et que les noix de galles sont riches en tanins:

  • versez de l'eau du robinet très chaude dans un bocal à confiture
  • versez une pincette de noix de galles moulinées finement, ou de l'extrait de tanins
  • laissez infuser 1/2 heure, avec le couvercle (infusera mieux): le ton est blond clair, l'eau est pure de fer; l'eau est foncée: soupçonnez du fer.

voir photo comparative ci-dessous, chez moi:

Deux bocaux avec des noix de galles en poudre infusées - à gauche l'eau de notre citerne - à droite l' eau "déminéralisée" (l'eau que je récupère de mon séchoir à linge ménager). On voit clairement que l'eau provenant de la citerne transporte un peu de fer. L'eau de distribution en est dépourvue.

 

Photo chez Maiwa:

 

 

Tester le pH (acidité, alcalinité)

Acides et bases pour les solutions de teintures naturelles - le pH. En teintures naturelles, on joue parfois sur l'état de la solution: plus acide ou plus basique pour faire virer un ton vers l'orangé ou le carmin; pour extraire le colorant sans chaleur (les extractions alcalines à la Jenny Dean ); pour co-mordancer aux tanins à la Michel Garcia (les monobains acides) et pour gérer une cuve d'indigo.

Entamons ce sous-chapitre à nouveau en compagnie de Charlotte, de Maiwa: Eau et pH, pour teinturiers au naturel. Le minimum minimorum à connaître sur le pH, dans une vidéo hyperdidactique:

 

 

 



La seule notion de chimie à connaître, sans même la maîtriser, est de repérer ce qui acidifie un milieu (le vinaigre, le citron = en gros, pH <7), ce qui l'alcalinise (synonyme de "basifier" - l'ammoniaque, les cristaux de soude, la chaux, la lessive de cendres = en gros, pH >7).

L'état de la solution est mesuré en une valeur de 1 à 14 (valeurs de pH), qu'on peut repérer par couleur sur des bandelettes de test comme celles que je montre en photo ci-après.

Dans nos actitivités de hobbyistes, nous ne jouons pas sous la barre du pH 4 ou au-dessus de la barre du pH 10. On reste dans des zones "douces" . Une exception: la cuve d'indigo pour coton, qui doit être à un pH de 14. A retenir. Les dosages que j'indique dans les résumés ne sont qu'indicatifs. Il faut toujours vérifier le pH de votre environnement propre. Sans indicateur de pH, la teinture sérieuse est un processus difficile.

Nous devons aussi connaître cette notion pour gérer les déchets de nos teintures. On ne jette pas une solution non neutre dans la nature ou dans une rivière! On la ramène au neutre après l'avoir testée: si elle est acide on rajoute petit à petit des cristaux de soude dilués dans l'eau chaude; si elle est basique on rajoute petit à petit du vinaigre.

Dans le tableau ci-dessous, vous reconnaîtrez les utilisations ménagères: pour détartrer on utilise les acides; pour dégraisser on emploie les bases. Pour déboucher un évier, on emploiera une base à pH de 14...

0 acide de batterie
1 acide gastrique
2 jus de citron, vinaigre
3 jus d'oranges, cocas & Cie
4 jus de tomate, pluie acide (varient de 1 à 5)
IDEAL LAINES
5 vin - pH physiologique de la peau humaine
6 urine, lait
7 neutre
8 eau de mer
9 bicarbonate de soude - IDEAL COTONS
10 savon de marseille
11 ammoniaque
12 lessive de cendres (dépend du bois brûlé, de 10 à 13)
13 eau de javel
14 chaux - débouche-évier

Où trouver les bandelettes de test?

Pour évaluer le pH des préparations, où trouver le simple rouleau de papier pH qui devait coûter il y a quinze ans 3 € pour 5 mètres (on utilise des languettes de 2cm à la fois) ... Je me suis amusée à préparer du papier tournesol à partir de papier ménager et de betterave, mais c'était "pour le fun".

Les peuples premiers n'utilisent bien sûr pas de bandelettes. Ils touchent du doigt ... ou même goûtent la solution.

En pharmacie, je ne trouve plus que les languettes multiusages, très chères (comme Merck, qui évalue protéines, sucres, etc):


Je ne conseille pas les bandelettes achetées sous cette forme en magasins type pharmacie, car elles s'avèrent hors de prix à l'usage qu'on en fait en teintures. Sur commande, le simple papier tournesol est chez eux à 15 euros les 5 mètres... Quelle inflation depuis dix ans!

Ne pas se tromper: acheter les versions qui affichent de 1 à 14 , car on aura besoin de ces valeurs hautes pour la cuve d'indigo. Même en jardinerie ou droguerie, je les trouve chères. Par exemple: 28 euros chez Le Lion pour 100 languettes.

 

Les geeks de la teinture achèteront un pH-mètre à piles. Je suis déçue du Velleman qu'on m'avait conseillé; il est peu fragile, peu stable. Par ailleurs, il est fragile aux hautes températures et s'il tombe dans une cuve, adieu le pHmètre... L'atout: on garde les manines plus propres qu'avec les languettes. Les valeurs sont plus précises. Autre défaut, apprends-je chez Michel Garcia: il n'est pas probant dans la cuve d'indigo.

Avant que ma soeur ne vende des bandelettes et après que j'avais laissé tomber le pHmètre dans une cuve, j'avais acheté en Chine, par boutique internet 400 Bandelettes de 7cm chacune = total près de 3 mètres pour 4€ + 3€ de transport. Oh ! la vilaine…la Chine pour une écolo? Bé oui, sorry, je planterai un arbre pour compenser la pollution par avion.

Combien de vinaigre ou de cristaux pour acidifier ou alcaliniser?

Il est quasi impossible d'indiquer précisément combien de vinaigre ou de cristaux de soude ajouter pour acidifier ou alcaliniser une eau: est-ce de l'eau de distribution ou distillée? Le dosage dépendra de sa pureté ou de sa dureté. Si vous êtes organisé pour travailler avec de l'eau "déminéralisée" de récup' du séchoir ménager, la solution n'aura besoin que de quelques gouttes de vinaigre alors que l'eau du robinet peut demander une cuiller à soupe pour atteindre la même acidité. Idem pour l'alcalinité.

Exemples: .

  • Pour acidifier 1 litre d'eau du robinet chez moi jusqu'à un ph de 4 +- (Nivelles, pH 7 de départ, eau très calcaire en 2015 avant l'adoucisseur), j'utilise 2 cuillers à café de vinaigre.
  • Pour acidifer 1 litre d'eau du séchoir (même pH, mais plus de minéraux): 1 seule cuiller à café pour un pH de 4+- .

NB. Ne pas utiliser d'acides fort comme l'acide chlorhydrique, histoire d'être plus efficace. Ils se dosent à la goutte près et sont dangereux à utiliser. Vinaigre is your friend. Ou acide citrique en poudre.

 

 

 

 

Tester les colorants

On teste aussi les tons obtenus avec l'eau de l'atelier, ce qui réserve parfois des surprises. Démonstration en image dans la même vidéo de Maiwa, avec Charlotte Kwon, la fondatrice:


Les tons sur coton et laine chez eux (pH neutre, eau douce), au milieu en eau calcaire, à droite en eau de puits, riche en fer - garance, gaude, cochenille, campêche

 

Lorsque je veux faire des petits tests comparatifs en quantités minimes, j'ai plusieurs techniques. La fibre doit être bien lavée ou décatie.

Minitests soit en en weks (alias "bocaux Le Parfait", pour nos amis français).

Pour ce contexte, la fibre doit être mordancée ou pas, cela dépend du procédé à tester: en monobain acide, la laine et la soie ne sont pas mordancées au préalable; en cachou ou noyer, le coton et le lin ne le sont pas non plus

Je dépose des weks enrichis de bouillon de teinture et de fibres dans une casserole, dans un fond d'eau déjà bouillante, sur un linge plié en quatre (pour éviter le contact direct du feu). Je laisse cuire à feu fort pendant 30 minutes minimum, sans couvercle, pour pouvoir touiller ou vérifier.

Dans ce cas-ci, je voulais comparer la prise de teinte avec eau de distribution ou eau déminéralisée, avec ajout de craie ou non - ce qui me fait quatre bocaux de tests.

  • Code 3 rouge sur la photo ci-dessous. Je note au marqueur sur le couvercle du wek ce qu'il contient. Je l'effacerai par un coup d'éthanol.
  • Code 2 jaune. Les weks ne doivent pas être hermétiquement fermés, comme pour une stérilisation. On pourrait faire pareil avec des bocaux de récup', mais résisteraient-ils au feu?
  • Code 1 blanc. Restes de ma vie en céramique: j'ai plein de minuscules soucoupes que je m'amusais à tourner. Faute de linge, je les dépose sous les weks, pour les protéger du fond de casserole qui est sur le feu. Je les emploie aussi sur la fibre dans le wek, pour la garder submergée.
    Voir tout à l'avant sur la photo, on devine la mini-soucoupe dans le wek:

 

 

Minitests soit avec une pâte à imprimer

Pour cette technique, les écheveaux ne doivent pas être mordancés, puisque la pâte contient ET la teinture ET le mordant. Je ne l'emploie pas pour évaluer les variations de ton entre craie ou pas, eau déminéralisée ou de distribution (version wek ci-dessus), mais bien pour les jeux de colorants.

J'utilise alors la technique apprise dans les tutos de Michel Garcia (voir le billet ad hoc: les pâtes à imprimer), que je détourne pour mes tests minute.

Je prépare une dose minime de pâte par ton désiré (100ml, avec colorant, alun, gomme de guar et glycérol). Je masse la pâte/gel dans la fibre. Je la fais ensuite vaporiser :

  • soit au cuit-vapeur: j'emballe dans du papier kraft, je laisse cuire 1/2 heure pour toutes les fibres, même si la durée diffère en réalité,
  • soit au micro-ondes: j'emballe dans du plastique solide (récup' de livraisons), j'ajoute une tasse remplie d'eau sur le plateau du micro-ondes, je laisse cuire 5 * 1 minute à puissance maximale en gardant un oeil.

Dans les deux cas, s'il s'agit de laine, je laisse refroidir avant de la manipuler.

Tester les colorants et mordants selon les fibres en stock

Il convient aussi de tester les effets couleur selon les fibres: coton ordinaire ou coton mercerisé; laine de mouton ou de mohair, laine vierge ou superwash, laine de chamelon (beige) ou de gotland (grise). Que de tests! Que de variétés dans les tons!

Photos choisies parmi les extraits partagés par l'éditeur de Ellis et Boutrup:

cochenille et gaude: A/laine B/alpaga C/superwash (sans écailles, cette dernière prend plus de couleur)

 

cochenille et gaude sur des laines de tons de base divers

 

 

Tester les poudres mystère

De l'utilité de bien nommer les choses. J'ai retrouvé une poudre jaune... comment savoir ce que c'est? grenade? Je sniffe, l'odeur ne me dit rien, même si je compare aux autres sachets. Je la cuis, j'y trempe un tissu de coton non aluné: si rien ne prend, on peut déjà resserrer les suspects. J'ajoute un peu de sulfate de fer: si elle tourne au gris, ça peut être de la grenade (ou autre source, mais je n'ai acheté qu'une source de ce type). Idem avec un poudre brune rougeâtre que je soupçonne être de l'orcanette.

Tissu mystère: quelle fibre?

Parfois, on reçoit un tissu, on achète une pelote dans une brocante sociale: impossible d'en connaître la composition. Un test de combustion est connu des fibreuses, en général.

Voir comment faire dans un extrait éditeur du formidable livre de Marie Marquet, petit et dense, indispensable aide-mémoire: "Guide des teintures naturelles":

 

 

 

Tester les durées d'extraction dans votre environnement

Une question récurrente chez les teinturiers de hobby: quelle est la meilleure durée d'extraction par bouillon? Réponse: ça dépend! Souvent, la plante donne déjà une belle couleur après 15 minutes à petit frémissement, surtout si l'on a commencé par la forme poudre et par le fait de fouetter dans de l'eau tiède ou chaude, selon plante. Et pourtant les documents de recherche des scientifiques professionnels qu'on peut consulter sur le net indiquent quasi toujours une durée d'une heure.

C'est tout simplement la différence entre un hobbyiste et un pro: le pro veut extraire le maximum de couleur, le hobbyiste - surtout écolo - veut limiter les frais. Si le ton obtenu après 15 minutes est de 8/10 par rapport aux 10/10 après 60 minutes, il peut s'en satisfaire.

Un petit exemple en images chez la très partageuse Catharine Ellis

 

Comparer les deux colonnes de droite uniquement, relatives au genêt des teinturiers: celle du milieu montre le résultat d'une extraction de 15 minutes; celle de droite une extraction d'une heure Ne pas se fier à l'orange, c'est l'effet du titane. Si on regarde les autres valeurs (avec fer et mélange alun), le jeu de cuire longtemps n'en vaut pas la chandelle pour un hobbyiste.

L'image montre l'effet de divers mordants. L'auteur montre aussi qu'elle s'est trompée en plantant dans son jardin du genêt ordinaire (cytisus scoparius), qui ne donne que de pâles jaunes (colonne de gauche). Depuis qu'elle les a remplacés par des genets du teinturier (genista tinctoria), les résultats sont plus lumineux. C'était une confusion de genres.

 

Archiver ses résultats

Attention: la prof' parle, on s'endort... Mais on ne comprendra bien son environnement que si l'on organise ses apprentissages et si l'on garde trace sous forme de fiche, de dessin, de photo, que sais-je. Joie d'observer ensuite son évolution au fil des mois! Nul besoin ici de vous suggérer des techniques, c'est souvent l'envie et l'élan qui manque.

Malgré tout, voici un bel exemple de méthode d'archivage, chez Catharine Ellis, dans son article "Utiliser mes fiches de recettes" (ce qui est une façon détournée de vous présenter une des grandes dames de la teinture):

 

 

Tester la stabilité des couleurs: lumière, lavage

Une des questions récurrentes: la couleur va-t-elle résister à la lumière et aux lavages en savon neutre? Pour bien faire, il faudrait aussi tester la résistance à la sueur, aux acides, aux frottements. On ne va pas réinventer la roue. Des tests ont déjà été réalisés pour les techniques de bouillon classiques, soit en labo (voir ci-dessous), soit par des passionnés rigoureux comme Maiwa. Voir une série sur ce sujet:

Les filles de Turkeyredjournal ont publié pas mal de tests (les archives sont transférées chez Pamela Feldman). On pourrait s'en inspirer pour définir nos propres tests; ou en tirer quelqu'analyse. Première série de tests sur cellulose en 2010, où je ne vois pas encore l'AA que je privilégie. Je ne peux donc pas faire grand' chose, si ce n'est une évaluation générale. Seconde série - voir les tests dans le numéro 19, où elles ont testé d'autres mordants de cellulose, quatre ans après leurs premières aventures . Résultats: pour un ton plus dense et pour un effet plus uni, il FAUT des tanins en plus de leur mordançage. Huile: bof. Crottes de bique: bof. MAIS elles n'ont pas xx

Je me permets de commenter sur leurs images ce qu'on peut en tirer µµ

 

Août 2014. Au cours du stage NL, Michel Garcia ajoutait aux bains de teinture 10% de tannins galliques, pour augmenter la résistance lumière. Ses tests labo, montrés lors de sa présentation powerpoint, montrent une belle résistance lors d'ajouts de tannins galliques - en tout cas sur gaude, garance, chataigner, myrobolan etc (plus léger pour campêche, qu'il a testé sans cachou ou bouleau, je crois). J'ai pris l'habitude faire pareil, parfois simplement en rajoutant une série d'infusettes de thé épuisées, sources de tanins. Surtout pour mes rouges.

On peut se fier aux documentations partagées pour chaque plante par Marie Marquet dans son formidable " Guide des teintures naturelles" - extrait dispo sur le net, où l'auteur expose comment les tests ont été réalisés:

 

Si l'on veut vraiment tester une situation particulière et si l'on a un budget ad hoc, on peut envoyer des échantillons pour des tests lumière professionnels. J'ai procédé à quelques demandes à divers labos. C'est hélas hors de prix pour un hobbyiste. Le test lumière le moins cher est proposé par le grossiste en teinture Green'ing, qui a obtenu des tarifs de groupe auprès d'un labo. S'informer chez eux.

Si on procède à des tests maison, que faire?

  1. Test lumière : exposés lumière solaire directe pendant 48h à 3 semaines (mieux), en cachant une partie qui sera le témoin
  2. Test frottement : à la machine automatique (que nous n'avons pas)
  3. Test lavage : lavés dans solution à 1g de savon neutre/litre à 60°C pendant 30 minutes.
  4. Test fixation: une fois pour chaque nouvelle source de teinture et mode opératoire, vérifier si les couleurs sur les tissus sont bien fixés: repasser le tissu avec de la vapeur sur un papier sopalin blanc. Il ne devrait rester aucune trace sur le papier.
    Plus pointu: coudre ensemble un carré de tissu teint et un carré blanc; les laver ensemble; analyser.

Pour organiser les tests lumière, s'inspirer des exemples ci-dessus (Maiwa et Turkeyred) .



Un carton cache une partie des fils, on repositionne le carton toutes les semaines pour juger les tons après 1, 2 ou 3 semaines d'exposition aux UVs .

Les tests d'Ulrike Bogdan indiquent qu'à plus de 3 semaines, rien ne bouge beaucoup plus. Pourquoi alors attendre les six mois que recommandent certains auteurs et s'encombrer l'espace ainsi?


Autre solution: attacher les fils à un carton perforé et ...


au dos du carton, les scotcher. Les fils attachés pour rester bien cachés de la lumière

Ou encore: enrouler sur des cartonnettes de broderie, le dos cachera le fil de la lumière. En déroulant, on obtiendra:


Une autre solution, chez Helen Bookbinder

Tenue des teintures à froid en extraction alcaline

En 2015, en plein essor de mon élan écono-logique, j'ai tenté des macérations, étape intermédiaire entre mon court passage en fermentations à la Rieger et les extractions alcalines plus sérieuses de Jenny Dean. J'ai procédé à des tests lumière, on était en été. Je ne teste pas la résistance à l'abrasion (frottement à sec, frottement humide). Je ne teste pas la résistance aux acides ou à la sueur. On reste entre hobbyistes, n'est-ce pas. Eclairés, mais hobbyistes... Je n'ai bien sûr pas testé tous les produits colorants en quasi froid, je ne suis qu'un amateur. Je n'intègre pas ici les teintures Slow-dye en marmite norvégiennexx et les teintures solairesxx, même d'hiver, qui seront stables puisqu'elles sont une extension du bouillon.

Garder la teinture à froid ou quasi froid me permet de ne pas gaspiller d'énergie, de ne pas risquer le feutrage en rinçant la laine trop vite dans un bain froid, de ne pas l'abîmer (puisque la cuve d'indigo est très alcaline, or il semble que l'alcalin à froid n'embête nullement la laine)...   A ce stade de mes connaissances, 2015, où je ne lavais pas au savon après les bains d'indigo comme je le fais maintenant, xxx. Le quasi-froid demande simplement beaucoup de patience et un peu d'organisation. Cela tombe bien, c'est le coeur du Slow-dye.

En quasi froid, j'ai testé les produits bruts suivants. Tous les fils et les laines sont mordancés de la même manière (au symplocos, car je croyais bien faire, à l'époque), pour éliminer une variable (même pour de la grenade). Je n'ai combiné à aucun bain de fer ou de cuivre, qui rendraient plus solides à la lumière mais changeraient la donne.

  • copeaux de bois de campêche*
  • écorce de grenade
  • cachou (extrait à l'ancienne)
  • cochenilles entières
  • gaude
  • tiges et fleurs de tanaisie*
  • copeaux de bois jaune
  • racine de garance*
  • racines de rhubarbe*
  • écorce de bourdaine*
  • racine de rumex récoltées automne*
  • orcanette: ne fonctionne pas (encore!) à froid

Pour ceux qui sont marqués d'une étoile, j'ai évalué la résistance lumière des couleurs en été 2015, pendant 3 semaines d'exposition au sud, permanente (au soleil belge ...). Positif pour toutes les couleurs ci-dessus, sauf pour l'orcanette, très volatile.

J'ai testé systématiquement la résistance à deux lavages au détergent après teinture. Positif pour toutes les couleurs.



 

Mon installation, en plein sud, dehors. Belgique oblige, je dois le rentrer régulièrement sinon ce sera un test de lavage simultané.... Je compte repositionner les cartons toutes les semaines pendant trois semaines, pour voir l'effet lumière progressif sur ce délai.

 


Une partie de laines teintes en indigo à froid ou en mélanges terminés par de l'indigo à froid. Selon Michel Garcia, teindre à froid ne sera pas durable. Je teste...

 

 


Plusieurs fils laine ou lin ou coton teints en campeche/bouleau, à chaud ou à froid. Selon Dambourney, le bouleau rend le campeche plus solide. Voyons voir...
 


Garance à froid sur soie, fin de bain (une cuve qui traîne...)

 

Geeks. Une procédure pour tester chaque colorant dans divers contextes

J'ai planifié quelques tests, que j'ai formalisé. Voici comment. Le but de ces tests n'est pas de refaire ce que d'autres ont fait, mais d'évaluer mon propre contexte: selon mon eau de distribution, ma source de plantes ou d'alun.

Lorsque je veux procéder à une série de test sur tissu ou sur écheveau, je garde les mêmes codes pour chaque colorant (campêche, cachou, garance, cochenille, gaude, orcanette). Cette numérotation m'aide pour m'y retrouver ultérieurement, ça va devenir un standard. J'étiquette en tyvek chaque test, je note au marqueur indélébile. Un numéro est plus simple qu'un long discours.

Doses d'alun toujours 15% pour les laines et soies; ou solution maison de AA à la Garcia pour coton, lin (et parfois soie).

"Bouillon" est chez moi assez sobre: 60°C sur une heure, puis repos dans le bain qui refroidit. Avec exceptions comme sophora ou le code test 1d.

J'ai d'abord testé l'alun que j'ai reçu quand je fais une nouvelle commande, pour évaluer sa pureté: diluer dans un jus de galles, voir si ça noircit. Si oui: zouip, chargé en fer, poubelle.

Un jour, je testerai aussi des dosages d'alun selon la procédure indiquée par Mel Sweetnam, sur son blog Mammieschoolhouse
1/ pour les cellulosiques
2/ pour les protéiques

Procédés 1 à 14

  • 1: mordancé alun, puis bouillon eau de distribution Nivelles
  • 1a: mordancé fer (5%) puis bouillon eau de distribution Nivelles
  • 1b: pour tout sauf laine, trempage 24h dans le jus extrait, trempage à température ambiante plutôt que bouillon
    laine: wek sur étage supérieur, poêle du salon (30-40°C)
  • 1c: mordancé alun, bouillon eau de mer Nieuport (semi salée)
  • 1d: idem 1 mais bouillon d'extraction jusqu'à fort 80-90°C pendant 1 heure
  • 1e: idem mais ajout 1 cuill. s. de bicarbonate de soude ou de craie = 1eB et 1eC
  • 1f: mordancé cuivre (5%) puis bouillon eau de distribution Nivelles
  • 2 mordancé alun, bouillon eau déminéralisée
  • 2a:mordancé fer (5%) puis bouillon eau déminéralisée
  • 2b : idem 2, mais pour tout sauf laine, trempage 24h température ambiante
    laine: sur poêle salon
  • 3 pour laine: mordancé alun et crème de tartre 5%, bouillon eau distribution
  • 3a: idem 3 + post bain de fer
  • 4 pour laine mordancé alun et crème de tartre 5%, bouillon eau déminéralisée
  • 4a: idem 4 + post bain de fer
  • 5: non mordancé alun, et bouillon eau distribution
  • 5c non mordancé et, sauf pour laine, trempage 24h ambiant
    laine: wek sur étage supérieur, poêle du salon (30-40°C)
  • 5d non mordancé et bouillon eau déminéralisée
  • 6 extraction alcaline avec fibre mordancée, à froid, 24h
  • 6a idem 6 mais 48 heures
  • 6b idem 6 mais 72 heures
  • 7 extraction alcaline sans fibre, puis neutre puis teinture fibre mordancée, teinte au bouillon neutre
  • 7a idem mais sans revenir au neutre (pour coton et lin)
  • 8 extraction alcoolique 7 jours
  • 9 bain teinture de nr 1 -> acidifié pH 4 en fin de bain, pour laine et soie
  • 9a idem 9 non mordancé (équivalent de 5)
  • 10 bain teinture de nr 1 -> alcalinisé pH 10 en fin de bain, pour fibre cotonlin mordancée classique (pour cachou, campêche, avocat, etc.)
  • 10a idem 10 non mordancé
  • 11 post-bain indigo cuve 123
  • 11a idem 11 mais 3 trempages 5minutes
  • 12 laines et soies: monobain acide à la Garcia: pH 4 et 10% acide tannique PDF , eau distribution
  • 12a: idem 12 mais post bain 5%fer
  • 12b idem 12 mais à froid, càd température ambiante pour soie (laine: sur poêle pour 40°C minimum)
  • 12c idem 12, post-bain alcalin, sécher, puis laver
  • 12f: monobain acide en eau déminéralisée
  • 13a à d: dosages de 4 proportions = très basse, douce, moyenne, dense
    (voir détails pour chaque colorant ci-dessous). Procédé: 4 weks avec 1/2 litre d'eau + la dose de colorant choisie. Cuisson dans une grande casserole, comme pour stériliser.
  • 14:
  • 15 et suivantes: combinaisons de couleurs

Je peux ainsi évaluer: les valeurs en 13 pourront chacune subir les autres procédés: bouillon, froid, fer, etc. On aurait donc un campeche S13b/1b, bien plus clair à repérer que "soie en 15% campêche, mordancée, teinte à froid".

Si je cumule les 14 tests possibles avec mes 6 sources favorites, j'ai de quoi faire dans ma petite buanderie pendant les longues soirées d'hiver! Je ne reproduira bien sûr pas les 14 procédés avec chaque source. Gaude et campêche, par exemple, ne sont pas adaptés aux monobains acides. Je ne pratiquerai pas les 6 sources en simultané, j'en serais dégoûtée. Cela se fera sur plusieurs mois, j'imagine.

Il me reste à tester aussi le mûrier en mordançage tannique. Au potager, les deux pieds de mûriers à grosses mûres que j'ai plantés il y a 3 ans occupent 6 mètres de long sur 2 de large! Chaque hiver, je dois tailler ferme... Les sources indiquent que rubus suffruticosus est une bonne source de tanin: tiges et feuilles. Vu la saison, je testerai les tiges uniquement, je les intégrerai à 100% PDF.

Un exemple concret, avec mon stock: quelles proportions (point 13a à d)

J'aime le campêche depuis que je sais, grâce aux tests de Michel Garcia se basant sur les textes de Dambourney, qu'en adjoignant de l'écorce de bouleau dans le bain de teinture, on rend le ton plus solide à la lumière. Désormais (2024), il ajoute du cachou, plutot, plus condensé.
Campêche: 30% standard pour 1 à 12. Code 13: 5 15 30 50%.

Campêche: 20 à 40€ le kilo selon les sources, j'arrondis à 30€. 100g de fibres: 20% +- 0.6€.
L'extrait chez Green-ing coûte de 22 à 27€ les 100g, 1.5% pour ton moyen; 100g fibres = 1.5g = +-38centimes, double pour ton dense. Je reprends les prix extraits chez Green-ing dans toute la liste.

J'aime le cachou, va-t-en savoir pourquoi. Toujours en extrait. Dose standard du ton que j'aime, pour 1 à 12: 35%. Prix: 50€ le kilo. 100g fibres = 1.75€. Code 13 = 15 - 25 - 35 - 50%

J'aime beaucoup les tons cochenille. Malgré le prix d'achat, je vais continuer à les utiliser en teinture. J'ai testé l'extrait, qui est du pur acide carminique, mais je ne continuerai peut-être pas: on peut moins jouer avec le pH et les autres conditions, à ce que j'ai vu. Doses standard pour 1à 12: 10% vu le prix... Code 13: 3 - 8 - 15 - 25%. Je fais toujours trois extractions des cochenilles,, que je broye à l'omniblender, avant de teindre.

En extrait chez Green-ing, à 36-43€ les 100g, on teint de 0.5 à 2.5% pour des tons doux à denses. 100g de fibres: 0.5 à 2.5g d'extrait, 20c à 1€ de colorant.
En cochenille entière ou broyée, le prix avoisine les 130 à 200€ le kilo, j'arrondis à 150 parce que. On obtient de beaux tons denses et profonds à 20% de cochenilles, des pastels à 5%. Je calcule le prix sur 10%. 100g de fibres = 10g de cochenilles = 1.5€ (extrêmes: 0.75€ à 3 €).

Je ne trouve plus de gaude séchée sur le marché, j'ai fini le stock ... J'ai encore du bois jaune (alias fustet ou fustic en anglais; parfois "mûrier du teinturier" - ce n'est pas du fustet comme cotinus coggyria européen ). Code 13 = 15 - 35 - 50 - 100%

La gaude coûtait +- 25€ du kilo; on la dose de 20 à 50% -> 100g = 0.5 à 1.2€. Ce matin, trouvée à 45€ le kg chez https://www.mon-droguiste.com/gaude.html. Chez Green-ing, l'extrait coûte de 25 à 30€ les 100g. D'expérience, ton dense à 5%, pastel à 1%
-> 100g fibre = 25 centimes à 1.25€

NB. Pour mémoire, à la fameuse droguerie Le Lion à Bruxelles, que je viens d'appeler en 2023, ils suivent encore cachou, galles, indigo, garance, orcanette, curcuma (on oublie), santal, campêche, cochenille.

C'est rien de dire que j'aime la garance. J'utilise l'indienne et l'européenne, soit cordifolia et tinctorium, tons & procédés différents. Code 13 = 15 - 35 - 50 - 100%
Je l'achète chez Michel Garcia à 30€ le kilo; on dose de 35 à 100% -> 100g = 1 à 3€. L'extrait ordinaire chez Greening coûte +- 16€ les 100g. D'expérience, ton dense à 5%, pastel à 1% -> 100g fibre = 0.2 à 0.8€ - pour la garance forte, très rouge, à 35€/100g-> 0.3 à 1.75€ pour 100g de fibres teintes.

J'ai un attachement particulier aux tons changeants de l'orcanette (en monobain acide, pour laine et soie). On l'utilise à +- 80-100% PDF . Elle coûte en moyenne 25€ le kilo, pas d'extrait en vue. Elle coûtera cher au final, soit 100g de fibre = 2 à 2.5€. Comme j'aime, je ne compte pas...
Code 13 = 20 - 50 - 70 - 100%

J'ai une source infinie de roseaux des marais et de tanaisie, les premiers au bord de l'Yser à Nieuport; les seconds au potager, où ils prospèrent comme une envahissante. Gratuits, sauf ma main d'oeuvre.

Le reste des produits est du détail, l'emploi dépend des cadeaux ou de la vitesse du vent.

J'aime particulièrement le ton vert jaune des baies de nerprun. Trouvé à 55€ le kilo chez https://www.mon-droguiste.com/baies-nerprun-mures.html.

J'ai encore un sachet de rocou qui doit dater de 2000. Sera encore efficace? Trouvé du rocou chez KremerPigmente, à +-40€ le kilo

J'ai reçu un sachet de 500g de santal, que je testerai à l'alcool, ou plus exactement en hydroalcoolique. L'éthanol au Brico coûte 7.5€ le litre, on réfléchit à deux fois. On compte 150ml d'alcool par 25g de bois. Diluer d'eau me semble plus sage, je testerai en deux pots séparés. Au passage ne pas essayer à l'alcool isopropylique, qui extrait moins bien selon les tests de ? Sandra Rude? chais plus.

Il me reste de l'hibiscus, achat idiot puisque cette teinture est fugitive.

Il reste 100g de carthame, à tester selon méthode classique lavage/acide/base.




 

retour aux archives